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Le drame des malgré-nous en BD

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Marcel Grob a vraiment existé. Cet Alsacien a été intégré de force à la Waffen-SS en 1944. Dans sa BD, Philippe Collin raconte l'histoire de son grand-oncle et le drame des malgré-nous.
éditions Futuropoliséditions Futuropolis

"Je savais qu'il avait fait la guerre du mauvais côté..." Le 28 juin 1944, Marcel, un jeune français de 17 ans, est intégré à la Waffen-SS. Il sera l'un des 130.000 Alsaciens et Mosellans que l'on appelle aujourd'hui les "malgré-nous". Dans sa bande dessinée, "Le voyage de Marcel Grob" (éd. Futuropolis), Philippe Collin raconte l'histoire, le drame, de ce grand-oncle et aussi de tous ces adolescents enrôlés de force dans le camp allemand. Une triste page de notre histoire qui est encore sujet tabou en Alsace.
 

Un passé familial encombrant

Sur les 130.000 malgré-nous, la plupart ont été intégrés à la Wehrmacht, c'est-à-dire l'armée régulière allemande" ; mais 10.000 ont été intégrés à la Waffen-SS, "l'armée nazie". "Je savais qu'il avait fait la guerre du mauvais côté, mais dans la Wehrmacht, raconte Philippe Collin, et à 20 ans j'ai appris que non : il était dans la Waffen-SS." Un drame, pour celui qui, enfant et adolescent avait beaucoup fréquenté ce grand-père de substitution. À cette époque, en effet on pensait que les membres de la Waffen-SS étaient forcément des engagés volontaires, "ce qui sous-entendait d'embrasser l'idéologie national-socialiste". 

Face au "mutisme" et à ce qu'il interprète comme un "défaussement" de la part de son grand-oncle, Philippe Collin a fini par rompre tout lien. C'était en 1997, et quand il est mort en 2009, il n'a pas assisté aux funérailles. "Je n'ai jamais revu Marcel... je ne voulais pas aller aux obsèques d'un Waffen-SS." 
 

Un récit pour réparer

Seulement voilà, Marcel Grob a été comme ces milliers de gamins confronté à "un choix atroce". À 17 ans, "choisir" entre s'engager dans l'armée allemande et trahir son camp ou refuser de s'engager et exposer sa famille - frères, sœurs, parents, grands-parents, etc. - aux représailles. Ce que Philippe Collin nomme ni plus ni moins "kidnapping". "Je pense que c'est un kidnapping car le système nazi imposait au gamin un choix atroce.... Évidemment 98% des gamins y sont allés." 

Ce n'est que plus tard que le petit-neveu se rendra compte de son erreur à propos de Marcel Grob. De son "effroyable erreur". Quand, en 2012, il tombe un peu par hasard sur le livret militaire de son oncle et son dossier nazi. Il comprend : "Je l'avais méjugé, jugé trop vite." 

La bande dessinée qu'il entreprend dès 2013 est "un récit pour réparer". Une histoire personnelle qu'il a élargie à tous les autres gamins "kidnappés". L'histoire ne cache pas non plus que certains Alsaciens, entre 7 et 8.000, ont été des engagés volontaires. 

 

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