Accueil
Science et foi chrétienne : amies, ennemies ou mépris ? (1/2)

Science et foi chrétienne : amies, ennemies ou mépris ? (1/2)

Un article rédigé par Science Defense et Foi (Observatoire Economique et Social du Diocese de Bourges) - RCF en Berry, le 19 octobre 2023  -  Modifié le 19 octobre 2023

Concordisme, Panthéisme, Créationnisme ... Derrière ces noms pas toujours bien clairs pour nous tous, se cachent des "bonnes idées" et des "moins bonnes" ...

On vous aide à y voir plus clair, et on vous donne matière à y penser avec le groupe "Science, défense & foi" du diocèse de Bourges.

credit : PublicDomainPictures credit : PublicDomainPictures

Science et foi chrétienne :

amies, ennemies, ou mépris ?

partie 1

C’est une question récurrente, que certains croient pouvoir trancher très vite, une fois pour toute, dans un sens comme dans l’autre. Comme disait Charles Peguy, “Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée, c'est d'avoir une pensée toute faite.” Nous avons souvent des réflexes bizarres sur ce sujet science et foi … 

L’affaire Galilée, le Big bang qui prouve l’existence de Dieu, le cosmonaute soviétique qui déclare n’avoir pas vu Dieu dans l’Espace où il s’est promené pour la première fois… Jusqu’à cette remarque, à la cantine, d’un jeune doctorant à l’ingénieur qui l’encadrait : “tiens tu es chrétien, c’est bizarre, tu es plutôt un bon scientifique! “.

Mais alors, pouvez-vous nous aider à nous y retrouver ?

La commission berrichonne “science défense et foi a établi une classification pour essayer de bien cerner comment science et foi chrétienne s’articulent, soit qu’on évite de baser nos réflexions sur des idées erronées, soit qu’on n’oublie pas des pans entiers de l’activité humaine.

Chacun repèrera où placer les exemples rencontrés ici ou là de bonnes ou de mauvaises idées “entre la science et la foi”, et peut-être imaginera d’autres catégories.

Mais l’expérience nous a prouvé que la classification proposée ici fonctionnait relativement bien.

Les parcelles de vérités liées aux “mauvaises idées” sont aussi des amorces pour un dialogue avec nos prochains sur ces questions, et un point d’appui pour nos réflexions personnelles ou nos échanges.

On a ajouté ensuite une colonne avec des références à l’encyclique fides et ratio de Jean-Paul II, même si sa lecture n’avait pas constitué la base de la réflexion synthétisée ici.

On pourrait ajouter des citations de Caritas in Veritate de Benoît XVI, ou de Laudato Si du pape François, ou de sa récente lettre à propos de Blaise Pascal.

Cette fiche reprend ces éléments, que vous pourrez approfondir et discuter à votre guise. 

Le groupe “Science, Défense et Foi” livre ainsi les résultats des réflexions qu’il conduit dans le Berry depuis une vingtaine d’années, mais … il n’est pas à votre place.

Pouvez vous tout de même nous en dire un peu plus, nous proposer des exemples de cette classification  ?

Oui, commençons par ce qu’on appelle le concordisme : “tout s’accorde, univers et Dieu, science et foi”. Un exemple parmi d’autres pour l’illustrer : « Mais alors, d’où vient cette formidable énergie du Big-Bang ? J’ai l’intuition que ce qui se cache derrière le mur de Planck, est bien une forme d’énergie primordiale, d’une puissance illimitée.[…] L’océan d’énergie illimitée c’est le Créateur » : Jean Guitton, “Dieu et la science, 1991 (à la fin de sa vie, donc).

Ailleurs, des chercheurs tentent de réconcilier la science et la religion en cherchant "l'organe de l'adoration" ou en affirmant que "le cerveau est programmé pour la méditation spirituelle." Vous conviendrez que c’est un peu facile, un peu exagéré.

