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Emmanuel Mounier, le philosophe qui a pensé le rôle des catholiques dans le monde

Emmanuel Mounier, le philosophe qui a pensé le rôle des catholiques dans le monde

Un article rédigé par Sarah Brunel, avec O.R. - RCF, le 2 avril 2025 - Modifié le 3 avril 2025
DialogueEmmanuel Mounier, le courage d'être chrétien 1/2

Emmanuel Mounier est né il y a 120 ans, le 1er avril 1905. Philosophe catholique, il a considéré que le rôle des chrétiens était d'entrer en dissidence dès lors que le pouvoir établi instrumentalisait la puissance spirituelle du christianisme.

Fondateur de la revue Esprit, Emmanuel Mounier avait "un esprit Vatican II" avant l’heure... © Éditions SalvatorFondateur de la revue Esprit, Emmanuel Mounier avait "un esprit Vatican II" avant l’heure... © Éditions Salvator

Emmanuel Mounier est né il y a 120 ans, le 1er avril 1905. Pionnier du courant personnaliste, le philosophe, qui a connu les totalitarismes et la Seconde Guerre mondiale, a pensé le rôle des chrétiens dans la société. À une époque de montée du capitalisme libéral, il a considéré que les chrétiens devaient être "une forme de dissidence, quand le pouvoir établi cherchait à instrumentaliser la puissance spirituelle du christianisme".

C'est ce que nous explique Foucauld Giuliani, professeur de philosophie et fondateur du café-atelier "Le Dorothy" à Paris. Il a signé l'introduction d'une édition récente de L'Affrontement chrétien (éd. Salvator, 2023). Il est aussi l'auteur de La Vie dessaisie - La foi comme abandon plutôt que la maîtrise (éd. Desclée de Brouwer, 2022) et co-auteur de La communion qui vient - Carnets politiques d'une jeunesse catholique (éd. Seuil 2022).

Qui est Emmanuel Mounier ?

Issu de la petite bourgeoisie catholique, Emmanuel Mounier (1905-1950) a grandi près de Grenoble, où il a suivi des études de philosophie. Il n’avait pas 30 ans quand il a fondé la revue Esprit, la grande œuvre de sa vie. 

Esprit, revue d’inspiration catholique mais non confessionnelle, a rapidement connu un certain succès. Des penseurs de sensibilités différentes et de confessions spirituelle diverses y ont contribué. En cela la revue qui existe toujours aujourd'hui au connu avant l'heure "un esprit Vatican II" , selon Foucauld Giuliani.

Emmanuel Mounier était un catholique engagé. Mais "pas un nostalgique de la perte du pouvoir de l’Église", décrit Foucauld Giuliani. "C'est quelqu’un qui vraiment est ouvert à son temps."

Le catholicisme d'Emmanuel Mounier

Mounier considérait la pensée chrétienne comme une ressource "pour être capable d’apporter une lumière" à ses contemporains et "dessiner des lignes d’engagement". Aussi, ce qui caractérise sa pensée, c’est "une attitude de confiance vis-à-vis du présent". Sans nier les problèmes posés par la modernité, Mounier entretenait "une attitude fondamentale existentielle : celle de la confiance".

Écrit durant l’hiver 43, son livre L’Affrontement chrétien est un texte vigoureux, utile à relire aujourd’hui. Emmanuel Mounier pose en effet une question majeure : dans quelle mesure le christianisme peut-il participer au renouvellement de la société ? De quelle forme de vie, de quelle civilisation peut-il être porteur ?

Le philosophe va à l’encontre de l’idée selon laquelle le christianisme serait la religion des lâches. Et la charité chrétienne une forme de mollesse. De ce fait, Emmanuel Mounier répond notamment au philosophe allemand Friedrich Nietzsche (1844-1900) qui, lui, dénonçait le caractère passif, maladif, voire aliéné du christianisme, dans une critique très radicale.

Il y a vraiment cette idée que la grâce est à l’œuvre dans l’histoire et qu’il ne faut pas chercher à la contrôler par le haut, par le pouvoir

La "révolution spirituelle" chez Mounier

La "révolution spirituelle" est un concept phare dans la pensée d’Emmanuel Mounier. Pour lui, "la modernité capitaliste et libérale, par une sorte de tendance naturelle, inhérente à elle, déspiritualise le lien social", explique Foucauld Giuliani. 

Selon le pionnier du personnalisme, il faut donc "remettre de l’âme dans un corps institutionnel qui, mécaniquement, se vide d’âme". Mais le chrétien ne doit pas "s’acoquiner avec le pouvoir établi". Il est au contraire appelé à être "une forme de dissidence, quand le pouvoir établi cherche à instrumentaliser la puissance spirituelle du christianisme".

Le spirituel est pour Mounier "une sorte de capacité de discerner dans le temps présent où est la grâce". Il y a chez lui "cette idée que la grâce est à l’œuvre dans l’histoire et qu’il ne faut pas chercher à la contrôler par le haut, par le pouvoir."

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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