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Dialogue entre un évêque et une sexologue

RCF,  -  Modifié le 27 juin 2021
Le Temps de le dire Dialogue entre un évêque et une sexologue
Un dialogue entre une sexologue et un évêque, c'est assez inédit pour qu'on en parle. Mgr Emmanuel Gobilliard et Thérèse Hargot publient un livre sur la vision chrétienne de la sexualité.
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"Beaucoup vont se dire : encore un prêtre qui va nous dire ce que l'on doit faire ou pas dans sa chambre à coucher...Mgr Emmanuel Gobilliard et la sexologue Thérèse Hargot publient avec Arthur Herlin le livre d'entretiens "Aime et ce que tu veux, fais-le !" (éd. Albin Michel). C'est en septembre 2017, lors d'un séminaire organisé à Rome en vue du synode des jeunes qu'est née l'idée de ce dialogue inédit entre une sexologue et un évêque. Car lors de ce séminaire, on a parlé de l'engagement, de la politique... Mais pas de vie affective et sexuelle. Or s'il y a bien un sujet qui préoccupent les jeunes - et sur lequel l'Église a des choses à dire - c'est bien la sexualité. 
 

"La nouvelle génération pense que c'est possible de déconnecter le corps et le cœur, de se donner physiquement mais sans s'engager affectivement"

 

SYNODE | En 2018, l'Église donne la parole aux jeunes - Du 3 au 28 octobre 2018, un synode des évêques se déroulera à Rome sur le thème: "Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel". Pour éveiller l'intérêt des jeunes et sonder leurs attentes, RCF fait un tour de France des mouvements, aumôneries et associations en lien avec la jeunesse. Chaque mois, l'émission QUITTE TON CANAP' leur donne la parole, ainsi qu'à leurs évêques et aux responsables des pastorales des jeunes dans les diocèses.
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ÉGLISE ET SEXUALITÉ, Y A-T-IL UN PROBLÈME?

Des "idées restrictives" aux enseignements "culpabilisants", Thérèse Hargot note que "la majorité des chrétiens en ont ras-le bol des discours de l'Église sur ces sujets-là". La sexologue note même une "colère" chez certains patients qu'elle reçoit en consultation : "On n'a pas envie qu'on nous fasse la morale."

De fait, la sexualité vue par les catholiques a été "tellement été caricaturée", admet Mgr Emmanuel Gobilliard, que pour lui, "il est temps d'apaiser le dialogue". L'image d'une Église castratrice sur un sujet tabou est liée, il le rappelle, au manichéisme et au jansénisme, des courants de pensée qui ont opposent radicalement corps et esprit. "Le vrai changement", pour l'évêque auxiliaire de Lyon, s'est fait avec Jean Paul II, qui a clairement énoncé une unité de l'âme et du corps. "La théologie du corps vraiment changé les choses dans l'Église."

Il faut l'admettre des "maladresses" de la part du clergé en ont "blessé" plus d'un, comme le rappelle Thérèse Hargot - ce qu'admet Mgr Gobilliard : "Des maladresses, il y en a toujours et il y en aura encore... faut pas rêver." Aujourd'hui cependant, la sexualité, on en parle beaucoup plus qu'avant, dans les séminaires et auprès des jeunes prêtres. Et paradoxalement, "les réticences à faire évoluer le discours de l'Église ont les trouve davantage chez les laïcs que chez les prêtres et les évêques", remarque Mgr Gobilliard. 

 


ÉCOUTER â–º Sexualité: sortir du permis / défendu


 

Déconnecter le corps et les sentiments, L'influence de la pornographie

"La nouvelle génération pense que c'est possible de déconnecter le corps et le cœur, de se donner physiquement mais sans s'engager affectivement", décrit Thérèse Hargot, auteure en 2016 de l'ouvrage "Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque)". Cette perception de la sexualité qui est "extrêmement présente chez les jeunes", précise la sexologue, est "véhiculée par l'industrie pornographique". Or "c'est une illusion, c'est une idéologie... Le corps, le cœur et l'esprit son étroitement liés".

Dans notre société on a tendance à "survaloriser la sexualité comme génitalité". Pour Mgr Gobilliard, "on a tellement misé sur la sexualité, on a tellement dit que c'était le grand bonheur, que, évidemment, la plupart de nos contemporains qui ont mis toutes leurs espérances dans la sexualité en sont déçus." Sans pour autant tomber dans l'excès inverse. Il ne s'agit en aucun cas de l'associer à la dépravation ! "Nous sommes des êtres complexes, la sexualité peut être blessée, peut être le lieu de manipulations et aussi de grandes réalisations." 

 



 

Sexualité, ce qu'En dit l'Église

"On n'est pas des anges, on n'est pas non plus des bêtes." Le discours de l'Église sur la sexualité est d'abord de dire que la sexualité ne se réduit pas aux relations sexuelles.  "Elle touche toutes les dimensions de notre personne, elle révèle quelque chose de notre identité", explique Thérèse Hargot. Chacun - quel que soit son état de vie - est invité, nous dit Mgr Gobilliard, à "accueillir les réactions de son corps, sentiments, pulsions, et à les intégrer, les éduquer..." 

Dans la conception chrétienne, la finalité de la sexualité c'est la rencontre avec l'autre. "Je vis pleinement femme, pleinement homme quand je suis dans cette altérité, quand je suis dans ce don aux autres, dans la rencontre, dans la relation, qui soit féconde, qui donne du fruit." Ce que veulent montrer les auteurs de ""Aime et ce que tu veux, fais-le !", c'est aussi que la sexualité ne se limite pas à la vie de couple, elle concerne aussi les célibataires. "Le but de la sexualité, ce n'est pas la relations sexuelle, le but c'est d'aimer."

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le Temps de le dire

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