Guerre de religion, guerre sacrée... Pourquoi mettons-nous Dieu dans les conflits?
Jeudi 25 janvier a lieu la Nuit de la théologie, à Lyon, dont RCF est partenaire. Un événement conçu et organisé par la Villa Gillet et l'Institution des Chartreux dans le cadre de la Nuit des idées. Entre 18h30 et minuit, sont proposés trois conférences-débats sur trois thèmes différents, dont 'La violence dans les textes sacrés'. Un thème qui forcément interroge si l'on se penche sur l'actualité, mais aussi quand on considère la place des religions dans les conflits passés.
'Tous ces massacres terribles qui caractérisent les guerres de religion ont cette pulsion première d'essayer de substituer à l'homme tueur le nom de Dieu lui-même'
Guerres de religion...
Dans 'Le tourment de la guerre' (éd. L'Iconoclaste), Jean-Claude Guillebaud '[se] met un peu en en colère' contre une tendance actuelle, 'presque une mode médiatique', de 'désigner tous les conflits comme des conflits confessionnels religieux, même quand il ne le sont pas du tout dans leurs origines'. L'essayiste, qui a été lui-même correspondant de guerre pendant près de 30 ans, explique que 'très souvent, des guerres qui n'ont rien de religieux à leur débuts le deviennent car la religion est enrôlée, embarquée dans l'aventure contre son gré'. Et même, selon lui, 'dire que le mal vient du religieux c'est assez ridicule...'
... ou guerres sacrées ?
'Tous ces massacres terribles qui caractérisent les guerres de religion ont cette pulsion première d'essayer de substituer à l'homme tueur le nom de Dieu lui-même', comme l'explique Denis Crouzet, dont l'ouvrage 'Dieu en ses royaumes' (éd. Champ Vallon) a été réédité en 2015. L'historien parle ainsi d'une 'sacralité de la violence' où il s'agit de 'purifier le monde', que l'on a vu réapparaître lors d'autres conflits. 'D'autres guerres qui peuvent apparaître comme non religieuses, comme la guerre nazie, renvoient à une sorte de pulsion sacrée, où le sacré n'est plus Dieu mais la race.'
Un chrétien peut-il faire la guerre ?
Dans les premiers temps du christianisme (Ier - VIè siècles), les Pères de l'Église étaient 'dans l'ensemble opposés à l'engagement des chrétiens dans l'armée, à la présence de chrétiens dans l'armée, et à la conversions des soldats au christianisme', observe Fr Philippe Henne. Des réticences liées principalement au statut des soldats dans la société antique, où l'armée est le socle de l'organisation étatique. Le dominicain auteur de 'Servir Dieu dans l'armée' (éd. Cerf) explique que l'empereur Constantin a essayé 'petit à petit de christianiser son armée'. Mais non sans une certaine ambiguïté quant à l'obéissance exigée vis-à-vis de l'empereur ou des évêques...
Plus tard - et même si les épisodes tragiques des guerres de religion ont masqué cette réalité - le rôle de l'Église aura été de contenir la violence. C'est à elle que l'on doit d'avoir entretenu l'image du soldat idéal, du chevalier protecteur de la veuve et de l'orphelin immortalisée par les personnages d'Ivanhoé ou de Lancelot. 'Une image créée et développée par l'Église pour canaliser l'énergie dévorante de cette classe dont le métier était de guerroyer', convient Denis Crouzet. 'L'Église chaque fois a prêté sa main à ce souci de limiter la violence voire de l'interdire, rappelle Jean-Claude Guillebaud, elle a eu une action constamment pacificatrice.'
Émission enregistrée en duplex avec RCF Nord de France
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