Être critique ou positif… ?
Dans notre société hypermédiatisée, je trouve qu’on a un peu trop tendance à parler de ce qui ne va pas, alors qu’on s’abstient d’évoquer et de valoriser ce qui fonctionne bien. Ce n’est pas de nature à donner le moral aux citoyens, empêtrés dans une épidémie qui n’en finit pas de s’éteindre.
Ainsi, les candidats à l’élection présidentielle ont-ils déjà commencé à s’étriper autour de vaines querelles sur des sujets qui sont sans réel enjeu pour l’électeur – le dernier exemple en date étant l’affaire du drapeau sous l’Arc de triomphe – rares sont ceux dont le programme équilibre les bonnes nouvelles et les critiques fondées, les diagnostics pertinents et les solutions appropriées. On a également le sentiment que trop de gens avalisent, sans discuter, le point de vue de ceux qui ont pour credo dans la marche des affaires : « on socialise les pertes et on privatise les profits ».
La critique est aisée, mais l’art est difficile. C’est sans doute la raison – facilité oblige – qui nous vaut des tombereaux de commentaires sur les désordres, les conflits, les catastrophes humaines ou naturelles, les coups foireux, qui affligent notre temps.
Deux inconvénients à cette attitude et à cet état de choses :
- Ça ne laisse que peu de place aux bonnes nouvelles,
- Ça contribue à saper le moral des citoyens qui n’en demandent pas tant pour regarder l’avenir avec confiance.
Philippe Geluck fait dire à son chat-fétiche dans une vignette de Noël : « Par les temps qui courent, je vous dirai bien d’être positif, mais ça met le bousin ». Voilà une valeur à cultiver pour conserver un regard optimiste et bienveillant : le sens de l’humour.
Parmi les secteurs qui sortent vainqueurs de la période, il y a l’édition. Je chanterai donc le livre, remède indispensable au confinement et au combat contre le tout numérique. Avec la pandémie, l’édition et la librairie ont connu une année forte en 2021 :
- Le secteur est en hausse de près de 20% dans les chiffres de vente des deux professions. Dans le secteur culturel, le livre est un produit qui profite à plein de la crise sanitaire.
- Les confinements successifs, le fait que les libraires aient bénéficié du label « commerce essentiel », le pass culture (doté de 300€) accordé aux jeunes de plus de 18 ans - étudiants on non – tout a contribué à propulser les ventes de livres et de bandes dessinées à des hauteurs insoupçonnées. Ce dernier facteur est encourageant : le désir de lecture s’est manifesté avec gourmandise chez les jeunes Français.
On ne peut que se réjouir de cet appétit nouveau qui les amène à lire et à se divertir autrement que devant les écrans. Réaliser qu’on peut lire une pièce classique ou un roman moderne avec un livre en 3D dans les mains, au lieu de passer par le support d’une tablette, a sans doute été une découverte pour beaucoup et restera pour eux un acquis culturel.
Le livre est devenu une valeur refuge et les librairies sont des espaces de plus en plus fréquentés. On y croise même des auteurs étonnants de créativité et de comportement. Ainsi, le globe-trotter Sylvain Tesson, auteur de « la panthère des neiges ». Invité de la librairie Mollat à Bordeaux, au cours de la crise sanitaire, il a donné une conférence et présidé une séance de signatures pour ses nombreux lecteurs- admirateurs. Une réception était donnée en son honneur au 4e étage de l’immeuble, il dit à son hôte : « Ne m’attendez pas, je vous rejoins, je passe par l’extérieur… » Et le voilà qui escalade le mur, les étages, la gouttière, les terrasses, pour se présenter fringant et hilare à la fenêtre du 4e étage, lieu de la collation.
C’était en été, il faisait grand beau, il avait bien mérité le toast du conquérant de l’inutile et pouvait se féliciter, in petto, de n’avoir pas fait le déplacement pour rien. Encore une victoire du livre, mais aussi d’un représentant sportif des auteurs.
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