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RCF 3ème Dimanche de Pâques — Année B
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3ème Dimanche de Pâques — Année B

Un article rédigé par Véronique Bontemps - 1RCF Belgique, le 12 avril 2024  -  Modifié le 12 avril 2024

Bonjour à tous en ce troisième dimanche de Pâques.

Après l’épreuve de la passion et de la mort de Jésus, nous goûtons durant tout ce mois
d’avril la joie intérieure des rencontres du ressuscité avec ses disciples. Laissons-nous
toucher par ce compagnonnage qui nous concerne chacun. C’est à notre rencontre que
Jésus vient encore aujourd’hui pour nous remplir de sa joie et de sa paix.

©1RCF ©1RCF

PREMIÈRE LECTURE

Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts

(Ac 3, 13-15.17-19)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

 

En ces jours-là, devant le peuple, Pierre prit la parole :
« Hommes d’Israël,
le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
le Dieu de nos pères,
a glorifié son serviteur Jésus,
alors que vous, vous l’aviez livré,
vous l’aviez renié en présence de Pilate
qui était décidé à le relâcher.
Vous avez renié le Saint et le Juste,
et vous avez demandé
qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier.
Vous avez tué le Prince de la vie,
lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts,
nous en sommes témoins.
D’ailleurs, frères, je sais bien
que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs.
Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé
par la bouche de tous les prophètes :
que le Christ, son Messie, souffrirait.
Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu
pour que vos péchés soient effacés. »

– Parole du Seigneur.

 

PSAUME

(4, 2, 4.7, 9)
R/ Sur nous, Seigneur,
que s’illumine ton visage !
ou : Alléluia ! (4, 7b)

Quand je crie, réponds-moi,
Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !

Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle,
le Seigneur entend quand je crie vers lui.
Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »
Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

Dans la paix moi aussi,
je me couche et je dors,
car tu me donnes d’habiter, Seigneur,
seul, dans la confiance.

 

 

DEUXIÈME LECTURE

C’est lui qui obtient le pardon de nos péchés et de ceux du monde entier

 

(1 Jn 2, 1-5a)
Lecture de la première lettre de saint Jean

 

Mes petits enfants,
je vous écris cela pour que vous évitiez le péché.
Mais si l’un de nous vient à pécher,
nous avons un défenseur devant le Père :
Jésus Christ, le Juste.
C’est lui qui, par son sacrifice,
obtient le pardon de nos péchés,
non seulement des nôtres,
mais encore de ceux du monde entier.
Voici comment nous savons que nous le connaissons :
si nous gardons ses commandements.
Celui qui dit : « Je le connais »,
et qui ne garde pas ses commandements,
est un menteur :
la vérité n’est pas en lui.
Mais en celui qui garde sa parole,
l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection.

– Parole du Seigneur.

 

 

Commentaires des lectures

Dans le livre des Actes des Apôtres saint Luc nous présente un Pierre bien différent des
dernières images que nous avons reçues de lui depuis le début de la Passion du Seigneur. Nous voici face à un homme qui sortant enfin de son silence (Pierre est à peu près muet dans les évangiles depuis son triple reniement), nous voici donc face à Pierre qui haranguant la foule lui reproche d’avoir renié, d’avoir livré, d’avoir tué, le Prince de la vie. Ce Prince que Dieu a ressuscité d’entre les morts.

 

Extraordinaire déclaration qui tranche avec l’impression de lâcheté, de peur et de doute que nous ont laissés les récits évangéliques.

Que s’est-il passé ?


Essayons de reprendre les fils d’une relation complexe entre le Seigneur et celui qui a été
choisi pour bâtir son Église. Au chant du coq, après son triple reniement les évangélistes sauf Jean nous disent que Pierre se souvint des paroles du Seigneur et qu’il pleura amèrement.


Luc ajoute, le Seigneur se retourna et regarda fixement Pierre.


