Gaspard a un peu plus de trois ans. Il souffre d’une maladie dégénérative incurable qui l’emporte peu à peu. Benoit et Marie-Axelle, ses parents, veillent sur lui avec tendresse, recueillant toutes les parcelles de vie que Gaspard donne jour après jour, alors même que la vie le quitte peu à peu. « Durant ces trois années de maladie, j’ai appris à dire au revoir à ses rires, car un jour il ne riait plus, à ses sourires, car un jour il ne souriait plus, à ses regards, car un jour il ne voyait plus » témoigne Marie-Axelle.
Benoit, son papa, se souvient de ce jour où le prêtre est venu au chevet de Gaspard pour lui donner la communion pour la première fois. C’était quelques semaines avant son décès. Gaspard était allongé, sans aucune capacité physique, ses muscles avaient cessé de répondre. Sa bouche était entrouverte, laissant apparaitre le bout de sa langue qu’il ne pouvait plus bouger. Au moment de la communion, le prêtre s’est approché de Gaspard, a découpé une minuscule parcelle d’hostie consacrée, et l’a déposée délicatement sur le bout de la langue de Gaspard, qui ne peut déglutir. Et Benoit de constater que peu à peu, la minuscule parcelle d’hostie fond sur la langue de l’enfant, jusqu’à disparaitre totalement.
« J’ai compris à ce moment que Jésus et Gaspard ne faisaient plus qu’un » témoigne Benoit. Ce que Gaspard a rendu visible dans son extrême vulnérabilité, c’est que l’infiniment grand, Dieu tout puissant, se donne dans l’infiniment petit. Qu’y a-t-il de plus petit que cette parcelle microscopique de pain ? Dieu est là, entièrement là ! Qu’y a-t-il de plus petit que Gaspard au bout de sa vie, qui n’a même plus la force de rentrer sa langue ? Dieu est là, tellement là qu’ils ne faisaient plus qu’un.
« Comme cette eau se mêle au vin, puissions-nous être unis à ta divinité, toi qui a pris notre humanité ». Ce sont les mots que le célébrant prononce à chaque Eucharistie, avant la consécration. Jésus a pris l’humanité de Gaspard pour l’unir à sa divinité. C’est ce même mystère qu’il nous est donné de vivre à chaque fois que nous nous approchons de la table eucharistique. Dieu, infiniment grand, prend notre pauvre humanité et nous unit à sa divinité. Et souvent, nous avons besoin de personnes comme Gaspard pour nous aider à en prendre un tout petit peu la mesure.
Cette vie si éprouvée, et pourtant si féconde de Gaspard, les parents l’ont racontée dans le livre « Gaspard, entre terre et ciel », aux éditions du Cerf. Un témoignage bouleversant qui nous fait effectivement entrer dans le mystère de la Croix et de la Résurrection.
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