Liège
FIFCL 2013: Gérard Lanvin « Acteur, ce n’est pas un métier, c’est une solution »
Gérard Lanvin, c’est une gueule du cinéma français, un visage puissant, entre boxeur et séducteur. Remarqué dans « Une étrange affaire » en 1982, qui lui valut le prix Jean Gabin, il s’impose rapidement comme un des acteurs les plus populaires de France, connu tant pour son talent que pour sa gouaille et son franc-parler.
Ce samedi soir, Gérard Lanvin était l’invité du 8e Festival International du Film de Comédie de Liège pour une rencontre avec le public. Un public qui n’est pas prêt d’oublier cette soirée exceptionnelle frappée du sceau de quelques invités hors norme.
« Au départ, on croit que ça va durer deux ou trois films. Et à l’arrivée, on se dit qu’on a fait ça toute sa vie. J’ai eu la chance de plaire et d’être populaire. Je suis très heureux de revoir tout ça (Ndlr : à travers les extraits projetés dans la salle) ».
Le café de la gare
Heureux d’être là, Gérard Lanvin se souvient alors de ses débuts, au théâtre : « Tout a commencé au Café de la Gare, ce café-théâtre fondé par Romain Bouteille. C’était notre papa à tous. Il a permis à des gars comme Patrick Dewaere, Coluche et les autres d’exister. Puis est arrivé Martin Lamotte ».
Renaud
Pourtant, ces rencontres ont parfois eu des conséquences inattendues : « Il y a eu Renaud, poursuit Gérard Lanvin. Le hic, c’est qu’il est parti avec ma femme, Dominique ! Bon, Dominique et moi, on s’est mariés très jeunes, elle avait 17 ans et moi 18. Ça faisait dix ans qu’on étaient ensemble et on devait probablement passer à autre chose. La séparation s’est donc bien passée. Renaud a chanté dans notre théâtre de 150 places. Et comme il s’est installé avec ma femme, j’ai dû déménager chez Michel (Ndlr : Coluche), qui était comme un frère pour moi. On a vécu ensemble pendant dix ans ».
Coluche
Coluche, qu’il a connu aux Puces où Gérard Lanvin tenait un stand d’articles et vêtements pour fanas de Harley Davidson, lui a offert son premier rôle au cinéma avec « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » (1977) où il incarnait le chevalier blanc : « Je jouais ce chevalier qui avaient de grosses… burnes ! Je ne vous racontes pas l’effet pour un début au cinéma : ah, c’est toi qui jouais ce chevalier blanc… » Chômage garanti pour la suite de ta carrière !
Cannes
Il y eut ensuite deux films sélectionnés à Cannes, en 1980, « Extérieur Nuit » de Jacques Bral, et « Une semaine de vacances » de Bertrand Tavernier, avec Nathalie Baye : « Le second des deux films était en sélection officielle, se souvient, le sourire malicieux en coin, l’invité du jour. Moi, j’étais habillé comme toujours, je n’avais pas la tenue requise pour monter les marches. Et du coup, on ne voulait pas me laisser entrer ! C’est Bertrand (Ndlr : Tavernier) qui m’a filé son nœud papillon ! Et lui, il s’est débrouillé pour entrer. Mais il était connu, lui ! Je ne suis pas fait pour ça ».
Citons encore « Le goût des autres » d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (« Ce fut un plaisir d’avoir Jean-Pierre comme partenaire »), et « Marche à l’ombre » de et avec Michel Blanc, en 1984 : « Ce film a fait 6 millions d’entrées, un carton ! Je me souviens que le jour de sa sortie en salles, je tournais « Les Spécialistes » de Patrice Leconte avec Bernard Giraudeau. J’attendais les chiffres des entrées du premier soir. Ce fut un triomphe ».
Marche à l’ombre
Puis de revenir sur l’origine du titre du film : « Marche à l’ombre, c’est une expression qu’on avait l’habitude de sortir entre potes quand on terminait une conversation téléphonique, on disait : bon salut et marche à l’ombre. Je devrais revendiquer des droits d’auteur pour le titre de la chanson du film que Renaud a écrite. Oui, Renaud, encore lui (grand sourire) ! ».
Tout au long de sa carrière, Gérard Lanvin a tourné des films autres que des comédies, des films plus durs comme « Le choix des armes » d’Alain Corneau, « Les Lyonnais » d’Olivier Marchal et « Tirs groupés » de Jean-Claude Messiaen avec Véronique Jeannot : « Notre fantasme à tous, à l’époque ! »
Le vieillissement
Comme pour tout le monde l’âge est là. Gérard Lanvin se confie : « Si je suis resté en bonne forme physique, c’est que j’ai fait beaucoup de sport. J’ai joué au rugby pendant vingt ans. Mais ça laisse des traces, arrive un moment où vous ne pouvez plus faire ce que vous faisiez vingt ans plus tôt. De jeunes acteurs vous poussent petit à petit vers la sortie. On dit volontiers que les balais neufs balaient mieux que les vieillissants ! Mais les jeunes, ils vous apportent quelque chose de neuf qu’il faut prendre. Cela dit, on dépend avant tout du désir des autres. Acteur, ce n’est pas un métier, c’est une solution ».
Le Boulet et Poelvoorde
Enfin, comment ne pas évoquer « Le Boulet » d’Albert Berbérian et Frédéric Forestier aux côte de Benoît Poelvoorde, en 2002 ? « On a tourné que ce seul film-là ensemble, mais quel souvenir ! Sur le tournage dans le désert, ça picolait ferme, on descendait des lignes (sic) ! Eh, attention, après le travail, hein ! »
Au détour d’une anecdote faite de sushis avariés mangés avec Poelvoorde sur un plateau de télé suisse, notre Poelvoorde national déferla sur la scène avec des sushis… frais ! Une surprise doublée de la venue de notre autre star nationale, Jean-Claude Van Damme en personne (« nous avons fréquenté la même salle de sports ») pour lui remettre son Taureau d’or pour l’ensemble de sa carrière. Le tout en présence également du réalisateur Olivier Marchal.
Bravo à Philippe Reynaert, l’animateur de cette rencontre, pour avoir orchestré cette magnifique soirée, pleine de surprises pour l’invité comme pour le nombreux public.
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