Mais ce n’est pas complètement faux non plus…

Oui, derrière cette “mauvaise idée” du concordisme, il y a des idées justes, des intuitions vraies : notre émerveillement : l’univers suit des règles voulues par Dieu.  Bref, il n’y a pas collusion, mais il y n’y a pas d’opposition . Pour le dire autrement, c’est un clin d’œil mais pas une preuve. Avec stupéfaction on entend en cours de génétique comme un écho de certains récits de la Genèse. Les récits de la Création du monde dans le livre de la Genèse ne disent pas le “comment”, mais le “pourquoi” , voire le “pourquoi moi ?” car ce message  me concerne aujourd’hui dans ma relation avec la Création, les autres et Dieu.

N’y a t-il pas aussi le positivisme cher à Auguste Comte, à ses descendants, et à une pensée souvent bien présente voire agressive ?

Oui, le positivisme est bien sur dans notre tableau, nous l’avons même mis dans la première ligne…

Tableau 1 : relations entre science et foi catholique - bilan des réflexions

Orga -

Dénomination

Essai de définition de cette « mauvaise idée »

Idées justes

(« trésors en contrepoint »)

Certaines mauvaises idées viennent d’une réflexion erronée ...

Positivisme

ne s’occuper que du comment

Nos explications, nos compréhensions, nos modèles ont des limites.

Concordisme

tout s’accorde, univers et Dieu, science et foi

Émerveillement : l’univers suit des règles voulues par Dieu.

Pas d’opposition, C’est un clin d’œil mais pas une preuve.

La foi du savant

La foi qu’il s’invente (=> syncrétisme, Nouvel Age).

Dire avec ses mots

Relation personnelle avec Dieu

Panthéisme

l’univers organisé …  par l’univers

Rien de bien récupérable !

Scientisme

tout expliquer avec la science, dominer le monde avec les succès technologiques

Progression de la connaissance humaine

Créationnisme

tout expliquer littéralement avec le récit de la création dans la Bible.

Ce que dans la Bible l’Esprit Saint veut dire n’est pas un exposé scientifique mais c’est vrai : Dieu a fait la création et l’homme.

Travailler -avec l’Église- le début de la genèse, sans éluder les questions.

D'autres mauvaises idées oublient
un pan
de l’activité humaine ...

Quiétisme

pas besoin d’agir ou de penser, il suffit de prier.

Dieu est le plus important dans ma vie

Fidéisme

la foi seule suffit, pas besoin de réfléchir.

L’obéissance à l’Église nécessite de temps en temps une certaine abdication de la raison, dans la confiance.

L’orgueil de l’intelligence qui croit tout pouvoir saisir : un risque à identifier pour ne pas tomber dedans.

Séparationisme

le savant laisse sa foi chrétienne à l’entrée de son laboratoire, cette schizophrénie s’oppose à l’unité de la personne en Dieu.

Distinguer les niveaux, les approches. Pas de mathématiques chrétiennes.

« Ceux [les scientifiques] que je révère, je les prends en bloc, tels qu’ils sont, et tout matérialiste que je suis, je ne voudrais pas que Pasteur n’eut pas été croyant et que Mendel n’eut pas été prêtre. »(Jean Rostand)

Marketing

la foi catholique n’est pas vendable, on la toilette, on l’adapte pour qu’elle puisse ‘passer’

Rejoindre l’autre, dire avec les mots d’aujourd’hui la foi de toujours.

Inventer une inculturation scientifique (liée à la culture, au pays) ?

Intellectualisme

vouloir tout comprendre, conceptualiser

Croire pour comprendre ; comprendre pour  croire

Cela prend du temps de nourrir sa foi

Invention amnésique

« réinventer la poudre », négation de l’héritage.

Attitude active du questionnement : on n’a pas peur de se poser des questions.

La Tradition est vivante.

Nous verrons la suite dans une prochaine chronique, ce travail de chrétiens berrichons depuis près de 20 ans peut nous aider à réfléchir chacun sur ces questions. 

Avec plaisir !

Que le mage Gaspard, figure emblématique de ces chroniques traitant des questions entre science et foi chrétienne, nous entraîne toujours plus loin dans notre réflexion, en l'occurrence sur les questions de la relation entre science et foi chrétienne. Ainsi, nous cheminerons pour nos vies concrètes, et l’Evangile résonnera dans le monde complexe des sciences et des technologies.

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don