« Une société qui se méfie de sa jeunesse est une société bien malade »
Entre le mois pour la prière de la création, l’interpellation du pape François qui lance le pacte éducatif à la suite de Laudato Si, ça parle beaucoup jeunesse et climat en ce moment !
Et ce n’est pas prêt de s’arrêter ! Vendredi aura lieu une nouvelle journée d’action pour le climat et une fois de plus, des millions de jeunes nous adresseront notre responsabilité face aux enjeux climatiques. J’entends déjà certains commentaires à la machine à café : « c’est bien que les jeunes s’engagent mais pas sur le temps de l’école » ; « à 15 ans peut-on vraiment avoir un avis sur ces sujets ? » puis viendront les commentaires sur Greta Thunberg, entre les compréhensifs, les sceptiques, ceux qui la trouvent trop jeune, trop engagée, pas assez exemplaire.
Finalement on ne parlera sans doute pas du réchauffement climatique et de l’urgence du moment, rappelée d’ailleurs hier dans un article du Monde indiquant que certains scénarios préparant le rapport du GIEC annoncent un possible réchauffement de 7°C en 2100. On ne parlera pas non plus de la légitimité des jeunes à avoir un avis sur le monde dans lequel ils vont vivre demain. Quand les jeunes pointent du doigt ce qui nous dérange, faut-il passer autant de temps à polémiquer sur la validité du QUI plutôt que du QUOI ?
Parlons des deux ! Nous ne devons pas avoir peur de la Jeunesse ni de ce qu’elle dit. Son rôle, sa responsabilité est de se préoccuper de ce qu’il adviendra de notre société face au réchauffement climatique.
C’est leur planète qu’ils souhaitent protéger avec optimisme et conscience. Ils choisissent de nouveaux modes d’expression qui nous bousculent mais ils sont enracinés dans leur époque en préférant le travail collaboratif, l’échange d’informations ultra-rapide. On les dit individualistes alors qu’ils savent mobiliser en redistribuant les cartes des représentations citoyennes classiques. On les pense immatures et inconscients alors que le « i want you to panic » de Greta n’est pas tant destiné à nous faire peur qu’à nous rendre honteux de ne pas comprendre et réagir en adultes.
Avec eux et sous leur impulsion la société passe du « mode linéaire » « au mode circulaire ». Ils veulent tout changer et, y compris dans les structures de gouvernance, avoir la parole. Ils ont le sentiment que toutes les décisions les concernent. Et ils ont raison.
Notre rôle d’adulte c’est donc de leur faire confiance pour qu’ils puissent s’émanciper et construire des espaces d’expression et de prise de responsabilité. Non pas en restant « entre jeunes » mais bel et bien en cherchant l’alliance des générations. Il nous faut donc changer nos manières d’exercer les responsabilités et de répartir le pouvoir. Et c’est parfois complètement flippant ou vraiment inconfortable. Quand des délégués de 16 ans à l’AG des SFDG viennent prendre le micro sur scène et demander devant 1200 personnes « quelles décisions nous allons prendre pour réduire notre empreinte carbone » n’avons-nous pas pensé dans notre tête « c’est plus compliqué que ça… » « c’est pas si simple » « on est pas chez les bisounours »….
Gandhi disait « Ce que tu fais pour moi sans moi tu le fais contre moi ». Baden Powell, lui, interpellait les chefs et les cheftaines par un « Ask the boy ». Les 2 disent la même chose : l’avenir de nos enfants se construira avec eux, grâce à eux, par eux.
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !