Certains d'entre vous se souviennent de son précédent film, Les Délices de Tokyo, sorti il y a 2 ans.
Cette fois encore, c'est la fragilité des personnages principaux qui sert de moteur au récit. Misako porte le deuil d'un père trop tôt disparu. Pour son travail, elle met au point l'audiodescription de films pour les malvoyants. C'est un exercice délicat où il faut très rapidement décrire une image et les gestes des acteurs. A travers les réactions des premiers spectateurs, on se rend compte combien le pouvoir de l'imagination dépend des images que les mots suscitent.
Notamment pour Nakamori, un photographe célèbre qui perd la vue et qui a du mal à l'accepter. A travers cet exercice très intellectuel – il faut trouver le mot juste et être très rapide - les deux personnages vont faire l'apprentissage d'une autre sensibilité.
Pour le spectateur, c'est un véritable plaisir de cheminer avec des personnages qui cherchent la lumière : pour le photographe celle qu'il a perdu, pour la jeune femme, celle qu'elle doit transmettre à ceux qui ne la voit pas... Un exercice savoureux qui est au cœur même du 7° art puisqu'on y pénètre grâce à la lumière et à ce qu'évoquent en nous les images construites par le réalisateur.
Le cinéma de Naomi Kawase, à travers le quotidien le plus simple, et ancré dans notre monde contemporain, cherche à mettre en lumière la dimension sacrée de toute vie humaine. Les blessures de chacun mais aussi la timidité, le malaise sont exposés avec beaucoup de respect. Avec une très belle photo, c'est un cinéma qui célèbre aussi la beauté de la nature, avec notamment de très beaux plans de forêts au moment du crépuscule.
Vers la lumière est un film tout en délicatesse où le ressenti des personnages, que ce soit le découragement ou l'espérance, devient palpable à l'écran.
''J'entends le bruit de ton cœur qui se serre'' dit celui qui ne voit plus. C'est bien là le pouvoir magnifique du cinéma : donner à voir ce qui est caché au plus profond de nous-même.
Les deux critères principaux pour l'attribution du prix œcuménique sont la qualité artistique et l'incarnation d'un message positif, porteur d'espérance. Ici,le jeu des acteurs, la bande son et la très belle photo, ainsi que le regard plein de bienveillance que Naomi Kawase porte sur ses personnages et leurs faiblesses, autant physiques que psychiques, font que Vers la lumière mérite largement ce prix œcuménique !
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