Route du Rhum : la fin de l’évènement après une édition musclée
Une sacrée dépression et un bel anticyclone, une chose est certaine, la 12e édition de la Route du Rhum était loin d'être une transatlantique de santé. Avec des tempêtes à répétition et des vents dépassant les 70 km/h, la casse n'a pas pu être évitée par tous les participants. Surtout pour les Normands, aux trajectoires de course et aux performances variées. Petit tour de flotte.
Un, deux, trois... Bis repetita ?
Loin d'avoir usurpé son statut de favori dans sa catégorie en classe IMOCA, Charlie Dalin a dominé l'ensemble de ses compétiteurs sur une grande partie de la course en les devançant de plus de 100 miles nautiques. Cependant, lors du complexe embrayage à effectuer pour prendre les alizés, le Havrais a vu sa place menacé par Thomas Ruyant, qui se rapprochait dangereusement à moins de 30 miles nautiques. S'en est suivi un solide coude à coude qui aura tenu tout le monde en haleine jusqu'à la fin pour savoir qui revendiquerait le trône du podium.
« Poulidor », il est difficile pour Charlie Dalin d'échapper désormais au surnom lorsqu'on tient autant que lui à se forger une réputation d'éternel second. Le Havrais avait en effet terminé deuxième dans des scénarios très similaires, lors de la Vendée-Arctique-Les Sables d'Olonnes, du Vendée Globe 2020-2021 ou encore de la Transat Jacques-Vabre.
Le mauvais œil du cyclone s'acharne sur les Granvillais !
Martin Louchart, au début de la course, dans la nuit du 9 au 10 novembre, heurte des récifs. Contraint de faire demi-tour jusqu'à Saint-Malo pour faire état de ses avaries, elles sont jugées trop importantes et il doit abandonner.
De même, grosse frayeur pour Brieuc Maisonneuve, qui était bien parti pour se démarquer en tête des Class 40 dans un départ haut en couleurs. S'il passe comme tout le monde les premières heures de course dans une météo assez engagée, il assiste ensuite Amélie Grassi lors d'un démâtage du voilier de cette dernière et parvient à conserver malgré tout la première place dans sa catégorie, Rhum Multi.
Stupeur : en pleine nuit, Brieuc Maisonneuve disparaît alors de la carte virtuelle de la Route du Rhum. Son navire a chaviré longitudinalement. Heureusement, Brieuc Maisonneuve était à l'intérieur de son navire, préférant les contusions qu'il a subies plutôt que de se retrouver à patauger dans un Atlantique hivernal en pleine nuit. Il est alors secouru par un cargo qui le recherchait à l'aide du Niçois Jean-Pierre Dick, concurrent en Rhum Mono. Ce dernier finit premier de sa catégorie avec une large avance, le sauvetage ne lui aura pas coûté de place.
Dernier Granvillais de la compétition et autre malchanceux, Marc Lepesqueux a su conjurer le mauvais sort. Vétéran des courses en mer, il a plusieurs fois dû abandonner à cause de dommages sur son bateau. Perte d'une quille déficiente, blessure corporelle avant un départ, abordage avec un cargo sourd aux appels... Cette fois-ci, c'était la bonne ! Après s'être éloigné huit ans de la course à voile de haut niveau, Marc Lespesqueux retrouve enfin la joie de participer de bout en bout à la Route du Rhum, sans contretemps. Enfin si l'on met de côté la tempête que tout le monde a subi de plein fouet. Il se qualifie à la 20ème place.
L'incroyable retour de Xavier Macaire
Réalisant un parcours fait de hauts et de bas, on se demande si le Mont-saint-aignanais a bien couru en Class 40 et non pas en montagnes russes. Réalisant un très bon départ, il est considéré au fur et à mesure de la course comme potentiel membre du podium de sa catégorie.
Pourtant, alors deuxième, le bateau de Xavier Macaire s'arrête dans le dernier tiers de la course. Il est alors très vite rattrapé par ses concurrents et se retrouve dans les 15ème-20ème. La cause ? Une voie d'eau et deux fissures, qui, sans nécessiter l'intervention d'une aide extérieure, ont obligé le coureur à ralentir pour effectuer des réparations et ménager la coque. Cependant l'histoire ne s'arrête pas là, puisque Xavier Macaire est reparti d'autant plus vite une fois les avaries contenues. Le normand a formidablement doublé ses rivaux en se qualifiant à la sixième place, après un coude-à-coude très serré avec Antoine Carpentier, dans la dernière ligne droite.
Pendant ce temps, un « vieux loup de mer » cherbourgeois navigue à l'ancienne
Halvard Mabire, était à bord d'un des rares catamarans participant à la course (les trimarans étant régulièrement privilégiés). À son bord, et profitant des rares accalmies, il rédige à son équipe de courts textes. Le marin aguerri y dépeint son attachement aux valeurs de la course à voile telle qu'elle avait été pensée à ses origines. C'est de ce fait qu'il participe dans la catégorie des voiliers « Rhum », qui demeure à ses yeux ce qui se rapproche le plus de l'esprit des anciennes éditions de la célèbre transatlantique.
Dans l'un de ses textes, il déplore l'usage qu'il juge abusif du routage (une assistance aux coureurs fournie par une équipe à terre, qui analyse en permanence toutes les données concernant la météo et le voilier de course). Cette pratique n'a pas été interdite pour les multicoques dans la course. Le doyen normand de la Route du Rhum, fort de quatre éditions (et c'est sans compter toutes les autres courses réalisées), regrette que la course n'ait de solitaire que le nom en autorisant ce genre de procédé.
Le marin expérimenté se qualifie tranquillement quatrième des Rhum Multi. Il a été constant tout du long et les grains ne semblent pas l'avoir affecté plus que cela.
La Route du Rhum c'est aussi une course de semi-professionnels et d'amateurs, une aventure avec des investissements bien plus réduits !
Dans la catégorie des IMOCA on retrouve le Carterais Louis Duc, qui a réalisé une performance très honorable si on prend en considération la qualité de son voilier. Véritable bijou, il est pourtant à distinguer des voiliers à demi-douzaine de millions d'euros sur lesquels courent les champions comme Charlie Dalin. En effet, Louis Duc était à bord du Fives – Lantanna Environnement, un bateau qui a survécu à un incendie et plus de cinq changements de mâts.
Le Carterais a même déposé un louis d'or à la base du nouveau mât, un cadeau de sa grand-mère qu'il a décidé de consacrer à le protéger de la malédiction de son bateau. Un succès ! Il est peut-être temps d'investir dans cette monnaie d'avenir pour les compétiteurs de la Route du Rhum d'ici la prochaine saison ?
Par Mondot Guest
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