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Antoine le Grand
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Antoine le Grand

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 9 février 2023  -  Modifié le 9 février 2023

Fondateur du monachisme, ermite au désert, il est mort à 105 ans.

Saint Antoine le Grand Saint Antoine le Grand

Nous fêtons aujourd’hui saint Antoine le Grand, considéré comme le père du monachisme, c’est-à-dire de la vie monastique, des moines et des moniales.

 

Saint Antoine est aussi connu sous d’autres noms : Antoine d'Égypte en référence au lieu où il a vécu, ou Antoine l'Ermite ou encore Antoine du désert en référence à son style de vie.


La vie de saint Antoine le Grand nous est connue essentiellement par l’œuvre de saint Athanase d’Alexandrie, écrite très peu de temps – probablement 4 ans – après la mort d’Antoine en 356. Je vous rappelle qu’Antoine a soutenu Athanase dans son combat contre l’hérésie arienne qui niait la divinité du Christ. Rappelez-vous aussi que, quand Athanase a été poursuivi par les soldats romains, il s’est réfugié dans le désert chez les moines qui l’ont caché.

 

Son histoire

 

Antoine est né vers 250-251 à Hérakléopolis Magna en Égypte au moment de la persécution de l’empereur romain Trajan Dèce. Cette persécution est brève mais très violente. Beaucoup de chrétiens fuient les villes pour se réfugier dans le désert. À l’époque, les chrétiens considèrent le martyre comme la voie royale de sainteté, le modèle du chrétien accompli.


Antoine a 18 ans quand il perd ses deux parents qui le laissent avec une jeune sœur dont il a la charge. L’héritage de ses parents, des paysans aisés, lui permet d’assurer sans problème sa subsistance et celle de sa sœur. À 20 ans, Antoine est touché au cœur par un texte de l’Évangile de Matthieu, le jeune homme riche :

Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi

(Mt 19, 21)

 

13 ans dans le désert

 

Il décide de mettre immédiatement cette parole en pratique. Il confie sa jeune sœur à des vierges consacrées, vend et distribue toutes ses richesses et part au désert, à proximité d’un de ses champs et de la cabane d’un vieil ascète, un anachorète, qui l’initie à la vie érémitique. Antoine partage son temps entre prière et travail pour sa subsistance. Pour information, anachorète vient d’un mot grec qui signifie « retiré du monde ». Les anachorètes sont des ascètes ou des moines qui vivent en ermites, c’est-à-dire dans la solitude. Les moines qui vivent en communauté sont appelés cénobites.


Antoine décide ensuite de s’enfoncer dans le désert, habitant dans des huttes, des anciens tombeaux, des grottes. Il doit affronter les tentations du démon qui cherche à tout prix à l’écarter de sa vie de sainteté. Les affrontements sont parfois violents. Un jour, les démons battent Antoine avec tant de force qu’ils le laissent pour mort  gisant dans sa cellule.


Antoine vit ainsi pendant 13 ans, rejoints par des disciples de plus en plus nombreux qu’il initie à son tour à la vie ascétique. Constatant le flux de pèlerins et de disciples qui viennent à lui, il décide de s’enfuir en 285 pour rechercher la solitude. Il s’installe alors à Pispir dans un fort romain désaffecté sur la route de la mer Rouge. Là aussi, il est rejoint par des disciples qui vivent à proximité de sa cellule.


Des anachorètes liés à Antoine se répandent dans le désert à l’est et à l’ouest du Nil. On leur donnera le nom de « pères du désert » et on recueillera le peu de paroles qu’ils prononcent, inspirées par leur expérience spirituelle. On appellera ces paroles les « apophtegmes » des pères du désert, les sentences des pères du désert.
En 311, éclate une nouvelle persécution contre les chrétiens. Antoine se rend à Alexandrie pour soutenir les chrétiens. Il espère être martyrisé, mais il est épargné.

 

 

En 312, Antoine cherche une nouvelle fois à s’isoler

 

 

Partout où il va, il est suivi par des disciples. Il part en Thébaïde et s’installe sur le mont Qolzum (à l’endroit où se trouve aujourd'hui le monastère Saint-Antoine). Malgré ses efforts de solitude, il continue à recevoir de nombreux visiteurs à qui il prodigue ses conseils spirituels.


Antoine meurt à l’âge de 105 ans le 17 janvier 356.

