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Damase Ier

Un article rédigé par Jean Luc Moens - 1RCF Belgique, le 26 février 2024  -  Modifié le 26 février 2024

Pape pendant 18 ans, de 366 à 384, il a été le 37ème successeur de Pierre. Mort à 80 ans et contemporain de tous des grands noms de l’histoire de l’Église : saint Jérôme, saint Athanase, saint Augustin, saint Hilaire de Poitiers, saint Ambroise de Milan, saint Cyrille de Jérusalem, saint Martin de Tours, saint Basile le Grand, saint Grégoire de Nysse…, ils ont lutté ensemble pour défendre l’Église contre les hérésies et les attaques.

Damase Ier est fêté le 11 décembre, il est le premier pape pour lequel on possède des documents historiques solides.

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Damase est né à Rome vers 304. Il entre au service du pape Libère qui le nomme archidiacre. Il devient ainsi un membre éminent du clergé romain. En 355, il accompagne le pape Libère lorsque l’empereur Constance l’envoie en exil. Lorsque Libère meurt en exil, il revient à Rome. Il est élu pape à l’âge de 62 ans en 366 dans des circonstances complexes. Un autre diacre nommé Ursin s’est aussi fait élire pape dans la basilique julienne, située sur le forum romain. Les partisans de Damase prennent d’assaut la basilique et tuent de nombreux partisans de l’antipape Ursin. Le préfet de Rome prend la défense de Damase. Ursin est exilé, mais continuera son opposition en cherchant à nuire à Damase. Il l’accusera par exemple d’adultère, mais Damase saura se défendre face à ces accusations mensongères. Cette calomnie semble d’autant plus injuste que saint Jérôme qui l’a bien connu affirme sans équivoque que Damase est resté vierge toute sa vie.

Son long pontificat marque profondément l’histoire de l’Église :

 

Damase est un homme de son temps. Il affronte les tensions qu’il y a dans l’Église entre les partisans de la liturgie en grec – la langue utilisée depuis les débuts – et ceux qui veulent passer au latin qui devient de plus en plus la langue usuelle de l’Italie. C’est pourquoi il demande en 383 à son secrétaire Jérôme de réaliser une nouvelle traduction de la Bible en latin courant, ce qui donnera la fameuse Vulgate. Jérôme nourrit une grande admiration pour le pape. Il écrit à Eustochium : « Damase est un personnage éminent, fort versé dans la connaissance des saintes écritures. »

Toujours dans le domaine de la sainte Écriture, c’est aussi le pape Damase qui fixe la liste des livres de la Bible que l’Église reconnaît comme divinement inspirés. Cela s’est passé au concile de Rome, tenu en 373. Cette question est importante. Aujourd’hui, nous considérons souvent la Bible comme un tout, mais elle est en fait une bibliothèque rassemblant des livres d’auteurs différents soit de l’Ancien Testament soit du Nouveau Testament. Quels livres accepte-t-on dans la Bible ? C’est-à-dire quels livres l’Église reconnaît-elle comme inspirés ? C’est à cette question que le concile de Rome de 373 a répondu en fixant ce qu’on appelle le canon de la Bible, la liste des livres qui peuvent y figurer. Notez en passant qu’on voit bien ici l’importance de la Tradition dans la vie de l’Église. C’est en s’appuyant sur la Tradition que les pères conciliaires ont pu déterminer quels étaient les livres inspirés divinement.

Le pape Damase est aussi celui qui codifie la psalmodie et demande de terminer la prière des psaumes par la doxologie trinitaire :

Gloire soit au Père, et au Fils et au Saint-Esprit…

En 369, sur les conseils de saint Athanase, il réunit un premier concile à Rome pour condamner les décrets du faux concile de Rimini qui voulaient annuler les décisions de foi du concile de Nicée.

En 373, un deuxième concile de Rome condamne l’hérésie d’Apollinaire selon laquelle le Corps de Jésus-Christ n’avait pas été formé dans le sein de Marie.

