Le Diable, on croit que c’est une figure des temps anciens, venue du Moyen Âge. On a l'impression qu'il est absent de notre société contemporaine, ou que lorsque l'on en parle c'est pour s'en amuser. C'est à ce demander à quoi a servi cette figure tout au long des siècles passés. La question intéresse l'historien Philippe Martin, spécialiste des superstitions. Il a co-écrit "Rencontres avec le Diable - Anthologie d'un personnage obscur" (éd. Cerf).
On le représente souvent comme un être affreux, mi-homme mi-animal, parfois avec des cornes, une queue ou des griffes. Parfois sous la forme d'un bouc ou d'un personnage lubrique. Le Diable, on croit que c’est une figure des temps anciens, venue du Moyen Âge. Pourtant, aujourd’hui, 35.000 personnes disent appartenir à une église satanique.
Parallèlement, il existe encore aujourd’hui toute une littérature qui se moque du Diable, qui en fait un personnage comique, amoureux. "Aujourd'hui on a l'impression qu'il est absent ou que l'on s'en amuse", observe l’historien Philippe Martin. Cet historien spécialiste des superstitions est le co-auteur de "Rencontres avec le Diable - Anthologie d'un personnage obscur" (éd. Cerf). Dans son livre, il cherche à savoir à quoi a « servi » la figure du Diable tout au long des siècles passés ?
"Les époques moderne et contemporaines sont les grandes périodes du Diable", observe Philippe Martin. C’est "La Divine comédie" de Dante, qui, dès le XIVe siècle a modelé l’imaginaire européen. Dante Alighieri fait partie des auteurs qui ont rendus accessibles les travaux des théologiens. Théologiens qui se sont très tôt penchés sur la question du mal : si Dieu est bon, pourquoi tolère-t-il le mal ? Est-ce que le mal existe en dehors de Dieu ?
La question peut sembler provocante. "Le Diable est une création européenne, né dans un contexte judéo chrétien occidental : il est juif, puis chrétien", répond l’historien. Il existe dans les autres religions « des éléments négatifs » comme les loas à Haïti, le tromba à Madagascar, le zar en Ethiopie ou encore Iblis dans le Coran. "Mais l’idée que le Diable est une force presque irréductible, c’est quelque chose de chrétien."
Ce sont les gens qui ont écrit sur le Christ qui ont "créé le Diable", explique l'historien. Il fallait que "le Christ soit réellement le représentant de Dieu sur terre, qu’il soit Dieu sur terre" : et pour cela, qu’il ait un adversaire suffisamment puissant. "Il faut que son adversaire ne soit pas simplement un petit génie, un petit démon comme il y en a dans toutes les religions, il faut que le mal ait une force non pas équivalente mais énorme."
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