 

Héritage

 

Outre la vie monastique, l’héritage de saint Antoine le Grand concerne le combat spirituel. Saint Athanase consacre de très nombreux chapitres de sa vie d’Antoine à décrire ses combats avec le diables et ses démons. On considère généralement que cette vie de saint Antoine par Athanase est la première œuvre chrétienne où le rôle des anges et des démons dans la vie spirituelle est traitée de façon cohérente et systématique.

 


Pour Athanase, les moines sont aux avant-postes du combat contre le démon et ses sbires. Il ne faut pas croire que les moines partent au désert pour fuir la lutte contre le mal. C’est tout le contraire. Ils partent au désert qui est considéré comme le lieu où vivent les démons pour lutter contre eux. Antoine enseigne à ses disciples :

 

Nous avons des ennemis terribles et fourbes, les mauvais démons. Et c’est contre eux que nous avons à lutter. […] Nombreuse est leur troupe dans l’air qui nous entoure, et ils ne sont pas loin de nous.

 

Ce genre d’affirmation peut sembler décalée à nos esprits modernes. Aujourd’hui, on a plutôt du mal à croire à l’existence des esprits mauvais et du diable en particulier. Pourtant, toute la tradition de l’Église et la vie même du Christ nous enseignent que le diable et ses acolytes, les démons, existent réellement. Le saint pape Paul VI a insisté sur cet aspect de notre foi avec force : « Le mal n’est plus seulement une déficience, il est le fait d’un être vivant, spirituel, perverti et pervertisseur. Terrible, mystérieuse et redoutable réalité. » (je vous renvoie à la très belle catéchèse du 15 novembre 1972, un texte qui n’a pas pris une ride !). C’est le poète Charles Baudelaire qui a affirmé que la plus grande ruse du démon est de faire croire qu’il n’existe pas. On ne se méfie pas d’un ennemi inexistant et cela lui laisse carte blanche pour agir à sa guise.

 

La vie des pères du désert et de saint Antoine en particulier illustre la réalité de l’existence des forces du mal, qui ne sont pas seulement des forces, mais des êtres spirituels, pervers et pervertisseurs. En disant cela, je ne veux pas vous faire peur. Nous croyez pas que saint Antoine le Grand et les pères du désert craignaient le diable et les esprits mauvais. Non ! Ils les combattaient avec la certitude de la victoire car, depuis la mort et la résurrection du Christ, Satan a définitivement perdu la bataille. Antoine conseille à ses disciples :

 

Depuis la venue du Seigneur, l’Ennemi est déchu et ses pouvoirs se sont affaiblis. Ainsi donc, il ne peut rien, mais comme un tyran, même déchu, il ne se tient pas tranquille et menace, ne serait-ce qu’en parole. Que chacun de vous réfléchisse à cela. Il peut alors mépriser les démons.

 

Donc, la juste attitude du moine n’est pas de craindre le démon mais de le mépriser. Le diable est comme un chien méchant désormais enchaîné à sa niche : si on ne s’approche pas de lui, il peut aboyer, mais il ne peut plus nous mordre ! Sa méchanceté ne peut plus nous atteindre. Il va tirer sur sa chaîne, mais il a perdu définitivement la bataille.

 

Il continue à essayer de nous tenter, mais nous avons la victoire si nous le voulons et Antoine et les pères du désert nous enseignent que nous avons beaucoup d’armes pour vaincre le démon et ses tentations :
 

  • La foi en Jésus Christ ressuscité et vainqueur du mal ;
  • La prière ;
  • Les bonnes actions ;
  • Le souvenir de la damnation éternelle car ne nous leurrons pas, l’enfer existe : c’est là en tout cas que sont parqués les esprits mauvais ;
  • Et une arme extrêmement puissante : le signe de la croix car la croix est le rappel de leur défaite définitive.

 

Saint Antoine le Grand nous rappelle qu’il n’y a pas de vie chrétienne sans combat spirituel. Lui, il a connu des combats épiques avec des apparitions du diable, des coups qui l’ont laissé pour mort, des tentatives de le tromper par des fausses lumières, etc. Nous ne vivrons probablement et heureusement pas les mêmes choses. Mais comme chrétien, nous devons nécessairement soutenir le combat contre la tentation.

 

Nous pouvons invoquer saint Antoine le Grand pour être vainqueurs dans nos combats comme lui l’a été dans les siens.
 

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