Que peut-il bien se passer dans le cœur de cet homme qui ayant tout quitté pour suivre Jésus, qui ayant assisté à de nombreux signes de puissance et aussi à la Transfiguration, se laisse envahir par un tel sentiment d’échec et d’horreur qu’il renie d’un bloc tout ce qu’il a aimé, tout ce en quoi il avait mis sa confiance.

Au fond, peut-être que Pierre porte en lui une fragilité  que nous portons tous.
Peut-être qu’il est là pour nous montrer à quel point nous pouvons être rempli d’illusions
tant sur nous-même que sur Dieu. Que savons-nous de notre foi aux heures les plus sombres de nos vies ? Nous prions facilement durant les jours ordinaires mais que devient notre prière lorsque nous sommes éprouvés au plus profond de nos attachements, au plus intime de nos vies ?

Saint Pierre nous révèle à quel point il est difficile de rester fidèle envers et contre tout. Il nous révèle aussi que nous portons tous en nous de fausses images de Dieu. Un Dieu tout puissant, un Dieu extérieur et un peu magique qui va empêcher le pire et qui va nous protéger. Pierre au moment où il découvre son indignité découvre aussi que son Seigneur est Autre. Il découvre dans les minutes qui suivent ses paroles « Non je ne connais pas cet homme » que en fait, il dit vrai. Cet homme n’est pas le Fils d’un Dieu imaginaire qui correspondrait à son désir de puissance à lui. Cet homme, injustement bafoué, battu, condamné à mort sur une Croix, en un regard, lui révèle ce qu’il est.
Et Pierre pleure amèrement.


Dans ce regard de Jésus sur Pierre, ce dernier reçoit la pleine révélation de ce qu’il est. Un homme ordinaire, un peu sûr de lui, capable du meilleur mais aussi du pire. Un homme comme nous… Il reçoit aussi, dans ce regard, la révélation de qui est son Maître. Non pas un Sauveur extérieur au pouvoir magique mais un Sauveur qui s’invite dans notre cœur pour nous révéler la toute-puissance de sa tendresse, de son amour absolu pour chaque parcelle de ce que nous sommes. Pierre reçoit dans la figure ce regard de Jésus et comprend que ce Jésus qu’il a renié, l’aimait, l’aime et l’aimera pour toujours tel qu’il est. Et au contraire de Judas, Pierre accueille l’immensité de l’amour de Jésus pour lui, aussi petit, aussi faible qu’il ait pu être. Alors il pleure. Je vous laisse deviner ce sur quoi il pleure ! Peut-être sur toutes ses illusions perdues.
Effectivement Pierre ne connaissait pas cet homme !


Cependant, fort de ce grand amour, et après le temps qu’il nous faut à tous pour faire la
vérité en nous, Pierre va petit à petit entrer dans le mystère de son Seigneur. Il va courir au tombeau, il va écouter les femmes, les disciples d’Emmaüs, et surtout il va reconnaitre le Christ ressuscité lors des rencontres qui nous sont relatées depuis le jour de Pâques.


Alors, une fois ce grand amour accueilli dans son cœur, il peut se mettre debout et
proclamer sa foi pour le Prince de la vie.
Pierre ne parle plus à tout bout de champs. Le Prince de la vie il l’a rencontré, il a fait l’expérience que l’amour est plus fort que toutes nos turpitudes, il sait comme le dit Jean dans sa première lettre, qu’il a un Défenseur devant le Père. Pierre est transfiguré par l’amour. Il ne se prend plus pour un crac. Il laisse simplement Jésus le mener et nous savons où cela va le mener.


Encore une chose étonnante. Pierre avec un certain culot, accuse la foule d’avoir renié le Saint et le Juste. Comme si en entrant dans la vérité du regard de Jésus sur lui, il était
purifié d’une culpabilité mortifère et trop lourde à porter.

L’amour et le pardon qui l’accompagne n’efface pas la faute. Ils la transforme et lui donne un sens. Pierre connait la gravité de son péché, mais il connait l’amour de Jésus pour lui et c’est là-dessus qu’il va se reconstruire. Au point de pouvoir jour après jour, bâtir son Église.

