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Le saint frère André de Montréal

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 28 mars 2022 - Modifié le 28 mars 2022

Beaucoup de saints dans l’histoire de l’Église ont eu une grande dévotion à saint Joseph. Par exemple, sainte Thérèse d’Avila.

Elle a un jour affirmé : « Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé, jusqu'à ce jour, qu'il ne me l’ait accordé. »

St AndréSt André

Il y a un saint plus proche de nous qui a eu une confiance aveugle en saint Joseph et qui a touché beaucoup de personnes : c’est le frère André Bessette, frère de la Congrégation de Sainte Croix à Montréal au Canada. Il est fêté le 7 janvier. Je vais vous raconter son histoire.

 

Orphelin à 12 ans et famille de substitution

 

Alfred Bessette (Alfred est ne nom de baptême de frère André) est né au Canada le 9 août 1845 dans un village appelé Saint Grégoire le Grand, à 40 km de Montréal.


Le petit Alfred a une santé fragile. Il est le huitième enfant d’une série de 13. Son père, bucheron, décède dans un accident en forêt en 1855. Sa maman meurt à son tour de tuberculose en 1857. Le petit Alfred se retrouve donc orphelin de père et de mère à 12 ans.

C’est à cet âge qu’il fait sa première communion. Le petit Alfred commence aussi une relation privilégiée avec saint Joseph. Il a perdu son père terrestre, il s’appuie désormais sur saint Joseph qui devient son compagnon, son confident, son consolateur dans toutes les épreuves qu’il traverse. Toute sa vie, Alfred va s’appuyer inconditionnellement sur le père nourricier de Jésus et obtenir de lui protection, consolation et guérison.


Entre temps, Alfred est recueilli par des membres de la famille. Son instruction est rudimentaire. Il sait à peine lire et écrire son nom, mais il sait prier. Il est de petite taille : 1,52 m ; il ne digère rien. Malgré cela, il mortifie son corps avec une ceinture munie de pointes de fer. Il commence à travailler en faisant différents petits métiers. Il émigre même aux États-Unis entre 1863 et 67 pour travailler dans les filatures de coton. Là, il apprend l’anglais.

 

Frère André, portier de la Congrégation


En novembre 1870, grâce à l’aide de son curé, Alfred entre dans la Congrégation de Sainte Croix où il devient frère André. Il reçoit la charge de portier du collège Notre Dame. Frère André le commente avec humour en disant : 

 

À peine étais-je entré dans la congrégation qu’on m’a indiqué la porte ! 

 

Frère André va exercer la fonction de portier jusqu’en 1909, soit pendant 35 ans. C’est là qu’il va devenir célèbre et attirer les foules.


En tant que portier du collège, frère André est chargé de différents services : l’accueil des personnes, la propreté des lieux, les courses, l’aumône aux pauvres. Il est en plus barbier, infirmier des collégiens et homme à tout faire. Son travail lui laisse de larges plages où il peu prier à sa guise, seul, en communauté ou même avec des visiteurs.

 

Des évènements étonnants...

 

L’humble frère André se met donc au travail à la porterie du collège. Rien n’attire l’attention des gens sur cet homme simple, serviable qui fait son travail de son mieux. Mais bientôt, des événements étonnants commencent.
Le premier se passe à l’intérieur de la communauté des frères. C’est la guérison du père Aldéric, procureur du collège, qui souffre d’une blessure à la jambe. Peu de temps après, c’est un élève qui est malade avec une très forte fièvre. Frère André vient le voir à l’infirmerie et lui dit :

Tu peux sortir, tu es guéri ! 

 

Le jeune garçon n’attend que cela pour sortir s’amuser avec ses camarades. Les surveillants s’émeuvent et sermonnent le garçon. « Le docteur t’as dit de rester à l’infirmerie. Tu es malade. » « C’est frère André qui m’a dit de sortir. » On convoque le frère qui explique que le jeune n’est plus malade. Finalement, le médecin est appelé et exprime son étonnement : oui, le jeune garçon est guéri, mais comment ? Il n’en sait rien.


Vient ensuite une épidémie de petite vérole. Une vraie catastrophe. L’infirmerie est pleine de malades. Le frère André supplie saint Joseph d’intervenir. Tous les malades guérissent et l’épidémie est stoppée.
Un jour, un homme arrive au collège et est accueilli par frère André. Cet homme est revêche et manifeste sa mauvaise humeur. En fait, sa femme est gravement malade. Frère André lui affirme qu’elle va mieux. L’homme s’en va en se disant : « On dit que frère André est fou. C’est vraiment vrai ! » Quand il arrive chez lui, sa femme vient à sa rencontre complètement guérie. L’homme est bouleversé. Il interroge son épouse : « Qu’est-ce qui s’est passé ? À quelle heure ? » Sa femme lui répond : « J’étais au lit et j’ai entendu une voix qui disait : “Lève-toi, tu es guérie.” Je me suis levée. » Le mari découvre que sa femme s’est levée au moment même où frère André lui disait « À l’heure qu’il est, elle va mieux. » Ce miracle fait grand bruit dans le quartier. Les gens affluent dans la loge du pauvre frère André. Il y a beaucoup de guérisons et de conversions.

 

La colline de Saint Joseph

 

Frère André continue son travail comme si de rien n’était.
Maintenant, c’est une procession incessante de personnes qui viennent au collège demander la prière du frère André. Son supérieur est très ennuyé. Ces visites incessantes perturbent la vie du collège et le service du brave frère André. Il lui interdit donc de recevoir des gens à la porterie du collège. Il accepte simplement que frère André reçoive ses visiteurs dans une vieille grange en face du collège, près de l’arrêt du tram. Il l’autorise d’y être une heure par jour. Les guérisons se multiplient. Le frère distribue des médailles de saint Joseph. Il donne aussi de l’huile de la lampe qui est allumée dans la chapelle du collège devant la statue du saint. Avec ces moyens tout simples, il obtient de miracles, parfois même à distance sans avoir vu le malade. Évidemment, il les attribue à saint Joseph et pas à sa propre intercession.
En face du collège Notre Dame, il y a une forêt qui couvre une colline : le Mont Royal. Frère André entretient un rêve depuis longtemps : faire de cette colline un grand sanctuaire dédié à saint Joseph.


À partir de 1890, frère André escalade souvent la colline pour aller prier

 

Il commence par y cacher une médaille de saint Joseph. Peu à peu, d’autres personnes l’accompagnent au sommet pour prier. Ses confrères se laissent peu à peu convaincre d’acheter le terrain à condition que les frais ne reposent pas sur la congrégation. Ce n’est pas un problème : frère André trouve une quantité de donateurs parmi les personnes qui viennent recourir à sa prière. Finalement, le 22 juillet 1896, le terrain est acheté. Les supérieurs du frère André ont fini par se laisser gagner par la sincérité, la simplicité et la conviction du frère qui, pour expliquer son désir d’édifier une chapelle, ne s'est réclamé d'aucun miracle ni d'aucune vision, mais seulement de sa dévotion à saint Joseph.
En 1909, frère André est libéré de sa tâche de portier du collège. Il devient le gardien de la chapelle de saint Joseph sur le Mont Royal.

 

En 1913, un projet de basilique voit le jour

 

Elle porte aussi le nom d’oratoire saint Joseph du Mont Royal. En 1936, elle est prête à recevoir sa coupole. Mais fin 1936, frère André se sent mal. Il meurt le mercredi le 6 janvier 1937 juste avant minuit à 91 ans.
Frère André est béatifié en 1982 par Jean-Paul II et canonisé en 2010 par Benoît XVI.

 

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