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Oppenheimer, la science, l’Arme et le cinéma

Oppenheimer, la science, l’Arme et le cinéma

Un article rédigé par Science Defense et Foi (Observatoire Economique et Social du Diocese de Bourges) - RCF en Berry, le 22 septembre 2023  -  Modifié le 30 octobre 2023
Le mot des chrétiens Oppenheimer, la science, l'Arme et le cinéma

Peut-être avez-vous vu, ou entendu parler du film américain "Oppenheimer", sorti l'été 2023... Il nous plonge en pleine Seconde Guerre Mondiale, et nous invite à nous poser de grandes questions autour de l'arme atomique, mais il parle aussi de sciences d'une façon étonnante ... Occasion toute trouvée pour le groupe "Science Défense & Foi" du diocèse de Bourges, d'évoquer les thématiques qu'ils abordent depuis bientôt 20 ans ...

Le champignon atomique sur Nagasaki , Charles Levy, U.S. National Archives and Records Administration, https://catalog.archives.gov/id/535795 Le champignon atomique sur Nagasaki , Charles Levy, U.S. National Archives and Records Administration, https://catalog.archives.gov/id/535795

Le film « Oppenheimer » a occupé une partie de l’espace du cinéma cet été... Cela mérite bien une chronique

Oui, beaucoup l’ont vu, ce film, dans le monde, la France et le Berry ! Il n’a pas laissé indifférent, et sa qualité cinématographique semble unanimement saluée. Beaucoup ont aimé, certains ont apprécié de comprendre l’histoire du premier coup, en disant qu’avec Christopher Nolan ce n’était pas toujours le cas. Le bouquin de Bird et Scherwin qui l’a inspiré, « Robert Oppenheimer, triomphe et tragédie d’un génie », a été réédité et est disponible à la  Procure de Bourges et dans tous les magasins des gares et des aéroports, … pourtant  c’est, comme on dit, un « pavé »! D’ailleurs le film dure 3 heures, mais cela ne décourage pas d’y aller, nous étions plusieurs de la commission Science Défense et Foi du diocèse de Bourges un jeudi soir à au CGR de Bourges il y a quelques semaines, et il y avait pas mal d’autres gens, … pour aller le voir en version originale sous-titrée un soir de semaine, avec une séance qui commençait à 21h.

C’est assez américain, comme histoire, et comme film…

Certes, et on peut voir des allusions aux westerns, des scènes du film font penser à « Mr Smith au Sénat » de Kapra, à “12 hommes en colère”, ou à d’autres biographies filmées à l’américaine comme « un Homme d’exception », « Hannah Arendt » ou « Un homme pour l’éternité”, sur St Thomas More.

L’un d’entre nous a commenté « En raccourci, les Américains parlent aux Américains. Plusieurs fois, je me suis senti étranger aux problématiques sous-jacentes. Comme si le réalisateur voulait exorciser les vieux démons propres à cette société (la question du mariage et de la famille entre autres !) et à leur problématisation spécifique in America. »

Pourtant on a dit que ce film nous touchait…

Oui, sans doute car la culture américaine fait désormais partie de nos vies, jusque dans les coins les plus authentiques de la « France profonde » (donc, sans doute, moins superficielle que certaines grandes métropoles…). Et aussi parce que les questions que soulèvent les multiples aspects de ce film ont des conséquences pour tous.

La question de la course aux armements, et en particulier la compétition pour l’arme absolue : la bombe A puis la bombe H, avec la capacité de l’acheminer à coup sûr chez l’ennemi, … cela concerne tout le monde. Le Berry est d’ailleurs particulièrement concerné, comme d’autres coins de France, et contribue jour après jour à la capacité opérationnelle de la Dissuasion Nucléaire française, dans des deux “composantes” océanique et aéroportée.

Le conflit en Ukraine a rendu moins théorique pour la plupart de nos compatriotes le questionnement sur notre sécurité, et sur les avantages et les inconvénients de l’existence d’une telle arme. On aimerait bien pouvoir « dés-inventer la Bombe », mais c’est impossible, et le film, à sa façon, aborde le sujet, et montre comment il touche des savants, des ingénieurs, des politiques, avec leurs qualités, leurs défauts, leur époque (la guerre d’Espagne, la deuxième guerre mondiale, les bouleversements de la science, la relativité et la physique quantique, l’affrontement entre le bloc communiste et le bloc occidental), leurs aspirations personnelles. Le film décrit comment des savants admirant et décryptant la Création et recherchant la Paix, le Chemin et la Vérité, l’Amour (y compris dans la fougue d’une brillante psychiatre désireuse de changer le monde en mieux, assez « débridée » pour reprendre l’expression qui lui est prêtée dans le film), bref des condisciples du mage Gaspard, croisent la route des descendants des légionnaires de Saint Martin. La commission “Science, Défense et Foi” a, depuis près de 20 ans, abordé avec un regard chrétien ces questions, comme en témoigne la longue liste des thèmes des réunions disponible sur le site web du diocèse de Bourges.

Le film montre des scientifiques, des ingénieurs en action, heureux de ce qu’ils font, bientôt obligés de travailler en équipe autour d’un objectif concret

Oui, et c’est assez révélateur de ce qui plaît à beaucoup d’entre nous, aujourd’hui. Les jeunes scientifiques, ingénieurs, techniciens, ceux qui étudient ou travaillent dans des domaines techniques, disent se retrouver dans pas mal des situations décrites dans le film. Certains sont plus attirés par la théorie et la modélisation, d’autres par les expérimentations, et l’instrumentation associée, … certains veulent calculer, d’autres voir et mesurer. Ils sont sensibles à la notion de projet qui “débouche” après bien des difficultés collectives et personnelles, des retours en arrière, des échecs, des fausses pistes et des vraies intuitions. Certaines des vidéos promotionnelles qui cherchent à attirer dans tel ou tel organisme ou entreprise jouent d’ailleurs sur de tels témoignages. Le projet “Manhattan” est évidemment unique en son genre par ses enjeux, ses moyens, ses acteurs et ses modalités, mais on retrouve les ressorts des joies de ceux qui travaillent sur des projets scientifiques et techniques. Peut-être y aura-t-il un petit effet « Oppenheimer » pour les filières d’enseignement scientifique comme il y avait eu un effet « top gun » dans les candidatures pour l’Armée de l’Air .

Pourriez-vous donner un exemple de cet esprit scientifique commun ?

A plusieurs reprises, dans le film, lors d’un cours,  comme lors de la recherche de solutions, le tableau noir, est l’instrument privilégié de cette conquête, avec ses croquis, ses équations, ses mots-clés. Dans nos bureaux, à l’université ou à l’usine, il en est de même, on échange devant un tableau, on gribouille, on note, on efface, on dispute, même à l’heure de l’informatique, du big data et des premiers ordinateurs quantiques. S’il n’y a pas de tableau dans la pièce, on en met un. Pour finir sur d’autres exemples du cinéma américain, on se rappellera d’une telle scène dans « Apollo 13 », quand il s’agit de trouver comment ramener l’équipage sur Terre. Sur une note moins sérieuse au plan cinématographique, quand la famille élargie des héros de « Fast and Furious, Hobbs et Shaw », répare la machine qui empêchera le monde d’exploser, elle le fait avec un étonnant chef de projet qui utilise ainsi un tableau noir dans son atelier.

Fermez les yeux une seconde, et imaginez un tableau avec une question, un schéma, une équation, et toute une partie de notre cerveau, qui sommeillait, se réveille !

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© Image par nugroho dwi hartawan de Pixabay
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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