En 381, se tient le concile d’Aquilée avec cent cinquante évêques d'Orient qui remédie au schisme qui affectait depuis longtemps l’Église d’Antioche et condamne les erreurs d’Arius et de Macedonius.

 

Le saint bâtisseur   :

 

Damase est aussi le pape qui fait construire la première basilique de saint Clément à Rome, l’église san Lorenzo in Damaso, dédiée au diacre martyr saint Laurent sur le lieu même de son habitation et où se trouvent aujourd’hui ses reliques, le baptistère de saint Pierre et l’église sainte Pudentielle. Mais la préférence de ce pape va aux catacombes et aux martyrs.

Il décide d’entreprendre des fouilles dans les catacombes pour découvrir les tombes de saints martyrs. Aujourd’hui, on visite les catacombes comme des fouilles archéologiques, mais à l’époque de Damase, ce sont des cimetières en activité où les chrétiens veulent se faire enterrer pour être proches des martyrs à la résurrection des corps. Notre saint pape organise et embellit la catacombe des saints Prothè et Hyacinthe. Il met à jour, dans les catacombes de saint Sébastien, les reliques du pape saint Eutychien, mort en 283. Il consolide les catacombes qui risquent des éboulements, créent des escaliers. Il fait poser des pierres commémoratives pour identifier les tombes.

 

Saint et poète à ses heures :


C’est lui-même qui rédige les textes en vers sur les pierres commémoratives, ce qui fait de lui un précurseur de l’épigraphie chrétienne officielle. En voici des exemples :

  • Pour la crypte des Papes du cimetière de Calliste, Damase écrit : « Ci-gît, réunie, une foule de Saints. Si vous les cherchez, leurs corps sont réunis dans ces vénérables tombes. Quant à leurs âmes sublimes, les célestes royaumes les ravissent. »
  • Ou encore : « Ci-gisent les compagnons de Sixte ; de l’ennemi, ils portent les trophées. »
  • Ailleurs encore : « Ici, les saints confesseurs, transférés de Grèce, reposent. »

Le pape Damase a voulu restaurer le culte des martyrs dans le peuple chrétien. Il organise le calendrier liturgique en y insérant des fêtes de saints.

 

Humble jusque dans la mort :

 

Il est mort le 11 décembre 384 à Rome à l’âge de presque 80 ans. Alors qu’il aurait vraiment voulu reposer dans les catacombes de saint Calixte, il ne s’en est pas senti digne. Il a fait placer une plaque dans ces catacombes avec cette inscription : « Ici, je l’avoue, moi, Damase, j'aurais souhaité faire ensevelir mes restes. Je m’en suis abstenu, soucieux de ne pas troubler les pieuses cendres des Saints. »

Damase a attiré l’attention du peuple de Dieu sur la sainteté qui, à cette époque, était celle des martyrs, ces témoins qui avaient donné leur vie pour leur foi.

Voici l’épigramme qu’il a rédigé pour sainte Agnès :

 

Agnès, quand la trompette eut résonné de ses lugubres chants,
Quitta aussitôt le sein de sa nourrice, malgré son jeune âge,
Foula spontanément la rage et les menaces d’un tyran féroce ;
Comme il avait voulu consommer par les flammes son noble corps,
Avec ses faibles forces, elle surmonta une peur immense

Et sur ses membres nus laissa tomber sa chevelure épaisse,
Pour qu’aucun visage mortel ne vît le temple du Seigneur. 

Vénérable pour moi, ô bienfaisante, sainte gloire de la pudeur, Sois favorable, je t’en prie, à la prière de Damase, illustre martyre.

 

Demandons à notre tour à saint Damase d’intercéder pour nous. Il a mis en valeur la sainteté dans l’Église de son temps. Puisse-t-il obtenir de Dieu la sainteté pour notre temps.

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints

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