Le lien à la terre dans le judaïsme
Au-delà des considérations politiques, quel est le lien du peuple juif avec la terre, et en particulier la terre d'Israël ?
Unsplash - Benjamin Grull - Jérusalem, IsraëlPour le peuple juif, le lien à la Terre est constitutif de l'Alliance. Dans la foi chrétienne, on ne trouve pas d'attachement particulier à une terre autre que celle d'Israël pour ce qui est de la prière. Le chrétien vit sa foi où il se trouve. Le peuple juif, quant à lui, est profondément attaché à Israël à la fois par l'histoire biblique, et par un lien spirituel. Ce lien est concret, véhiculé par les prières et les célébrations. La relation à la terre est bénie de façon quotidienne, notamment par la prière de la Amida.
La terre sainte
Le territoire d'Israël est saint. Jésus a parcouru cette Terre, il est le Fils de Dieu, aussi, il confère une dimension de sainteté à Israël et à Jérusalem, ville choisie par Dieu. C'est un lieu de révélation de la sainteté, une terre de paix, ce qui lui donne une densité, une intensité toutes particulières.
Moshe Lewin rappelle la triple présence de la sainteté dans le judaïsme : sainteté du temps, sainteté du lieu, sainteté de l'Homme. Avant de rentrer dans le temple, il fallait se purifier, l'objectif étant de faire tendre l'Homme vers la sainteté.
La terre n'appartient pas à ceux qui peuvent en jouir
La terre appartient à Dieu
L'agriculture tient une place importante. Plusieurs commandements y sont directement liés. Par exemple, la shemitah, qui demande une mise en jachère de la terre tous les 7 ans durant une année. N'importe qui, durant cette période, peut venir s'y servir en fruits, les consommer. La terre ne doit pas souffrir d'une surproduction qui pourrait l'affaiblir.
Une autre tradition, celle des Bikkourim, marque également la notion de "don" de la terre. Les premiers fruits de la récolte, entourés de rouge, devaient être portés au Temple. Ainsi, on réduisait l'orgueil du producteur, fier de ses fruits, en lui rappelant que si Dieu n'avait pas lui-même participé à la croissance de ces beaux fruits, ces derniers ne seraient pas ce qu'ils sont.
Louis-Marie Coudray insiste ainsi sur le fait de remercier Dieu de tout ce qu'il nous donne. La terre n'est pas notre propriété et nous nous devons de respecter son rythme. La responsabilité de l'Homme est de faire fructifier la terre, sans pour autant l'abîmer. L'Homme pourrait être tenté d'entrer dans une jouissance inconsidérée : la tradition juive et biblique nous invite à l'attitude inverse, à recevoir les ressources, comme un don divin.
Jérusalem, la ville sainte
Jérusalem, dans la tradition, est la ville où tout a été créé. Cependant, elle n'est pas sainte que pour le judaïsme, elle porte en elle une dimension universelle. Jérusalem doit donner de la lumière à toutes les nations.


Comment comprendre les rites, les fêtes qui rythment le calendrier hébraïque ? Comment lire la Bible à la lumière de la tradition juive ? Qu’apporte la lecture du Talmud ou les textes de Maïmonide à un croyant juif... ? Chaque semaine, dans un dialogue avec un fin connaisseur du monde juif, Odile Riffaud nous fait entrer dans la richesse de cette tradition religieuse qui est à la racine du christianisme et de l’islam.
