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En Bretagne, une irrigation de résilience
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En Bretagne, une irrigation de résilience

Un article rédigé par Ronan Le Coz - RCF Finistère, le 22 septembre 2022  -  Modifié le 23 septembre 2022

Le premier forum de l'irrigation en Bretagne a eu lieu jeudi 22 septembre, à Rosporden. Rencontre avec Charles David, chargé de mission "eau" au service environnement de la chambre d'agriculture. 

Charles David - ©Ronan Le Coz Charles David - ©Ronan Le Coz

Charles David, l'irrigation en Bretagne concerne surtout une production de fruits et légumes ?

Effectivement, c'est la particularité de la Bretagne. On est à pratiquement 65 % des surfaces irriguées qui concernent des fruits et légumes alors que d'autres régions en France sont à 5 à 10%. On a souvent en tête, quand on parle d'irrigation, l'irrigation du maïs. Chez nous, c'est quelque chose qui se pratique très peu, et vraiment de manière très localisée. En fait, l'irrigation se pratique là où se trouvent les zones de production historique de légumes en Bretagne : le Morbihan est très fortement concerné et puis nos zones de légumes frais de plein champ, plutôt sur le nord de Bretagne, mais c'est le Centre Bretagne qui est particulièrement concerné par l'irrigation. 

Vous dites que l'agriculture bretonne a toujours connu une irrigation de résilience ?

Oui. Une irrigation de résilience, car elle n’est pas systématique. Elle va être variable selon l'année et va servir uniquement pour sécuriser la culture, pour s'assurer que la culture va bien s'implanter et va être à peu près régulière en matière de qualité. Ce n’est pas une irrigation pour chercher à maximiser un rendement. On dit que c'est une irrigation de résilience parce qu'on s'adapte aux conditions météo de l'année et aux conditions de mise en place de la culture.

L'année a été particulièrement difficile pour les agriculteurs, néanmoins la Bretagne a quelques atouts à faire valoir dans les années qui viennent ?

Par rapport à l'année, on a été très fortement touchés, comme d'autres régions françaises. Mais pour l'avenir, effectivement, on sait que l’on restera une région avec des ressources en eau relativement importantes. La pluviométrie ne va pas fortement baisser, mais elle va être répartie de manière différente. Nous avons donc des capacités pour aller chercher encore des volumes de stockage pour l'irrigation. On a aussi beaucoup de travaux de recherche qui vont nous permettre de réduire la demande en eau pour les cultures et d'améliorer l'efficacité de l'eau qu'on apporte. Tout cela mis bout à bout nous laisse un peu d'optimisme pour la suite et on veut l'être pouvoir continuer à produire du légume en Bretagne et développer encore un peu l'irrigation. Mais jusqu'où ira-t-on? Là est la question!

Il y a encore de la marge en Bretagne, notamment en stockage?

Oui. Le chiffre national, c'est 5% des volumes d'eau qui sont stockés par rapport à ce qui tombe en France. Et on est à pratiquement 50% en Espagne! Donc on se dit qu'il y a quand même quelques pour cent à aller chercher... On ne prélève aujourd'hui en Bretagne, pour tous les usages humains, que 3 % de l'eau efficace qui tombe. Donc voilà : il y a certainement, quand même, quelques marges de manœuvres.

L'un des intervenants au forum de Rosporden disait qu'il fallait mettre "un petit peu de Méditerranée" dans les décisions qui sont prises au niveau européen et qui sont pour l'instant très inspirées par des politiques valables plutôt dans le nord de l'Europe... Il parlait de la directive sur l'eau en particulier?

Oui, on a des freins. C'est important de se préoccuper des besoins en eau pour les milieux et la biodiversité. Il n'y a aucun débat là-dessus. Par contre, la réglementation se renforce fortement d'année en année et elle vient un peu brider des possibilités d'avancer sur ces sujets-là. Il faut desserrer un peu l'étau, qu'on mette tout cela sur la table et qu'on regarde ce qu'on est en capacité de faire de manière durable... Il ne s'agit pas de capter l'eau pour un seul usage mais il faut qu'on avance sur ces sujets-là sinon, demain, on ira acheter encore un peu plus de légumes dans d'autres pays en Europe, voire plus loin!

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