Gregoire Delacourt pour son nouveau Roman: La femme qui ne vieillissait pas
Exilé volontaire et heureux de l'être. Michel Dancoisne-Martineau vit depuis 30 ans sur l'île de Sainte-Hélène, haut-lieu de l'histoire de France et petit caillou isolé au beau milieu de l'Atlantique. Il faut cinq heures pour rejoindre Sainte-Hélène en bateau depuis Le Cap, en Afrique du Sud. Et encore il n'y a pas de port, il faut attendre que le petit canot vienne vous chercher. (Autrement il y a l'avion, mais l'aéroport n'est pas encore en état de fonctionner.) Sur ce rocher de 122 m² vit une communauté britannique de 4.500 âmes. Et un Français, un seul. C'est Michel Dancoisne-Martineau. Depuis 1987 en charge de la conservation des domaines français de Sainte-Hélène et consul honoraire de France.
"Ce que j'aime à Sainte-Hélène c'est définitivement l'amour de l'autre"
Gardien d'un tombeau vide
On pourrait attendre d'un consul honoraire de France à Sainte-Hélène des discours intarissables sur Napoléon Ier. On parle bien de l'îlot mythique où l'empereur fut exilé de 1815 à sa mort, le 5 mai 1821. Deux mois dans le charmant pavillon des Briars - "le paradis sur terre" - et surtout la sinistre Longwood House, au climat venteux et brumeux - "l'enfer sur terre" - où il est mort. Il y a aussi ce tombeau vide à jamais depuis 1840, où le corps de Napoléon a reposé. Trois lieux dont la France s'est rendue propriétaire sous Napoléon III et Charles De Gaulle. Et où notre pays conserve une part de son prestige.
The French man
Pourtant, ce n'est pas tant le prestige qui maintient notre consul sur l'île, mais bien ses habitants. "Ce que j'aime à Sainte-Hélène c'est définitivement l'amour de l'autre." Dans cette petite communauté, aux "valeurs humaines extraordinaires", il explique que "le montant de votre compte en banque n'a aucune importance". Il y est d'ailleurs parfaitement intégré ; puisqu'il est le seul Français, on le surnomme "The French man".
l'île du temps suspendu
"Pour visiter Sainte-Hélène, il faut appréhender la lenteur." Quand il y a mis les pieds pour la première fois, c'était en 1985, "l'île était encore gérée par des officiers coloniaux", se souvient-il. Lui venait d'Amiens et découvrait une petite société qui semblait vivre encore à "l'ère victorienne". C'est que là-bas le temps s'écoule lentement. On vit au rythme des horaires de bateau! Dans son ouvrage, il raconte avec délice le quotidien, les drames, les personnages... Un peu comme un hommage. "La vie en communauté me permet d'être ce que je suis et que je savais pas que j'étais." Et on l'envierait presque.
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !