"Jusqu'au dernier moment il a eu des projets, il est resté l'homme qui dessine que j'avais rencontré et aimé jusqu'au bout. C'était toute sa vie finalement." Ainsi Benoît Peeters rend-il hommage à l'artiste JirÅ Taniguchi. Il n'avait que 69 ans quand, samedi 11 février 2017, la mort l'a emporé. Elle a surpris tous ceux qui - et ils sont nombreux - admiraient son talent. Le mangaka japonais luttait depuis deux ans contre un cancer. En 2012, Benoît Peeters avait publié un livre d'entretien avec lui "L'Homme qui dessine - Entretiens avec Jirô Taniguchi" (éd. Casterman). Aujourd'hui, il lui rend hommage.
On recense à peu près 15.000 planches de dessin, mais le nombre est en réalité difficile à évaluer tant son œuvre est considérable. Comme beaucoup d'auteurs japonais, JirÅ Taniguchi, né en 1947, a débuté comme assistant. L'un des grands maîtres auprès desquels il a appris est Kazuo Kamimura (1940-1986) - le festival de la BD d'Angoulême lui a d'ailleurs consacré une exposition en 2017. Mais peu à peu le jeune Taniguchi s'est distingué par son propre style. C'est surtout une fois la quarantaine venue qu'il a trouvé son style, très influencé par la BD occidentale. Une approche "surtout graphique", pour celui qui ne parlait pas le français et très peu l'anglais.
Il a donné aux Français une image du Japon que l'on aime. Plus encore qu'au Japon, où il reste un mangaka parmi d'autres, Jirô Taniguchi bénéficie en France d'une incroyable aura. "C'est vrai qu'il y a eu une histoire d'amour entre la France et Taniguchi, probablement parce qu'il a correspondu à une idée du Japon que nous aimons." Notamment, grâce à "Quartier lointain" (éd. Casterman, 2002), il a aussi donné une nouvelle image du manga, avec des personnages plus subtils.
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