"France is back !"

Au moment même où il  prononçait son discours, en fin d’après-midi, dans la très chic station de ski suisse, le ministère du travail, à Paris, publiait les chiffres du chômage. Et au gouvernement, on a dû pousser un « ouf » de soulagement : le nombre de demandeurs d’emplois a reculé de 15 7000 personnes sur l’ensemble de l’année dernière. Et ce, malgré la réduction de 130 000 des contrats aidés, qui a fait beaucoup de bruit cet automne.
 
Il y a d'autres motifs de satisfaction. La France est sur un rythme de croissance de près de 2%. Du jamais vu depuis six ans. Dans le bâtiment, c’est un peu l’euphorie, après des années de déprime, tout comme l’industrie où les perspectives sont au plus haut depuis le début des années 2000 – 17 ans ! Résultat, l’investissement est reparti, ce qui laisse espérer que le moteur de la reprise va continuer à tourner et que les entreprises vont continuer à embaucher. Une autre étude publiée hier montre que les embauches en CDI ont cru de 14,5% au quatrième trimestre de l’an dernier. Et puis, le gouvernement devrait pouvoir afficher un déficit public au-dessous de la barre des 3% pour l’année dernière.
 
Cette amélioration n'est bien sûr pas dûe au seul Emmanuel Macron. Le président récolte en grande partie ce que François Hollande avait semé. Et notamment les allègements de charges sociales liés au CICE et au Pacte de responsabilité, qui ont permis une baisse du coût du travail. Ce qui a permis aux entreprises de dégager des bénéfices et donc d’investir. Pour autant, vous savez, la politique économique, c’est 50% de psychologie, disent les économistes. L’image de la France s’est beaucoup améliorée avec l’arrivée au pouvoir d’un jeune président, qui a réussi à faire passer sans encombre les ordonnances travail cet automne et mène une politique pro-business. Emmanuel Macron sait comment caresser les grands investisseurs dans le sens du poil. On le voit avec le discours en anglais qu’il a prononcé lundi dernier au château de Versailles devant des grands investisseurs sur la route de Davos.
 
Il y a néanmoins des points noirs. La France s’est énormément désindustrialisé depuis le début du millénaire. L’industrie française a perdu un million d’emplois en vingt ans, un tiers du total ! Résultat, on achète à l’étranger beaucoup plus de marchandises que ce qu’on y vend. Le commerce extérieur devrait avoir enregistré l’an dernier un déficit record. Et puis, il y a l’endettement du pays, qui atteint désormais quasiment 100% de l’ensemble de ce que produit la France en un an. Quand les taux d’intérêts commenceront à remonter - ce qui devrait intervenir bientôt - cela pèsera sur le budget, au détriment de dépenses utiles, dans la défense, la santé ou l’éducation.