Le CHU d'Angers lance une étude nationale sur les morsures de chiens au visage chez l'enfant
Le CHU d’Angers lance une étude nationale sur les morsures de chiens au visage chez l’enfant, qui ont explosé pendant le confinement.
L’hôpital a recensé six morsures en avril 2020, soit autant en un mois qu’en un an d’habitude, et cela se poursuit : il y en a encore eu quatre rien que ces dix derniers jours.
Dix morsures en trois mois
Est-ce une coïncidence ou s’agit-il vraiment de l’effet du confinement ? Pour le savoir, le CHU d’Angers a demandé aux hôpitaux de toute la France de faire remonter leurs statistiques en la matière.
22 établissements ont répondu à cet appel. On connaîtra les résultats de cette étude nationale dans quelques mois, mais le CHU d’Angers appelle dès maintenant à la prudence pour éviter de nouvelles morsures.
L'effet du confinement ?
Dans la plupart des cas, c’est le chien de la famille qui a mordu l’enfant. « Un chien bien éduqué, et qui n’avait jamais posé de problème auparavant », constate le docteur Alexis Kahn, chirurgien maxillo-facial au CHU d’Angers et coordinateur de l’étude.
Pour lui, c’est le confinement qui a changé la donne. « Le fait d’être confinés implique d’avoir les enfants, les parents et le chien en même temps au même endroit. Ce changement-là crée une irritabilité et une anxiété, à la fois chez les hommes et chez les animaux, et cela augmente le risque de morsure. »
Les jeunes enfants sont d’autant plus touchés qu’ils ne savent pas reconnaître les signaux de menace du chien et que leur tête est à portée de sa gueule.
Des séquelles à long terme
Les conséquences de telles morsures peuvent être graves, puisqu’elles concernent des zones sensibles : les yeux, le nez, la bouche. Il y a des risques d’infection liés à la bave du chien, voire de paralysie si les nerfs sont touchés. Elles laissent aussi des cicatrices sur le visage.
« Les séquelles esthétiques et fonctionnelles sont importantes, d’autant plus qu’elles touchent le visage, une partie du corps que tout le monde voit », souligne le docteur Alexis Kahn.
Il peut aussi y avoir des conséquences psychologiques à long terme. « L’enfant peut présenter des phobies, que ce soit des chiens ou de sa propre image, un état de stress post-traumatique ou des troubles du comportement ou du sommeil. »
Des conseils de prudence
Pour éviter de nouvelles morsures, le CHU d’Angers a fait appel à une vétérinaire comportementaliste pour dispenser des conseils de prudence.
« Ne pas caresser un chien sans l’avoir appelé, ne pas le poursuivre ou le brutaliser, ne pas lui tirer la queue ou les poils, ne pas le surprendre pendant son repas ou lorsqu’il est dans son panier, ne pas lui retirer un objet ou de la nourriture de la gueule… » énumère Alexis Kahn.
« Et surtout, ne pas le laisser seul avec un enfant en bas âge, qui est clairement un âge à risque », rappelle le chirurgien. Sans oublier bien sûr de promener son chien deux fois par jour, mais aussi de lui laisser des moments de calme et de solitude.
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