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Afectados: quand la solidarité défie les institutions en crise

RCF,  - Modifié le 18 novembre 2016
En Espagne, de nombreuses personnes ont été expulsées de leur logement à partir de 2008, conséquence de la crise économique. Un film retrace leur combat face à l'Etat, et aux banques.
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La crise des subprimes s'exporte en Espagne

Des citoyens de classe moyenne, mis à la porte de chez eux, du jour au lendemain, sur injonction judiciaire, à la demande des banques. Des débiteurs incapables de rembourser leur crédit immobilier, du fait de la montée croissante du chômage dans un pays en crise. Ce scénario, que l'on croirait venu tout droit des Etats-Unis au lendemain de la crise des subprimes s'est réellement déroulé en Espagne. 

En 2008, la crise économique mondiale touche la péninsule ibérique de plein fouet. Conséquence de cela, l'explosion d'un chômage de masse (27 %) qui précipite de nombreux Espagnols dans la misère. Beaucoup d'entre eux se retrouvent finalement dans l'impossibilité de payer leur crédit immobilier, réalisant par là-même qu'il s'agissait d'un emprunt toxique. Des centaines de milliers d’entre eux sont finalement expulsés de leur appartement ou de leur maison.

 

Face à l'Etat défaillant et aux banques prédatrices

Telle est l'histoire que relate le documentaire espagnol "AFECTADOS (Rester debout)". Ce film sort mercredi dans les salles. RCF en est l'un des partenaires. Il revient sur cette crise espagnole, et sur le combat d’emprunteurs barcelonais ayant tout perdu à la suite de la crise de 2008, unis pour lutter contre l’injustice des banques. Il montre comment ces hommes et ces femmes venus de milieux très différents ont uni leur désespoir pour lutter pour la justice face à un État défaillant et des banques prédatrices.

Le film est sorti il y a un an en Espagne. La réalisatrice, Sylvia Munt, y a consacré une année entière. Elle y filme notamment des réunions, des assemblées de personnes, qui tentent de trouver une solution à leur problème commun, ensemble. On y voit également leur quotidien, oscillant entre crainte de l’avenir et impuissance face au présent.

 

"De nombreux Espagnols se suicidaient chaque jour"

La réalisatrice explique qu’"en Espagne, dès 2008, le monde a changé. On s’est précipité dans un vide. Toute la classe moyenne. C’est un phénomène qui donne un sentiment de peur. De nombreux Espagnols se suicidaient chaque jour. Les gens avaient perdu leur travail, et ils perdaient tout en même temps : leur maison, leur dignité."

"Ce film est un témoignage. Il fallait que le monde sache. Le cinéaste a l’obligation d’être le miroir de la société. C’était difficile d’en parler car c’est tabou en Espagne. La télévision publique espagnole n’a pas voulu subventionner mon documentaire. J’ai commencé à le faire sans argent et la télévision catalane m’a finalement aidé à le finir" ajoute la cinéaste.

"Tout seul on n'est rien"

Pour Sandrine Foulon, journaliste à Alternatives économiques, "c’est un film poignant, très fort. Les personnages sont très attachants auxquels on peut facilement s’identifier. Il y a également la dimension de la solidarité, toute une dynamique collective. Un système d’aides se met en place progressivement. On explique aux gens comment initier la procédure, qui existe, et qui va les sauver. On en parle tout le temps, tout seul on n’est rien. Cette évidence, c’est très beau dans le film".

Une très belle image de solidarité qui fonctionne, au coeur de l'une des crises économiques les plus importantes qu'ait connu un pays. Un véritable bras de fer contre une institution dépassée par les événements, et qui comme tous les bras de fer, ne se gagne qu'au finish.
 

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