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Expériences de mort imminente (EMI) : qu'est-ce que "l'être de lumière" ?

Expériences de mort imminente (EMI) : qu'est-ce que "l'être de lumière" ?

Un article rédigé par Sophie de Villeneuve, Odile Riffaud - RCF, le 30 novembre 2023  -  Modifié le 6 décembre 2023
Où va la vie ? La bioéthique en podcast La médecine et les expériences de mort imminente (EMI) (1/3)

"C’était une silhouette qui dégageait une puissance lumineuse incommensurable." On résume souvent l'expérience de mort imminente (EMI) à l'image d'une lumière au bout du tunnel. Ce n'est pourtant pas un bon critère pour définir une EMI au regard de la science, contrairement au fait de rencontrer un "être de lumière". Dès lors, on peut être tenté de projeter ses croyances. Est-ce une vision de Dieu ? Une EMI est-elle une expérience mystique ? Un avant-goût du paradis ?

Parmi les critères scientifique pour identifier une EMI, on retient la rencontre avec "un être de lumière" ©Unsplash Parmi les critères scientifique pour identifier une EMI, on retient la rencontre avec "un être de lumière" ©Unsplash

 

Les expériences de mort imminente (EMI) n’ont rien de sulfureux ou de surnaturel pour la science. Elles sont même étudiées très sérieusement depuis de nombreuses années un peu partout dans le monde. Elles sont pourtant entourées de merveilleux car les récits qu’en font ceux qui les ont vécues laissent parfois penser à des expériences mystiques ou même à une traversée du paradis, et parfois de l’enfer. Il est question de retrouver un proche défunt, de sortir de son corps, de rencontrer "un être de lumière"… Comment interpréter ces témoignages ? Qu'en dit la science ? Et comment poser un regard chrétien sur les EMI ?

 

Qu’est-ce qu’une expérience de mort imminente ?

Ce qui caractérise une EMI ce sont "des souvenirs d’expérience exceptionnelle, vive et réaliste, qui sont susceptibles de modifier la vision du monde du sujet qui les éprouve", décrit Jean-Pierre Rospars, directeur de recherche en neurobiologie à l’INRA. Les EMI se produisent dans des circonstances "extrêmement variées". "C’est souvent en relation avec un danger de mort mais ça peut être uniquement la pensée qu’on est en danger de mort, par exemple lors d’une chute ou au cours d’une maladie qui n’est pas mortelle en elle-même."

On peut vivre une EMI lorsqu’on est en situation d’isolement, de dépression ou encore de méditation, et même sans raison apparente… Ce qui fait dire à Jean-Pierre Rospars que "l’appellation courant d’expérience de mort imminente n’est pas correcte". Pour savoir si la personne a vraiment vécu une EMI, il existe un test : l’échelle de Greyson. Il faut répondre à 16 questions, pour lesquelles il y a trois réponses possibles. Chaque réponse correspond à un certain nombre de points. "On dit qu’il y a EMI si la note est supérieure ou égale à 7." 

 

Sortir de son corps

On résume souvent l’EMI à la vision d’une lumière au bout du tunnel. Or cette image n’est pas caractéristique d’une EMI, elle n’apparaît d’ailleurs pas le test de Greyson. Pus caractéristique en revanche, le fait d’avoir rencontré "un être de lumière" ou d’avoir retrouvé des parents décédés. 

Et aussi l’impression d’être sorti de son corps. Ce que l’on appelle "l’expérience de sortie hors du corps" ou OBE (pour Out Body Experience) est le seul élément que l’on peut vérifier scientifiquement. "Je suis sortie de mon corps suite à l’accident et j’ai pu raconter et vérifier alors que j’étais dans le coma et que j’avais les yeux fermés, auprès de médecins, de mon père, d’ambulanciers d’anesthésistes, ce qui s’était passé réellement", témoigne Christine Clémino, qui a vécu une EMI. Elle a fondé la plateforme d’écoute EMI Internationale.

 

C’était une silhouette qui dégageait une puissance lumineuse incommensurable. Un amour qui m’a laissé une empreinte à jamais

 

Rencontrer un "être de lumière"

"Je ne pourrais pas dire si c’était un homme ou femme, raconte Christine Clémino, mais en tout cas c’était une silhouette qui dégageait une puissance lumineuse incommensurable. Un amour qui m’a laissé une empreinte à jamais." 

Qui est cet "être de lumière" ? Les chrétiens peuvent être tentés de croire qu’il s’agit de Dieu… Des études ont montré qu’au Japon une infime minorité de personnes font cette rencontre. Cela laisserait supposer que ce qui est vécu lors d’une EMI correspondrait à l’aire culturelle du sujet.

 

→ À LIRE : Qu'y a-t-il après la mort pour les chrétiens ?

 

Une image de l’enfer ?

La plupart des EMI sont vécues comme des expériences positives. Toutefois, on peut la vivre comme une épreuve douloureuse. Christine Clémino a connu les "deux versants de l’expérience" : "le côté lumineux, joyeux, rassurant" mais aussi "l’autre facette". "Là, j’ai été face à mes peurs et mes colères les plus profondes, les plus inconscientes, qui sont remontées à ma conscience."

Une étude récente de l’université de Liège a montré qu’environ 15% des EMI sont décrites comme des expérience négatives, souligne Jean-Pierre Rospars. Certains ont vécu "des EMI positives" mais marquées par la peur. D’autres parlent "d’expériences infernales" avec la vision "d’êtres maléfiques". D’autres enfin ont décrit "une impression d’un néant, d’un vide absolu et éternel extrêmement angoissant pour celui qui le vit".

Une description qui rejoint les souvenirs de Christine Clémino. "J’ai eu cette sensation de néant, où je perds mes repères, je suis dans un espace noir, sans paroi, sans limite. J’ai eu cette peur de tomber à l’infini. Et j’ai été face à des créatures qui voulaient me détruire et m’anéantir et m’amener dans leur haine."

 

On est face à des situations qui sortent de notre expérience commune. Est-ce que ça nous dit quelque chose de ce qui se passe vraiment après la mort ? C’est quelque chose qui est questionnable

 

L’EMI est-elle un avant-goût de la mort ?

Les EMI existent dans toutes les cultures et on en a des témoignages depuis l’Antiquité. "C’est quelque chose aussi qui traverse toute l’histoire de l’humanité", décrit le Père Éric Charmettant, prêtre jésuite, professeur de philosophie au Centre Sèvres - Facultés jésuites de Paris. "On est face à des situations qui sortent de notre expérience commune, admet-il. Est-ce que ça nous dit quelque chose de ce qui se passe vraiment après la mort ? C’est quelque chose qui est questionnable."

On serait tenté de rapprocher l’EMI d’une expérience mystique. Mais le jésuite se montre prudent car "les conditions d’apparition de l’expérience sont assez différentes". Ce qui semble évident, c’est que l’EMI relève d’une "perception élargie" des choses, où même des personnes aveugles de naissance perçoivent des choses de l’ordre de la vision.

 

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Où va la vie ? La bioéthique en podcast

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