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Vincent, Pierre et les autres

RCF,  -  Modifié le 23 mai 2019
Pour son édito, Véronique Margron donne aujourd'hui la parole à une de ses amies, mère d'un enfant gravement handicapé. Elle parle de son fils, Pierre, et de Vincent Lambert.
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« Nos enfants ne nous appartiennent pas. Nous leur donnons la vie. Enfants, nous leur apprenons humblement à l’aimer, la goûter, la partager, la faire croître. Adultes, nous nous retirons, respectueux de leur vie, leurs choix, leurs valeurs, disponibles à leur demande. Nous n’envahissons pas leur espace et leur temps personnels. Nous les aimons gratuitement, sans attentes. Ils nous aiment en retour car l’amour engendre l’amour, il n’est pas un dû. Ils donnent la vie à leur tour car ils l’aiment, elle ne nous est pas due. Que dois-tu à tes parents, Vincent ? »
 
Voici quelques lignes que m’écrivait il y a deux jours une amie. Elle soutient des personnes porteuses de handicap très lourd depuis toujours. Son fils, Pierre, très gravement handicapé depuis sa naissance, est mort, à 21 ans. Pour aujourd’hui, alors que tant de déclarations se succèdent à propos de Monsieur Vincent Lambert, permettez-moi de donner la parole à cette maman. Elle poursuit ainsi :
 
« Donner la vie à nos enfants, c'est leur donner la mort. Vie et mort sont uns, deux côtés d’une unique médaille. Je l’ai vu à ta sortie hors de moi, mon fils, : tu étais en "état de mort apparente". Une apparence : courageusement, tu as vécu 21 ans… signe d’une immense blessure : jamais tu n’as pu boire et manger seul, prendre, t’asseoir, marcher, courir, sauter, parler, écrire, lire, compter… et d’une immense force de vie dans le rire, le regard, le souffle, les soupirs, les pleurs, les réclamations ; en un mot, la relation.
Comment es-tu en relation, Vincent, ? Toi, jeune infirmier, qui parlais à ton épouse de la mort, sans songer qu’elle t’attendrait si tôt, te doutais-tu qu’il fallait rédiger tes directives ? Penses-tu cette polémique raisonnable, Vincent ? Te sens-tu respecté, Vincent ? Nous ne sommes pas des dieux, nous ne sommes pas Dieu, nous sommes des humains limités. La vie que nous donnons à l’enfant, nous voudrions qu’elle dure, or elle ne nous appartient pas. Te perdre, mon fils, mon enfant, a été vivre le déchirement, la torture, l’anéantissement. Consentir à ton départ était l’ultime présent à t’offrir. Laisser partir, renoncer à la tentation de toute puissance, reconnaître que nous ne sommes pas maîtres de la vie. Que dis-tu de cette vie, Vincent ? »

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