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Penser la haine pour y résister

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Si elle n'est pas reconnue et symbolisée, la haine détruit tout sur son passage. La société doit urgemment aider les jeunes à mettre des mots sur cette pulsion qui les traverse.
Béatrice SoltnerBéatrice Soltner

La haine difficilement contenue

Que ce soit dans les discours ou dans les actes, on reste aujourd'hui sidéré par le degré de violence qui peut surgir au coeur de nos sociétés démocratiques. Cette violence, qui prend la forme de la haine envers autrui, émerge de plus en plus régulièrement, après des événements souvent tragiques qui nous bousculent, et remettent en cause notre modèle de société.

La haine, qui habite chacun d'entre nous est aujourd'hui plus difficilement contenue. Elle surgit dans le cadre privé, mais également sur la place publique. Il suffit de penser à certains propos de campagne lors de la récente élection présidenteille française. Cette année, la haine a trouvé sa source dans la sauvagerie de certains faits divers mais aussi après la cruauté des attentats perpétrés par de très jeunes adultes.

Un refoulement de la haine qu'il faut penser

Autrefois refoulée, la colère engendrée par la haine fait désormais partie de notre quotidien. Face à cela, les réactions sont multiples : certains n'hésitent pas à céder aux sirènes de la haine, alors que d'autres choisissent de prôner solidarité et dialogue, y compris lors de périodes troublées, afin que cette haine n'ait pas le dernier mot dans nos sociétés.

Pour la psychanalyste Hélène L'Heuillet, nous assistons ainsi à une levée de refoulement de la haine qu'il est nécessaire de penser, afin d'aider les jeunes générations à ne pas sombrer dans la tentation du nihilisme. 

L'échec de la culture comme tisseur d'émotions

La haine serait donc plus présente aujourd’hui, même après un siècle fratricide, rempli de guerres mortelles. "Ces guerres ont contribué  à la levée du refoulement de la haine. Malheureusement, c’est aussi une leçon à tirer. Auparavant, ce qui bride la haine, c’est le discours. Toute culture, dans une certaine mesure, se donne pour tâche d’articuler deux grandes pulsions humaines : la haine et l’amour" explique Hélène L'Heuillet.

La psychanalyste rappelle que "la vie humaine n’est pas un paradis, mais il y a des possibilités de coexistence". Des possibles aujourd’hui compromis par la libération du discours de la haine. "A partir du moment où cette haine n’est plus tenue, où la  culture est mise en échec dans son travail de tissage des pulsions, alors on assiste à une levée de refoulement et à un discours de haine, dont la rapidité nous surprend, dans des petits faits divers ou des grands attentats".

 

Émission réalisée en septembre 2017

 

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