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RCF Poésie - Léonard Cohen
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Poésie - Léonard Cohen

Un article rédigé par Odile HOW SHING KOY - RCF Saint-Étienne, le 22 novembre 2016  -  Modifié le 28 février 2024
En 1964, Léonard COHEN publie un nouveau recueil de poèmes très controversé.

Le titre en lui-même est déjà une provocation «Flowers of HITLER», curieusement traduit en français par des fleurs pour Hitler alors que ce serait plutôt Fleurs d’Hitler. L’ouvrage fut primé.
Voici extrait de ce recueil deux poésies récitées par Odile.
"Ce que je fais ici" et "En entendant un nom qu’on ne prononce plus"

Je ne sais si le monde a menti
Moi j'ai menti
Je ne sais pas si le monde a conspiré contre l'amour
Moi j'ai conspiré contre l'amour
L'atmosphère de la torture n'est pas agréable
Moi j'ai torturé
Même sans le nuage champignon
J'aurais quand même haï
Ecoutez
J'aurais fait les mêmes choses
même si la mort n'avait pas existé
Je ne veux pas qu'on me tienne
comme un ivrogne
sous le robinet glacé des faits
Je refuse l'alibi universel
Comme une cabine téléphonique vide
qu'on a vue la nuit et dont on se souvient
Comme les miroirs d'un hall de cinéma
qu'on ne regarde qu'à la sortie
Comme une nymphomane qui réunit
des milliers d'amants
dans une étrange fraternité
j'attends
De chacun de vous un aveu
 
En entendant un nom qu'on ne prononce plus

Ecoute les histoires
contées sur l'an dernier
qui semblent être d'ailleurs
bien qu'ici elles soient nées
Ecoute un nom
si intime qu'il est brûlant
Ecoute le dit à haute voix
et apprends apprends
L'histoire est une aiguille
pour endormir les hommes
trempée dans le poison
de ce qu'ils veulent garder
Le nom qui t'a sauvé
a un goût étranger
exige un corps étranger
gelé dans les rebuts de l'an dernier
Et ce qui vit s'attarde
près des monuments érigés
et rend son dernier souffle
en lettres dorées
Ce sont des cris de maturité étouffée
sur mes genoux cinglés
Je suis avec la neige
dans les mers tombée
Je suis avec les chasseurs
affamés et rusés
et avec le gibier
vif tendre et dénudé
Je suis avec les maisons
par la pluie emportées
sans laisser la dent d'un pilier
sous le râteau les rassembler
Que les hommes gardent les noms
griffent les vents qui soufflent
écoutent les histoires
mais ce que tu sais tu le sais
Et savoir suffit
pour de telles montagnes
où rien ne demeure
maisons arbres ou murs

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