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Une historienne du Mans travaille sur la charpente de Notre-Dame de Paris
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Une historienne du Mans travaille sur la charpente de Notre-Dame de Paris

Un article rédigé par Maximilien Cadiou - RCF Sarthe,  -  Modifié le 2 mars 2021
Aline Durand est historienne et archéologue à l'Université du Mans. Son expertise dans l'analyse des charbons de bois l'a conduite jusqu'au chantier scientifique de la charpente de Notre-Dame de Paris. Alors que nos regards sont tournées vers la reconstruction, Aline Durand participera à l'analyse du bois brûlé de la "Forêt" de Notre-Dame afin d'en apprendre davantage sur son histoire longue de plusieurs siècles
RCF Sarthe - Aline Durand, professeure d'histoire médiévale à l'Université du Mans et archéologue RCF Sarthe - Aline Durand, professeure d'histoire médiévale à l'Université du Mans et archéologue

C'est une image qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. Le 15 avril 2019, un incendie se déclare dans la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La "Forêt" part en fumée.
Si la mobilisation est sans équivalent à peine l'incendie éteint, le temps de la reconstruction est long. Mais ce qu'on n'imagine pas, c'est que ces poutres conservent en elles de nombreux mystères. Ce sont ces réponses que devraient apporter les équipes de recherches travaillent sur le chantier scientifique de la charpente de Notre-Dame de Paris. Parmi les spécialistes, Aline Durand, historienne et archéologue médiévale, professeure d'histoire à l'Université du Mans.
 

Notre-Dame de Paris : "Personne ne pensait étudier des bois brûlés de la charpente"

S'il y a bien une chose que reconnaît Aline Durand, c'est qu'elle était bien loin de penser être appelée pour intégrer ce chantier scientifique.
"Ma spécialité, depuis plus de 30 ans, ce sont les charbons de bois en contexte archéologie".
Il faut donc un incendie pour que les compétences de l'archéologue puisse être pleinement exploitée. Avec seulement deux spécialistes en France dans ce domaine, Aline Durand a donc intégré le projet "Quasimodo", piloté par le Ministère de la Culture et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) qui s'est donné pour mission d'accroitre les connaissances sur la charpente de la cathédrale.
 

"On ne sait pratiquement rien sur la charpente de Notre-Dame de Paris"

La mission d'Aline Durand constitera d'une part au croisement des sources écrites médiévales avec celles des dendrochronologues. Ces derniers, par l'analyse du bois de la charpente pourront apporter des réponses sur les origines des bois utilisés pour la charpente et même au-delà.
La dendrochronologie est la science de l'étude des variations micro-climatiques par les cernes de bois. Ces analyses vont "documenter les variations micro-climatiques sur la période XIe - XIIIe [siècles] qui est celle de la construction de la charpente, et de les avoir à l'échelle de l'Île de France, précise l'archéologue. Cela va nous permettre de mieux comprendre les interactions de la société médiévale et de son milieu".
Dans l'imaginaire collectif, la période médiévale est vue comme une période avec une nature vierge sur de grandes étendues. Une vision à remettre en cause pour Aline Durand : "La forêt est déjà un espace géré avec des exploitation sylvicoles".

Outre ces premiers éléments de réponses, les analyses dendrochronologies permettront également d'en apprendre plus sur les chênes qui ont servi à la construction de la charpente. Si l'essence de l'arbre ne fait pas de doute, du chêne, c'est la seule information dont disposent les historiens et chercheurs. D'où vient le bois ? Quand a-t-il été coupé ? Comment le bois a-t-il été transporté jusqu'à Paris ? Le bois a-t-il été colonisé par des insectes ? Autant de questions auxquelles il sera possible de répondre grâce à l'expertise d'Aline Durand et de son équipe au sein de ce projet Quasimodo.

L'analyse de l'origine du bois, la dendro-provenance, permettra de déterminer les différentes qualités et propriétés du bois. Dans le cadre d'une reconstruction à l'identique, ces données seront nécessairement utiles aux architectes pour déterminer les lieux de prélèvement des arbres. La charpente devant être reconstruite à l'identique, des chênes de la forêt de Bercé pourraient, dès lors, habiller la cathédrale Notre-Dame de Paris.
 

L'analyse des bois de Notre-Dame de Paris pas avant 2022

Néanmoins, tout ce travail ne sera pas possible dans un avenir proche. En effet, du fait de la complexité du lieu, personne ou presque ne peut entrer dans Notre-Dame de Paris. Seuls quelques archéologues sont autorisés à pénétrer dans l'édifice, mais ce ne sont pas eux qui procèdent au prélèvement des échantillons. C'est aux cordistes que revient cette tâche qui peut se montrer périlleuse à certains égards.
Une fois les échantillons prélevés, ils sont inventoriés, triés et entreposés dans un lieu sécurisé. Il faut dire que le temps historique doit aussi se combiné avec le temps de la restauration. Après cette première étape, il faudra procéder aux analyse sur ces échantillons de bois "qui ne seront pas accessibles avant 2022"

À partir de cette date, tous les scientifiques du programme Quasimodo pourront débuter leurs travaux et Aline Durand de poser son regard sur son microscope.

Les bois de Notre-Dame pourront révéler tous leurs secrets.

 

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