Paru en mars 2017, le tome II des Œuvres de Martin Luther est publié l'année des 500 ans de la Réforme. C'est le 31 octobre 1517 en effet que Martin Luther a affiché ses 95 thèses contre les indulgences sur la porte de l'église du château de Wittemberg. Au total ce sont plus de 600 titres que le théologien a signés, le tome I de la Pléiade (publié en 1999) propose des textes parus entre 1515 et 1523. Le tome II est une sélection de textes parus entre 1523 jusqu'à sa mort en 1546. Les années de construction de son Église.
OCTOBRE, LE MOIS DU PROTESTANTISME SUR RCF - Octobre 1517-octobre 2017: à l'occasion des 500 ans de la Réforme, RCF, radio œcuménique, consacre le mois d'octobre au protestantisme et vous propose une programmation spéciale. Qui sont les protestants aujourd'hui? Comment le protestantisme a-t-il évolué depuis la Réforme?
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Luther n'a jamais écrit de somme, à la différence d'un Calvin ou d'un Thomas d'Aquin. Ce dont l'édition de la Pléiade rend compte c'est de l'extrême diversité de ses écrits. À partir de 1523 le théologien doit asseoir le protestantisme et exprimer quelle est sa théologie.
La publication de la Pléiade est le fruit d'un important travail, dirigé par Matthieu Arnold et Marc Lienhard. Ce dernier est pasteur en plus d'être un historien et théologien, dont la famille est enracinée en terre alsacienne depuis plus de cinq siècles.
Rejeté par Rome, Luther est excommunié en 1521. Les textes qu'il rédige à partir de 1523 disent sa préoccupation d'établir des églises protestantes. Des questions d'ordre cultuel se posent à lui: quelle forme donner au culte? Qu'est-ce que les sacrements? "Il en conservera que deux", explique Marc Lienhard. Mais parmis ses écrits, se trouvent aussi des textes "de type polémique": lorsqu'il entre en conflit avec certains de ses adversaires catholiques mais aussi protestants.
"Le Luther qui construit son Église, est un homme qui combat sur deux fronts." Et l'historien d'observer que "le ton contre la papauté se fait très dur", avec une certaine verve dans l'écriture, quand le théologien de la Réforme parle en 1545 de la papauté de Rome "instituée par le Diable". Luther se bat aussi contre certains protestants, comme Thomas Müntzer (1489-1525), à qui il reproche de "relativier l'Écriture sainte", d'après Marc Lienhard.
Dans un traité de 1528 adressé aux anabaptises, Luther explique qu'il ne suffit pas d'être contre Rome pour être dans le vrai. Marc Lienhard souligne aussi que dans un texte sur l'Épître aux Galates, Luther écrit à peu près ceci: "Si le pape reconnaît la justification par la foi je suis prêt à lui baiser les pieds". Ce qui doit être compris selon le pasteur comme un "signe de soumission et de respect", et que Luther n'a pas formulé qu'un rejet de la papauté, il y a aussi "un dialogue qui continue".
Historien et théologien, Marc Lienhard est professeur émérite de l'Université de Strasbourg et pasteur de l'ECAAL (Église de la confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine).
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