La famille lasallienne, ce sont près de 3.700 frères dans le monde, près de 90.000 enseignants, laïcs, éducateurs et collaborateurs, environ 1.000 centres éducatifs, dont 70 universités et plus d'un millions d'étudiants. 300 ans après la mort de Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), fondateur des Frères des Écoles chrétiennes canonisé en 1900, ses intuitions en matière d'éducation restent pertinentes. À l'occasion de cet anniversaire, Bernard Hours publie "Jean-Baptiste de La Salle - Un mystique en action" (éd. Salvator).
Par ses préoccupations pour l'éducation des jeunes issus de milieux populaires, Jean-Baptiste de La Salle est finalement assez représentatif de son temps. Au XVIIe siècle en effet, c'est là l'un des grands sujets de l'époque. Reste que cet ecclésiastique a fait preuve d'originalité et d'innovation en matière d'éducation. "Tout en paraissant dans les clous, il ne fait rien comme les autres."
L'intérêt de Jean-Baptiste de La Salle pour l'éducation est survenu très progressivement. Notamment quand son cousin Nicolas Roland (1642-1678), le fondateur des sœurs du Saint Enfant Jésus à Reims, a fait de lui son exécuteur testamentaire, le chargeant d'obtenir la reconnaissance légale de l'institution. Peu à peu c'est une véritable vocation pour l'éducation qui s'est fait jour chez Jean-Baptiste de La Salle. "Il aurait pu être un pieux chanoine, prêchant, disant la messe, confessant, faisant de la direction de conscience." Un statut de chanoine auquel il a renoncé pour se consacrer à l'éducation.
Issu de la très haute bourgeoisie, Jean-Baptiste de La Salle appartenait au petit cercles des familles qui tenaient la ville de Reims. Sa piété et son goût pour les choses de l'Église ont incité ses parents à l'orienter vers la carrière ecclésiastique. ÂÀ 11 ans, il a reçu la tonsure : "ce qui va permettre à ses parents de briguer pour lui des bénéfices ecclésiastiques, dès 16 il est chanoine dans la cathédrale de Reims". Ce n'est qu'à 27 ans, en 1678, qu'il a été ordonné prêtre après avoir été formé à Paris.
L'intérêt de Jean-Baptiste de La Salle pour l'éducation vient aussi de son milieu : un milieu dévot, pieux, "sincèrement soucieux de ses responsabilités sociales, et notamment l'éducation". Bernard Hours rappelle qu'il s'agit aussi d'"une manière d'évangéliser et de maintenir et de protéger l'ordre social".
À Paris, les Frères des Écoles chrétienne, congrégation qu'il fonde en 1682, éprouvent leur modèle scolaire développé à Reims. Ce qui ne se fait pas sans difficultés : "leur modèle scolaire dérange." Prioritairement destinées aux pauvres, ses écoles admettent aussi des enfants issus de familles qui ne sont pas pauvres.
Tenir l'école gratuite : la vocation des Frères des Écoles chrétiennes. C'est en tout cas la formule qui restera dans tous les vœux que prononceront les frères. "C'est là l'une des originalités fondamentales Jean-Baptiste de La Salle", car si à l'époque moderne, la vocation religieuse a pour visée le salut, là "on ne vient pas pour faire son salut, on vient pour tenir l'école gratuite".
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