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Julie Billiart, une sainte franco-belge ?

Julie Billiart, une sainte franco-belge ?

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 2 mai 2023 - Modifié le 2 mai 2023

Malgré une paralysie qui a duré 22 ans, Julie a fondé des écoles pour jeunes filles avant d'être guérie miraculeusement.

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Quand j’ai vu apparaître le nom de sainte Julie Billiart dans le calendrier romain, je me suis dit : « Je connais ce nom. Il me semble que c’est une sainte bien belge. Elle est très connue à Namur. » J’ai donc décidé de vous en parler car il faut bien, de temps en temps, que je manifeste ma belgitude ! J’ai donc commencé des recherches sur cette sainte namuroise… et j’ai découvert qu’en fait, elle était française ! Je vais donc vous parler aujourd’hui d’une sainte franco-belge : née en France et morte à Namur où elle a fondé les Sœurs de Notre Dame de Namur, une congrégation enseignante qui existe encore aujourd’hui. Elle a vécu pendant la révolution française, elle a survécu à la Terreur, elle a été paralysée pendant 22 ans, elle a été guérie miraculeusement… Une nouvelle fois, c’est une sainte hors du commun !

 

 

Une enfance éprouvante

 

 

Julie Billiart est nĂ©e le 12 juillet 1751 Ă  Cuvilly, un petit village au nord de Compiègne. Ses parents Jean-François Billiart et Marie Debraine ont 9 enfants. Quatre meurent en bas âge et deux Ă  l’adolescence. Julie est la septième. Ă€ l’âge de 7 ans, Julie connaĂ®t dĂ©jĂ  con catĂ©chisme par cĹ“ur. Elle rĂ©unit d’autres enfants pour le leur apprendre. Au niveau scolaire, la formation de cette future Ă©ducatrice est rudimentaire Ă  l’école de village. Elle est très attirĂ©e par le Seigneur et fait un vĹ“u privĂ© de chastetĂ© Ă  14 ans. Ă€ partir de l’âge de 23 ans, Julie traverse une longue Ă©preuve de santĂ©. Suite Ă  une Ă©pidĂ©mie, le mĂ©decin du village lui fait de nombreuses saignĂ©es et provoque une paralysie des membres infĂ©rieurs. DĂ©sormais, Julie est bloquĂ©e dans son lit oĂą elle reçoit la communion quotidienne et prie intensĂ©ment.

 

 

Une révélation extraordinaire

 

 

Pendant la Révolution française, Julie défend les prêtres non conventionnés. Elle soutient la fidélité des villageois à la foi catholique. À cause de cela, pour échapper aux révolutionnaires, elle est obligée de s’enfuir. Elle part d’abord pour Compiègne, en avril 1792. Là sa santé se dégrade encore. Elle perd même la parole ou, en tout cas, elle parle de plus en plus difficilement. Elle s’offre à Dieu en victime pour sauver la France et les chrétiens.

 

 

Ă€ Compiègne, en 1793, se dĂ©roule ce qu’on a appelĂ© « la vision de Compiègne ». Julie a Ă©tĂ© très discrète sur cet Ă©vĂ©nement, mais on a pu reconstituer ce qui s’est passĂ© grâce aux quelques tĂ©moignages de sĹ“urs Ă  qui Julie s’est confiĂ©e en passant. Au cours d’une extase, Julie voit JĂ©sus en croix sur le Calvaire. Autour de lui, il y a un grand nombre de femmes qui portent un costume religieux inconnu. Julie a le temps de fixer dans sa mĂ©moire certains des visages de ces femmes. Puis, JĂ©sus lui annonce sa vocation de fondatrice : « Ce sont les Filles que je te donne dans l’Institut qui sera marquĂ© de ma croix. Ces religieuses seront tes enfants. » En mĂŞme temps, Julie comprend tout ce qu’elle devra endurer Ă  Amiens comme souffrances et persĂ©cutions dans la future fondation. Plusieurs fois, dans la suite de sa vie, Julie dira Ă  une postulante : « Je vous ai vu Ă  Compiègne. ». Personne n’ose l’interroger sur le sens de cette phrase, mais on en a compris le sens après la mort de la mère fondatrice : elle reconnaissait des personnes qu’elle avait vues dans sa vision autour de la croix.
 

 

L'amitiĂ© pour fonder 

 

 

BientĂ´t, la situation devient dangereuse pour Julie Ă  Compiègne. Elle est obligĂ©e de se rĂ©fugier Ă  Amiens en 1794. Elle y part avec apprĂ©hension car elle sait qu’elle va souffrir dans cette ville. LĂ , elle rencontre celle qui va devenir sa grande amie et qui sera la cofondatrice de son institut : Françoise Blin de Bourdon, une jeune aristocrate qui a Ă©chappĂ© Ă  la Terreur. Au moment de la rencontre, Julie a 43 ans et Françoise 38 ans. C’est le dĂ©but d’une relation qui est un des plus beaux exemples d’amitiĂ© spirituelle entre deux femmes. Tout les oppose : Julie paysanne sans grande instruction, Françoise de haute naissance et très instruite ; Julie extravertie, joyeuse, prompte Ă  prendre des dĂ©cisions, Françoise rĂ©servĂ©e, introvertie.

