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Jean de Matha
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Jean de Matha

Un article rédigé par Jean Luc Moens - 1RCF Belgique, le 26 février 2024  -  Modifié le 28 février 2024

Le 17 décembre, l’Église fait mémoire de saint Jean de Matha. Il a été le co-fondateur de l’ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs, appelés aussi Trinitaires. Il est indissociable de saint Félix de Valois, qui est l’autre co-fondateur, et qui est fêté le 4 novembre. Je me permets de vous raconter leur histoire à tous les deux en ce jour où on commémore Jean de Matha. C’est pour moi l’occasion d’insister une nouvelle fois sur l’importance de l’appel communautaire à la sainteté. Jean et Félix ont répondu chacun personnellement mais aussi à deux à l’appel de Dieu sur eux, et se soutenant l’un l’autre, ils ont marqué l’histoire de l’Église et du monde. Nous aussi, ne restons jamais seuls dans notre cheminement vers la sainteté !

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Remarqué par Sully : 

Appelé aussi Jean le Provençal, est né le 23 juin 1160 à Faucon-de-Barcelonnette en Provence. Son père est Euphème de Matha est catalan et seigneur de la terre de Faucon qu’il a reçue de Raymond Bérenger le jeune, comte de Barcelone et de Provence. La famille Matha s’installe à Marseille pour favoriser les études de leur fils Jean. Sa maman initie celui-ci à la compassion et au service des pauvres. Jean continue ses études à Aix-en-Provence puis à Paris où il est remarqué par Maurice de Sully, évêque de Paris, qui l’encourage à embrasser la vocation sacerdotale.

Jean de Matha est ordonné prêtre et célèbre sa première messe dans la chapelle de l’évêque le 28 janvier 1193. Au cours de cette célébration, à la consécration, Jean a une vision qui va orienter toute sa vie. Il voit un ange habillé de blanc avec une croix rouge et bleue sur sa poitrine. Il est entouré de deux prisonniers, l’un blanc et l’autre maure. Il décrit lui-même la vision par ses paroles : 

J’ai vu un ange tout blanc, avec un vêtement brillant, portant sur la poitrine une croix de couleur rouge et bleue ; ses bras se croisaient, et il présentait les mains à deux captifs, l’un Chrétien et l’autre Maure ; ils étaient à ses pieds dans la posture de suppliants 

À l’époque, les maures sont les musulmans d’Afrique du Nord. Profondément marqué par cette vision, Jean cherche un saint conseillé. Il va retrouver un ermite qui jouit d’une réputation de sainteté dans la forêt proche de Brumetz à 80 km au nord-est de Paris qui n'est autre que Félix de Valois.

Une amitié capétienne : 

Félix est un personnage dont on sait peu de chose, mais on est sûr qu’il a bien existé. Il serait de famille royale, de la lignée des capétiens, peut-être le petits-fils de Louis VII. Son prénom de baptême est Hugues. Il devient cistercien et prend le nom de Félix. Il connaît saint Bernard de Clairvaux, et peut-être pour cette raison, s’engage dans la deuxième croisade que Bernard a prêchée. À son retour, il décide un changement radical de vie : il devient ermite et s'installe dans la forêt de Cerfroid. Peu à peu, il acquiert une réputation de sainteté et de plus en plus de personnes viennent lui demander des conseils.

Jean de Matha arrive donc chez Félix de Valois pour demander conseil le lendemain de sa première messe. Il cherche à comprendre le sens de sa vision. Il vit trois années avec cet ermite. D’autres hommes se joignent à eux. Jean et Félix ont une seconde vision. Il voient un cerf blanc venir se désaltérer à une source de la forêt. Il porte la même croix rouge et bleue que celle de la première vision. Mais cette fois, la croix est sur le front de l’animal. Ne vous étonnez pas de cette vision. Il semble que Dieu aime bien utiliser des cerfs pour y planter sa croix ! En effet, d’autres saints ont eu des visions semblables. Ce fut, par exemple, le cas de saint Eustache dans les environs de Rome ou de saint Hubert dans les forêts d’Ardenne.

Jean de Matha et Félix de Valois partent alors à Rome pour rencontrer le pape Innocent III. Jean connaît le pape parce qu’il a étudié comme lui à Paris. Ils lui parlent des visions et ils en discernent ensemble le sens. Ils comprennent que le Seigneur demande la fondation d’un ordre consacré au rachat des esclaves de toute race, victimes des razzias que les sarrasins opèrent sur les côtes de la Méditerranée. Dans la vision, le blanc représente les chrétiens et le maure les musulmans esclaves des sarrasins. C’est le début de l’ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs, ou Trinitaires qui est définitivement approuvé à Rome par le pape Innocent III en 1198.

Le premier monastère de l’ordre est alors construit à Cerfroid dans la forêt où réside Félix de Valois, à l’endroit où il a vu le cerf blanc avec la croix sur le front. Plus tard, sous l’impulsion de Félix, plusieurs autres seront construits dont celui de Paris à côté de l’église saint Mathurin, ce qui vaudra aux Trinitaires français d’être appelés les Mathurins.

Rester ou partir ?

Alors que Félix reste en France pour gouverner l’ordre naissant, Jean voyage inlassablement dans toute l’Europe pour récolter de l’argent afin de délivrer les esclaves. On estime qu’entre l’époque de leur fondation et 1789, les Trinitaires ont libéré plus de 600.000 personnes. Jean de Matha rencontre beaucoup de difficultés dans ses négociations avec les esclavagistes. Il caresse le désir d’être martyr.

Si je n’ai pas le bonheur d’être martyr, dit-il souvent, puissé-je au moins rester chez les barbares, comme esclave, pour mes frères !

 Plusieurs miracles lui sont attribué. Par exemple, un jour à Tunis, il veut ramener en Europe le groupe d’hommes qu’il a racheté de l’esclavage. Les gens s’y opposent. Jean de Matha se tourne vers la Vierge Marie et la prie. Puis, il monte sur le bateau avec ses esclaves libérés, il étend son manteau comme une voile et le vent les ramène en 2 jours à Ostie, sans voiles, sans gouvernail, sans rames.

Félix de Valois meurt dans le monastère de Cerfroid le 4 novembre 1212 à l’âge de 85 ans. Jean de Matha, épuisé par les privations et les fatigues, meurt à Rome le 17 décembre 1213 à l’âge de 53 ans.

L’histoire des saints Jean de Matha et Félix de Valois est une belle illustration de la sollicitude de Dieu pour les hommes. C’est Dieu en effet qui a pris l’initiative d’appeler ces deux hommes à secourir les esclaves par différentes visions. Il a fallu ensuite la fidélité, le courage et l’abnégation de ces deux hommes pour mettre en place l’œuvre que Dieu demandait et sauver des centaines de milliers d’hommes. Les saints sont des personnes qui comprennent l’appel de Dieu sur eux et qui se donnent sans compter pour collaborer à la grâce de Dieu afin que sa volonté soit faite… sur la terre comme au ciel !

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints

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