RCF Reims-Ardennes, le 27 novembre 2019 - Modifié le 28 février 2024
Alexandre Gonsse de Rougeville est en fait un roturier dont la noblesse est usurpée. Il naît le 17 septembre 1761 à Arras d’un père, cultivateur enrichi, qui rêvant de noblesse a rajouté à son patronyme de Gonsse celui de Rougeville, du nom d’un des domaines qu’il possède. Le jeune Alexandre, lui, s’invente de brillants mais imaginaires états de service militaires pour se faire décerner la Croix de Saint Louis que, d’ailleurs, il finit par obtenir. Il se présente sous le titre de chevalier de Rougeville avant de prendre plus tard celui de marquis de Rougeville. Si Alexandre de Rougeville est un affabulateur, il n’est en pas moins un royaliste fervent qui prend vite le parti de la contre-révolution. Si son appartenance à un groupe de conspirateurs royalistes, les « chevaliers du poignard », n’est pas avérée, il est prouvé qu’il s’est physiquement interposé pour protéger la famille royale lors de la journée du 20 juin 1792 qui voit l’émeute menacer Louis XVI. En janvier 1793, au moment du procès de ce dernier, il publie à ses frais une brochure pour défendre le roi, ce qui est pour le moins courageux. Le 2 juin 1793 il est arrêté, arrestation qui est une conséquence de sa vie sentimentale agitée. En effet, il est dénoncé comme royaliste par sa maîtresse qu’il a escroquée et trompée avec une autre. Mais il réussit à se faire libérer rapidement.
Survient alors l’affaire de l’œillet qui le rend célèbre. En août 1793 il parvient avec l’aide d’un complice à rencontrer la reine, enfermée à la Conciergerie, et à lui faire passer un message caché dans un œillet qu’il porte à la boutonnière. L’évasion est prévue pour la nuit du 2 au 3 septembre 1793 mais elle échoue. Alors que son complice est arrêté et guillotiné, de Rougeville, lui, parvient à s’échapper et gagne la Belgique. Rentré à Paris après la Terreur, il semble s’assagir mais le gouvernement persuadé qu’il continue à comploter le fait étroitement surveiller. En 1804, il est assigné à résidence à Reims. Il loge d’abord rue de la vieille couture (l’actuelle rue de Talleyrand) puis achète un château aux environs de Reims. En 1806, il se marie et de ce mariage naissent deux garçons. En 1814, lorsque la France est envahie par les puissances européennes, il espère que la défaite de Napoléon entraînera le retour de la monarchie à laquelle il est toujours resté fidèle. Il renseigne les troupes russes du prince Volkonski qui s’emparent de Reims le 10 février 1814. Mais le 5 mars 1814 les Français reprennent la ville et le 9 de Rougeville est démasqué et arrêté. Le 10 mars, il est traduit devant un conseil de guerre qui le condamne à mort et il est exécuté le soir même. Son cadavre, dépouillé de ses vêtements dans la nuit, est enterré le lendemain peutêtre dans la fosse commune sans que l’on en soit totalement certain.