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RCF Vesoul: à cause de son voile et de son habit, une religieuse est refusée d’une maison de retraite
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Vesoul: à cause de son voile et de son habit, une religieuse est refusée d’une maison de retraite

Un article rédigé par Jean-Baptiste Le Roux - RCF,  -  Modifié le 19 novembre 2019
Une religieuse a été refusée d’une maison de retraite de Vesoul, parce qu’elle portait le voile et l’habit.
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À plus de 70 ans, rapporte France Bleu Besançon, après avoir passé toute sa vie dans un couvent de la Drôme, cette religieuse souhaitait entrer en maison de retraite pour ses vieux jours. En octobre 2018, elle fait alors une demande au Foyer Logement de Vesoul, en Haute Saône, sa région natale. Un foyer géré par le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS).

En janvier 2019, la religieuse débarque à Vesoul et réalise alors qu’il n’y a pas encore de place pour elle. La paroisse locale décide de l’héberger au presbytère, en espérant qu’une place se libère. En juillet, la religieuse reçoit un courrier du CCAS lui indiquant qu’une place lui était attribuée avec d'étonnantes conditions.
 

"On perd tout bon sens"

"Dans le respect de la laïcité, tout signe ostentatoire d’appartenance à une communauté religieuse ne peut être accepté en vue d’assurer la sérénité de toutes et de tous".  En clair, si la religieuse souhaite entrer dans cette maison de retraite, elle devra troquer son voile et son habit contre une petite croix, discrète.  Impensable pour cette religieuse qui a porté le voile toute sa vie. Pour le curé de la paroisse de Vesoul, elle est victime de "christianophobie" !

Pour Jean-Louis Bianco, interrogé sur RCF, "c’est complètement aberrant et c’est hélas révélateur du climat qui se développe en France à la suite des polémiques récurrentes et agressives autour du voile, essentiellement autour du foulard islamique. On finit par perdre tout bon sens et à oublier les règles de base : les usagers des services publics ne sont astreints à aucune obligation de neutralité".
 

"Une réaction ridicule et choquante"

"À partir du débat qu’il y a actuellement sur les mamans voilées qui accompagnent les sorties scolaires, on se met à avoir des réactions ridicules et choquantes. La religieuse n’a pas à se justifier. Mais c’est vrai qu’il faudrait une meilleure culture religieuse des élèves. Encore une fois, ce qui me paraît le plus important, c’est que l’on respecte la liberté de chacun dès lors que celui ou celle qui est concerné respecte la liberté des autres. C’est un principe de base de notre vie en société" ajoute-t-il.

Pour Jean-Louis Bianco, refuser d'accueillir une religieuse en maison de retraite présente un risque. "Rajouter à des phénomènes de méfiance et d’intolérance dans un société divisée des ferments de division supplémentaires avec des réactions, des contre-réactions. Il faudrait simplement apprendre à vivre nos convictions, qu’elles soient religieuse ou non, sans entrer dans des polémiques supplémentaires" lance encore le président de l’Observatoire de la laïcité.
 

La laïcité n'est pas un catéchisme

Il conclut en affirmant que ce phénomène représente "une méconnaissance complète de la laïcité. On fait de la laïcité un catéchisme. Or la laïcité est l’apprentissage de nos règles communes en tant que citoyens, qui font que l’on vit bien avec nos différences. Chaque fois que des interventions sont faites pour rappeler les principes de la laïcité, on fait un progrès".

En attendant, cette religieuse a été contrainte de louer un appartement en ville. Une situation délicate pour une personne qui a passé toute sa vie dans une communauté, et qui malgré son âge se retrouve seule à assurer les tâches du quotidien. De son côté, le CCAS parle d’une "affaire classée". Le maire de Vesoul, quant à lui, a tenu "à rappeler que ni le règlement intérieur des résidences, ni les principes de laïcité auxquels nous sommes tous attachés, n'empêchent cette Soeur d'accéder à un logement". Alain Chrétien ajoute que "l'obligation de neutralité s'applique aux agents du service public et pas aux résidents qui doivent pouvoir jouir de leur liberté de conscience".
 

Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la laïcité, interrogé par Etienne Pépin:


 

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