Affaire Preynat: La Parole libérée saisit à nouveau la justice
L'association de victimes La Parole libérée assigne sept personnes pour une citation directe devant le tribunal correctionnel de Lyon, dont le cardinal Barbarin.
[MAJ le 24 mai à 14h: Réaction du diocèse]
Nouvelle action judiciaire de la Parole libérée
Il y a aura bien un procès public pour non-dénonciation du diocèse de Lyon concernant les abus sexuels du p. Bernard Preynat. Malgré le classement sans suite de la procédure visant le cardinal Philippe Barbarin en août 2016, l'association de victimes La Parole Libérée saisit à nouveau la justice avec une citation directe devant le tribunal correctionnel de Lyon demandée pour sept personnes. Dix victimes présumées du père Preynat se constituent partie civile, les abus sexuels étant prescrits pour la moitié d'entre eux.
>> Abus sexuels dans le diocèse de Lyon : la chronologie des faits
Qui est concerné ?
Le cardinal Philippe Barbarin, son directeur de cabinet Pierre Durieux et Régine Maire, laïque en charge de l'écoute des victimes sont concernés. Deux anciens vicaires épiscopaux du Roannais - Bernard Preynat ayant été curé dans cette zone entre 1991 et 2015 - Mgr Maurice Gardès, actuel archevêque d'Auch, et le père Xavier Grillon sont aussi appelés à comparaître. Enfin, l'évêque de Nevers Mgr Thierry Brac de la Perrière, ancien évêque auxiliaire du diocèse de Lyon (2003-2011) et Mgr Luis Ladaria Ferrer, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican font également partie des prévenus.
Pourquoi un nouveau recours en justice ?
Ces sept personnes sont appelées à s'exprimer devant le tribunal pour non-dénonciation d'abus sexuels. Le cardinal Barbarin et Régine Maire le sont, en plus, pour non-assistance à personne en danger. La Parole libérée et ses avocats estiment que ce nouveau recours en justice permettra d'avoir un débat juridique sur le point de départ du délai de prescription, enjeu central du dossier.
A quel moment débute la prescription ?
Dans son jugement en août 2016, le Procureur de la République de Lyon a considéré que la non-dénonciation était un délit instantané, c'est à dire que la prescription commence le jour où quelqu'un a connaissance des faits délictueux.
Or Maître Nadia Debbache, avocate de La Parole libérée, a une autre interprétation : pour elle, la prescription pourrait commencer à partir du moment où la justice est informée de ces faits, ce qui permettrait d'étendre le délai de prescription :
François Devaux, victime présumée du p. Preynat et président de La Parole Libérée l'assure : cette nouvelle action en justice n'est pas de l'acharnement, l'enjeu est de faire avancer le débat juridique. Un euro symbolique de dédommagement est d'ailleurs réclamé aux prévenus.
La première audience devant le tribunal correctionnel de Lyon, où les parties civiles devront consigner (verser de l'argent pour les frais de justice), est fixée au mardi 19 septembre 2017.
Quelle réaction du diocèse de Lyon ?
Pour le moment l'avocat de Mgr Barbarin, Jean-Félix Luciani n'est pas inquiet de ce recours et veut prendre le temps de lire la citation directe, très longue à ses yeux. "Si c'était du domaine de l'évidence, la citation ne serait pas aussi longue" a-t-il réagi.
Mercredi 24 mai 2017, le diocèse de Lyon a réagi par communiqué, dans lequel il "regrette qu’une nouvelle action de justice ait été préférée à un dialogue, pourtant plusieurs fois proposé par les autorités diocésaines à la Parole Libérée". Si le diocèse de Lyon "comprend le désir de justice des victimes du P. Preynat et leur regret de ne pas avoir porté plainte à temps, il ne peut que déplorer un acharnement qui se trompe de cible et qui disperse les énergies inutilement au regard de l’objectif commun : la lutte contre la pédophilie" peut-on lire.
En rappelant que l'enquête préliminaire avait été classée sans suite, le diocèse de Lyon fait remarquer que la question posée... n'est pas celle de la prescription. Le père Yves Baumgarten est le vicaire général modérateur du diocèse :
Des propos recueillis par Valérie-Anne Maitre
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