Pierre est touché par l’amour du Christ ressuscité et Pierre se met à croire dur comme fer que son Seigneur est le Prince de la vie.


Rendons grâce pour tous ceux qui ont cru. Rendons grâce pour le successeur de Pierre, le Pape François à la santé défaillante, rendons grâce aussi pour notre Église, aussi fragile que son fondateur. Aussi humaine que lui et donc capable du meilleur et des pires trahisons.


Mais une Église aimée de Dieu depuis le commencement. Comme nous tous !

ÉVANGILE

Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour 

(Lc 24, 35-48)


Alléluia. Alléluia.
Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures !
Que notre cœur devienne brûlant
tandis que tu nous parles.
Alléluia. (cf. Lc 24, 32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
les disciples qui rentraient d’Emmaüs
racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons
ce qui s’était passé sur la route,
et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux
à la fraction du pain.
Comme ils en parlaient encore, 
lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Saisis de frayeur et de crainte,
ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit :
« Pourquoi êtes-vous bouleversés ?
Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?
Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi !
Touchez-moi, regardez :
un esprit n’a pas de chair ni d’os
comme vous constatez que j’en ai. »
Après cette parole,
il leur montra ses mains et ses pieds.
Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire,
et restaient saisis d’étonnement.
Jésus leur dit :
« Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
Ils lui présentèrent une part de poisson grillé
qu’il prit et mangea devant eux.
Puis il leur déclara :
« Voici les paroles que je vous ai dites
quand j’étais encore avec vous :
“Il faut que s’accomplisse
tout ce qui a été écrit à mon sujet
dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” »
Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.
Il leur dit :
« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait,
qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,
et que la conversion serait proclamée en son nom,
pour le pardon des péchés, à toutes les nations,
en commençant par Jérusalem.
À vous d’en être les témoins. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaires

 

Depuis quinze jours nous partageons la stupeur, l’incrédulité, la peur et les tremblements, la joie profonde et inattendue de tous ceux qui prennent conscience que le Seigneur est venu à leur rencontre.


Les femmes apeurées de Marc, Marie- Madeleine chez Saint Jean , les femmes craintives et heureuses de Mathieu, les deux disciples d’Emmaüs chez Luc, les disciples rassemblés au Cénacle avec ou sans Thomas, et les apôtres occupés à pêcher sur le lac de Galilée.
Nous sentons que les mots se bousculent pour tenter de dire l’inouï. Pour tenter de partager une expérience intime, personnelle bien éloignée d’une victoire retentissante qui s’imposerait d’elle-même.


Nous sommes en effet loin de la venue du Fils de l’homme sur un nuage, avec beaucoup de puissance et de gloire. Non, ni puissance, ni gloire si ce n’est la puissance de la foi et la gloire du vivant !


Le Vivant !

 

A chacune de ces rencontres c’est la vie qui reprend le dessus, le plus souvent
autour d’un repas partagé. Les disciples d’Emmaüs reconnaissent le Seigneur à la fraction du pain, les apôtres à la pêche sur le lac de Galilée le retrouvent autour d’un feu avec du
poisson posé dessus et du pain, et il leur dit : « Venez manger ».

Dans la lecture de ce dimanche, Jésus demande aux disciples :« Avez-vous quelque chose à manger ? Et il mange un morceau de poisson grillé devant eux ».

Pourquoi cette insistance ?


Les disciples sont un peu comme nous. Tout a basculé, leurs repères et tout ce sur quoi ils pouvaient s’appuyer ont été balayés depuis le dernier repas. Tout s’est écroulé avec la mort de leur maître.


Nous aussi comme citoyen et comme chrétiens, nous cherchons à quoi nous raccrocher au milieu d’un flux d’informations reprenant sans cesse des situations de guerre, de jeux politiques, d’orientations contraires à nos valeurs. Comment nous orienter dans ce monde complexe et anxiogène.


