L'histoire de Colette - Combien de saisons ?

Née en 1929, aînée de 5 enfants, Colette, 92 ans nous parle de son enfance. Ses souvenirs nous emmènent de Condom où elle est née, aux environs de Paris puis à St Cyr au Mont d'or, Caluire "dans du provisoire qui a duré" puis à la Croix Rousse. Elle parle de la rencontre de ses parents et des différents emplois ouvriers de son père. Sa vie jusqu'à l'adolescence est simple, ni heureuse ni malheureuse. "Je vivais c'est tout ".
"Mes années les plus heureuses c'est depuis 4 ou 5 ans en fait !" dit-elle malgré son grand âge et les difficultés de mobilité qui vont avec.

Colette se souvient de parents peu chaleureux. Les enfants vouvoient leurs parents. "C'était comme ça et ne me gênait pas ". Sa mère n'est pas câline, assez distante. Son père l'est davantage,  notamment dès que les enfants sont en âge de marcher. Colette aime l'aider au jardin potager.

 

Le bruit des avions et le silence des parents

Colette a 13 ans en 1942. Le toit de la cabane du jardin sert d'observatoire. Elle y regarde les avions des Allemands passer dans le ciel. A table,quelques inconnus mais personne ne dit qui ils sont. Colette réalise qu'ils abritent des juifs en fuite. Ni reconnus "Justes", ni honorés. les parents de Colette n'ont jamais rien dit ni demandé, peut-être parce que " Beaucoup de gens n'y croyaient pas ". 

Les restrictions pendant la guerre affaiblissent Colette. En 1948, elle a 19 ans quand elle tombe subitement malade. Un abcès au cerveau la plonge dans le coma . Au réveil son bras et sa jambe droits sont paralysés. Elle ne voit plus bien d'un œil. Son souvenir le plus marquant est la perte de conscience "état noir" pendant lequel elle voit "un tunnel très lumineux avec une grande lumière au bout". Elle pense être morte mais sans aucune peur, dans une acceptation sereine. "J'étais tranquille "!

Il faut que je m'en sorte !

Son état et les soins qu'elle reçoit, notamment la pénicilline, font d'elle "un cas d'école". A cette époque, il n'existe pas de rééducation par kinésithérapie, telle que pratiquée maintenant. Elle se rééduque donc seule, à force de volonté, de persévérance et la certitude d'y parvenir. Personne ne l'aide vraiment. C'était "débrouille-toi seule."

La rencontre avec des malades de la poliomyélite, paralysés "pire qu'elle", l'incite à se former dans les soins aux enfants handicapés physiques et mentaux.  Après avoir été "jardinière d'enfants", elle travaille 15 ans pour l'ADAPEI où elle se sent bien, malgré les difficultés physiques et émotionnelles.

Colette est croyante et pratiquante. Mais après sa maladie et son expérience de mort imminente, elle met 5 à 6 ans pour "se réconcilier avec Dieu" et vivre sa foi du mieux possible. Elle se souvient des célébrations en latin de son enfance et ce que Vatican II a apporté à sa foi. Pour elle Dieu vit avec elle, n'est pas quelqu'un qui est loin de tout.

Une vie au service

Entre le soin apporté à ses parents, et son travail, Colette a peu de temps pour elle. Mais le travail les week-ends lui permet de faire du bénévolat la semaine. Alors, Colette se met bénévolement au service d'autres, plus démunis. Elle adhère à ATD Quart monde, par admiration pour l'œuvre de Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Elle fait la promotion des livres du mouvement auprès des librairies de Lyon. 

Sa vie sociale et amicale est riche, rythmée par des réunions chaleureuses où chacun reçoit et cuisine à tour de rôle.  "La choucroute en janvier chez elle, un rituel ! Elle garde le contacts avec ces amies mais hélas elles disparaissent les unes après les autres. La sœur cadette dont elle était proche est également décédée. "Ça me fait bizarre !"

Aujourd'hui, les programmes de RCF rythment ses journées et pour remercier les équipes elle envoie des paquets des biscuits et du café aux équipes. Parfois, même, elle nous rend visite.