Violences entre jeunes : un cap a-t-il été franchi ?
L’actualité de ces derniers jours a été marquée par des séquences ultraviolentes impliquant des adolescents, à Viry, Montpelier ou encore Tours. Ces trois affaires très médiatiques interrogent la société sur l'usage et la perception de la violence par les jeunes.
À Viry Chatillon, à Montpellier ou encore à Tours des collégiens, filles ou garçon, pris pour cible à quelques mètres de leur établissement. Les motifs futiles de ces violents guets apens sont en décalage avec le déchaînement de ces violences organisées via les réseaux sociaux.
"De la bande à la meute"
"On est passé de la bande à la meute" analyse sur RCF, le père Jean-Marie Petitclerc, coordinateur du réseau Don Bosco Action sociale, à la fois prêtre et éducateur spécialisé. "Auparavant, il y avait toujours quelqu’un, un chef de bande qui organisait le rendez-vous et qui pouvait dire stop à un moment. Sur les réseaux, il n’y a aucun leadership, c’est un phénomène de meute sans qu’il n’y ait personne pour dire stop et on en arrive à ces excès".
"Au collège, se traduisent à l’école des maux que l’on retrouve dans le reste de la société : perte de civisme, conflictualisassions des rapports entre les individus." a estimé, le Premier ministre Gabriel Attal samedi, dans un échange avec la presse quotidienne régionale.
Une hausse des incidents graves au collège
Les récents chiffres des violences scolaires, publiés en février, par le service statistique de l’Éducation nationale, montre cette tendance. Entre 2022 et 2023, le taux moyen d’incidents graves a le plus progressé au collège : +2,3 points.
Cela représente 15,8 incidents graves pour 1000 élèves sur cette période. Ces incidents sont à plus de 80 % recensés au sein de l’établissement pour les collèges et lycées. Mais les "abords immédiats" sont également cités (7,2 %). Dans le secondaire, derrière les violences verbales (43 %) et physiques (24 %), arrivent ensuite les "atteintes à la vie privée", notamment sur les réseaux sociaux.
Pas d'empathie avec les réseaux sociaux
Jean-Marie Peticlerc souligne "l’absence d’empathie" des agresseurs : "dans le virtuel il y a une déconnexion entre la violence et la souffrance de l’autre. Ces jeunes ne sont plus sensibles à souffrance de l’autre". "Sur les réseaux sociaux, l’autre n’est qu’une image, une représentation" poursuit Martin Steffens, professeur de philosophie, invité de la matinale RCF. "Or dans la violence il y a la négation de l’autre. La violence est un rapport sans relation."
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