Envoyé à vie au Japon, par les Missions étrangères de Paris, le père François-Xavier Haure est tombé amoureux d'Otaru et de sa région. Il est le curé des deux églises catholiques de la ville, située entre mer et montagne dans le nord du Japon, sur l'île d'HokkaidÅ. Une paroisse dont les fidèles sont pour la plupart âgés, dans un pays où le christianisme est toujours perçu comme une religion étrangère.
Au Japon, on parle beaucoup du vieillissement de la population. Sa moyenne d'âge est parmi les plus élevées au monde. Pour le p. Haure, si les Japonais ont peu d'enfants ce n'est pas seulement pour des raisons économiques, mais aussi pour des raisons d'ordre culturelle. "La société est très prenante, elle coupe un peu la liberté, s'engage un peu trop à la place des gens eux-mêmes." Ce pourquoi "les Japonais n'ont pas le temps d'avoir des enfants", explique-t-il.
©Thierry Lyonnet / RCF - La population japonaise est une population vieillissante
Si les fidèles catholiques du Japon sont pour la plupart âgés, ce n'est pas seulement lié au phénomène général de vieillissement de la population. "Il est pour un Japonais difficile de se convertir au christianisme, explique Régis Anouilh, que ce soit sous la forme protestante ou catholique." Selon l'ancien directeur de la revue Églises d'Asie, "se convertir à une religion qui est toujours perçue comme étrangère à la culture japonaise c'est quelque part sortir de sa culture, de sa nipponité, de son cercle de relations sociales". Et pour lui ce n'est pas un hasard si les fidèles catholiques japonais sont surtout des femmes : elles sont "plus libres, parce que moins investies dans la vie sociale et professionnelle".
Par ailleurs, on dit souvent de la langue japonaise qu'elle n'est pas adaptée pour transmettre le message chrétien. "Les notions de pardon, d'amour, selon l'Évangile, n'existent pas ou peu dans la langue elle-même", explique le Père Haure. Dans un pays où l'une des règles fondamentales est de ne pas ennuyer ou gêner son voisin, les missionnaires apportent un message radicalement nouveau. "Le Christ nous demande d'aimer de manière positive, le but n'est pas d'ennuyer notre prochain mais de s'offrir, de se donner pour qu'il vive, ce qui est nouveau."
©Thierry Lyonnet / RCF
Depuis plus de 350 ans les prêtres des Missions étrangères de Paris (MEP) œuvrent au développement et à l'accompagnement des communautés catholiques d'Asie. Une histoire riche, dense, passionnante, parfois tragique, les MEP comptent plusieurs martyrs - que l'on peut découvrir sur le site internet des archives des MEP. Mais aussi des siècles de rencontre interculturelle et de redécouverte de la foi chrétienne au contact des populations asiatiques.
Chine, Japon, Cambodge, Corée du Sud, Viet Nam, Thaïlande, mais aussi Malaisie, Inde ou encore Madagascar. Au contact des peuples, les missionnaires ont développé la notion d'inculturation, qui commence par l'apprentissage de la langue et peu à peu la découverte des usages et de la culture. Une présence chrétienne et un accompagnement au quotidien par des prêtres envoyés à vie au service de ces communautés locales, une mission d'apostolat par la prière et les liens d'amitié.
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