En venant à la rencontre de ses disciples, sachant bien à quel point ils sont désemparés, Le Seigneur se fait encore plus proche encore plus « incarné » par des gestes désarmant de simplicité. Il reprend les choses là où il les avait laissées, un repas, un peu de poisson et la vie reprend, tout simplement.


Il s’est absenté, il est allé là où ils ne pouvaient pas le suivre, le temps de mener le combat le plus dur contre le mal et la violence humaine, contre la mort, et il revient. Le même et pas tout à fait le même puisqu’il leur faut retrouver les gestes familiers pour le reconnaître.

Tout est accompli , tout est restauré, tout est transformé dans les profondeurs du cœur de Dieu.

 

Depuis le commencement, Dieu nous envoie son Fils afin qu’il puisse nous rejoindre dans le concret, dans le quotidien de nos vies.


Ce fut le cas pendant sa vie publique, c’est encore le cas dans les jours qui suivent sa
résurrection. C’est à travers des gestes corporels, le voir, reconnaitre sa voix, le toucher,
manger avec lui que petit à petit leurs yeux s’ouvrent et qu’ils peuvent s’exclamer : 
« C’est le seigneur ! »


Oui, le mystère immense de l’Incarnation s’approfondit encore après la mort et la
Résurrection du Seigneur.


Notre foi n’est décidément pas une foi désincarnée qui se développerait dans les hautes sphères de la pensée. C’est une foi qui se nourrit de gestes concrets, une foi qui sollicite notre corps . Et nous l’oublions souvent. N’hésitons pas à prier avec notre corps, à genoux ou debout, ouvrons les mains , les bras pour accueillir la paix de Dieu, entourons Jésus d’attentions avec les premiers bouquets de fleurs du printemps, célébrons la joie pascale par des chants où tout ce qui pourrait concrètement témoigner de sa présence au milieu de nous. Car il s’agit de devenir témoin de Jésus avec l’entièreté de notre personne, avec nos regards, nos sourires, notre voix, nos attitudes et notre cœur !

Et bien sûr, ces gestes tout simples peuvent se prolonger à l’égard de ceux qui nous
entourent. Le Christ a voulu revenir vers ses disciples avec des gestes qu’ils connaissaient bien. Les repas, la pêche. Non seulement pour qu’ils puissent le reconnaitre mais aussi pour qu’ils retrouvent leurs repères, leur équilibre. Essayons de faire comme lui. Allons vers celles et ceux qui tanguent et osons des gestes simples d’amitié, de tendresse, des gestes si élémentaires que nous oublions à quel point ils sont précieux.

Lorsque Jésus marchait sur les eaux les apôtres ont eu peur et ils l’ont confondu avec un
fantôme. Au cénacle aussi. Le Christ ressuscité n’est pas un fantôme. Il est encore et
définitivement le Verbe de Dieu, la sagesse de Dieu faite chair.

 

Nous non plus ne soyons pas des fantômes. Soyons des disciples de Jésus en chair et en os.


Pour rejoindre nos frères dans une commune humanité à la fois fragile et radieuse. Soyons des disciples corps et âme ! Entrons dans ce mouvement des premiers temps de l’Église où nous voyons les femmes se mettre joyeusement à courir, Pierre et Jean aussi mais en sens inverse, les disciples d’Emmaüs revenir rapidement sur leurs pas, Pierre se jeter à l’eau presque nu ! Oui laissons- nous gagner par la joie et l’étonnement, baissons la garde et laissons le Prince de la vie nous surprendre encore et encore…

 

Et n’hésitons pas à échanger des gestes de fraternité pour qu’au moins là ou nous pouvons agir, près de chez nous, nous soyons des amis, des frères et des sœurs les uns pour les autres. N’hésitons pas à témoigner que notre foi en Jésus ressuscité nous rend plus vivants.


Et donc plus ouverts à l’inattendu de Dieu dans chacune de nos rencontres.
Gardons en mémoire le chant du psaume 4 :

 

Sur nous Seigneur, que s’illumine ton visage

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