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Une veillée de prière interreligieuse contre la haine et les discriminations

Une veillée de prière interreligieuse contre la haine et les discriminations

Un article rédigé par Adrien Beaujean - RCF Alsace, le 16 mai 2022  -  Modifié le 16 mai 2022
Les Trois Questions · RCF Alsace Une veillée de prière interreligieuse contre la haine et pour les différences

L'antenne inclusive de la paroisse Saint-Guillaume à Strasbourg coordonne une veillée de prière en ligne ce soir, à la veille de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie et la biphobie. Des représentants des cultes musulmans, chrétiens et juifs s'uniront de toute la France pour faire front face à la haine. Clémence Sauty, l'une des deux laïques croyantes et LGBTQI+, derrière cette veillée, nous en dit plus.

L'église Saint-Guillaume de Strasbourg. (wikipedia commons) L'église Saint-Guillaume de Strasbourg. (wikipedia commons)

Adrien Beaujean : Clémence Sauty, bonjour. Quel est l'enjeu d'un moment spirituel comme celui ci qui est organisé ce soir ?


Clémence Sauty : Il y a trois enjeux principaux. D'abord le fait de dire qu'on nous accueille dans nos différences, qu'on reconnaisse que nous ne partageons pas exactement la même tradition religieuse. Nous n'avons pas forcément la même orientation sexuelle, la même identité de genre et que nous nous accueillons tel quel, avec nos différences. Le deuxième enjeu, c'est de montrer que les religions ne s'interposent pas entre Dieu et les personnes LGBTQI+, mais au contraire peuvent proposer des moyens d'avancer vers Dieu. Et le troisième enjeu, c'est que dans un contexte ou les thérapies de conversion ont été récemment interdites, il y a toujours besoin de soutien pour les personnes LGBTQI+ qui fréquentent des lieux de prière. Cette veillée sera donc l'occasion pour les personnes LGBT, musulmanes, juives ou chrétiennes d'entendre des pasteurs, des imams et une rabbin qui peuvent être des personnes ressources qui les accompagneront, si elles le souhaitent, sur leur chemin de foi.


A.B. : Alors aujourd'hui, dans cette lutte contre la haine, qu'est ce qui manque ? Quels sont les besoins, ou les faiblesses ?

C.S. : Dans les milieux religieux, les LGBTphobies ne se revendiquent pas comme une haine. La plupart du temps, elles prétendent être de l'amour. Je pense que c'est justement là qu'on peut avancer et qu'il faut avancer en considérant la parole des personnes. Commettre des intrusions dans l'intimité d'une personne, en essayant de la persuader qu'elle n'a pas vraiment ces désirs là, qu'elle n'a pas vraiment cette identité de genre là, en essayant de la forcer à adopter des comportements, en essayant aussi de la faire douter de sa propre foi en lui disant qu'elle n'est pas vraiment ce qu'elle croit être : ça, c'est très violent et c'est encore courant dans les milieux religieux. Donc, écouter les personnes, les croire, leur faire confiance, c'est déjà à mes yeux un très très bon début. Et ça, il n'y a pas de doute, ça demande énormément de courage. Surtout qu'on a pris l'habitude, au cours des dernières dizaines d'années, à considérer les personnes LGBT comme des sujets de discussion et non pas comme des humains, comme des idéologies sur pattes. Aussi, c'est difficile souvent pour les personnes qui ne sont pas elles mêmes LGBT et qui sont pratiquantes, de voir la différence entre une discussion éthique et respectueuse et un débat qui piétine la dignité humaine d'une personne.


A.B. : Une telle veillée interreligieuse à l'initiative de deux personnes laïques, LGBT et croyantes : c'est un choix fort également ?

C.S. : C'est très important pour nous de le faire en tant que laïcs et en tant que jeunes laïcs, parce que nous n'avons pas vécu la baisse de fréquentation des églises comme l'ont vécu des personnes qui sont théologiennes ou ordonnées depuis longtemps. Et on se rend bien compte aussi que les religions, et en particulier les Églises chrétiennes, ont encore beaucoup d'importance dans le débat public, dans la manière dont on parle notamment des personnes homosexuelles, trans, etc. Si on passait d'un discours de l'indignation et de la peur dans les milieux chrétiens à un discours de la curiosité pour l'autre, l'acceptation de la différence, l'amour aussi inconditionnel, peut être que là, les croyants et les croyantes se rendraient bien compte qu'en fait, finalement, non, les églises ne sont pas complètement en marge de la société. Et ça, vraiment, les personnes LGBTQI+ le savent et le sentent. On est les premières personnes qui sommes impactées par ce pouvoir, cette influence des discours chrétiens dans les sociétés.

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