 

 

Et pourtant, leur amitiĂ© va ĂŞtre le socle sur lequel Dieu va construire le nouvel institut. En 1803, aidĂ©e par le supĂ©rieur des Pères de la foi, le père Joseph Varin, Julie, toujours paralysĂ©e, et Françoise Blin proposent Ă  l’évĂŞque d’Amiens la crĂ©ation d’un institut appelĂ© « SĹ“urs de Notre-Dame », avec pour objet principal le salut des enfants pauvres. Julie et Françoise se consacrent Ă  Dieu par le vĹ“u de chastetĂ©. Elles s’engagent Ă  travailler de toutes leurs forces Ă  l’instruction religieuse des jeunes filles.  Elles se proposent aussi de former des maĂ®tresses d’école qui iraient lĂ  oĂą elles seraient demandĂ©es. Plusieurs jeunes femmes se regroupent pour assister les deux fondatrices. On commence par l’accueil de huit orphelines. Finalement, la fondation est officiellement créée le 2 fĂ©vrier 1804 Ă  Amiens.

 

 

La guĂ©rison miraculeuse 
 

 

Ce n’est pas simple pour Julie de se consacrer Ă  cette fondation alors qu’elle est paralysĂ©e des jambes depuis 22 ans. Dieu va passer par un prĂŞtre, père de la Foi, pour apporter la guĂ©rison. Ce père s’appelle le père Enfantin. C’est un prĂŞtre plein de zèle et de foi. Il utilise un subterfuge. Il propose Ă  Julie de faire une neuvaine au SacrĂ© CĹ“ur pour une personne très malade. Il ne dit pas Ă  Julie que cette neuvaine est en fait pour obtenir sa guĂ©rison. Le cinquième jour de la neuvaine, le 1er juin 1804, Julie guĂ©rit miraculeusement d’une manière très originale. Le père Enfantin la trouve assise dans le jardin et il lui dit : "Si vous avez la foi, faites un pas en l’honneur du CĹ“ur de JĂ©sus". Julie se lève et avance un pied devant l’autre ; ce qu’elle n’avait pas fait depuis vingt-deux ans. "Faites encore un", lui dit-il.  Elle le fait. Encore un. Et Julie se remet Ă  marcher. Elle est guĂ©rie ! Dans les 12 dernières annĂ©es de sa vie, elle va faire 120 voyages ! L’annĂ©e qui suit sa guĂ©rison, le 15 octobre 1805, Julie et Françoise prononcent leurs vĹ“ux de religion dans l’institut des sĹ“urs de Notre Dame. Françoise Blin de Bourdon devient sĹ“ur Saint-Joseph et apporte toute sa richesse Ă  la jeune congrĂ©gation. Le lendemain, Mère Julie est Ă©lue supĂ©rieure gĂ©nĂ©rale.

 

 

Une croissance Ă  Namur

 

 

La jeune congrĂ©gation grandit rapidement. Un conflit Ă©clate avec le supĂ©rieur de la congrĂ©gation, un certain abbĂ© de Sambucy, qui convainc l’évĂŞque d’Amiens de chasser Julie. Mais le Seigneur a prĂ©parĂ© la route. En effet, dĂ©jĂ  en mars 1808, Julie confie : « Je sens quelque chose pour Namur qui touche de bien près mon cĹ“ur. » Pourquoi Namur ? Parce que l’évĂŞque de Namur, Mgr Pisani de la Gaude, se montre très encourageant vis-Ă -vis de la jeune congrĂ©gation et ouvert Ă  son expansion hors de son diocèse. Depuis 1807, il accueille une petite Ă©cole des SĹ“urs de Notre-Dame, Ă©tablie rue du SĂ©minaire. Puis les sĹ“urs achètent une maison plus grande, grâce Ă  la fortune de Françoise Blin. Cette maison devient la maison mère des sĹ“urs de Notre Dame qui deviennent ainsi les sĹ“urs de Notre Dame de Namur. C’est lĂ  que mère Julie va s’installer lorsqu’elle est obligĂ©e de quitter Amiens. 

 

 

Jusqu’à sa mort Ă  Namur, le 8 avril 1816, Julie se donne sans compter dans son Ĺ“uvre d’éducation. Après sa mort, c’est sĹ“ur Saint-Joseph, Françoise Blin, la fidèle amie de toujours, qui est Ă©lue deuxième supĂ©rieure de l’institut jusqu’à la fin de sa vie en 1838. Sainte Julie Billiart est une fondatrice qui a compris le sens de la souffrance. Elle a vĂ©cu le handicap de la maladie pendant 22 annĂ©es. Mais ce handicap ne l’a jamais empĂŞchĂ©e de tout faire pour servir et annoncer le Bon Dieu. Et c’est au milieu de ses souffrances qu’elle a reçu la rĂ©vĂ©lation de l’œuvre que le Seigneur allait rĂ©aliser par son intermĂ©diaire. Elle rĂ©pĂ©tait sans cesse : « Confiance, amour, abandon total entre les mains du bon Dieu : voilĂ  notre force, notre soutien ! » « Ah ! qu’il est bon le Bon Dieu ! »
 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints
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