"Du cri du cœur à la voix des Justes" est une exposition itinérante initiée par la Conférence des évêques de France et l'Institut Yad Vashem pour perpétuer le souvenir de ceux qui ont aidé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Vous pouvez la découvrir à la maison Saint Julien au Mans du 1er au 22 mars. L'inauguration a lieu aujourd'hui à 18h30.
"La distinction de Juste parmi les Nations est décernée depuis 1963 aux personnes non-juives qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs, sans contrepartie financière - durant la Shoah" nous apprend David Sztabholz, directeur général en France de l'institut des victimes et martyrs de la Shoah - Vad Yashem. Ces demandes de reconnaissance, qui doivent nécessairement émaner de personnes qui ont été sauvées, ont permis de reconnaître 4150 Justes français.
Il n'en reste qu'une vingtaine aujourd'hui. Pour ne pas les oublier, une exposition itinérante ravive leur mémoire depuis septembre dernier. Le père Christophe Le Sourt, directeur du Service national pour les relations avec le judaïsme (SNRJ), a travaillé sur cette exposition au nom de la conférence épiscopale. Cette volonté de se recentrer sur le génocide juif dans l'Église catholique "a réellement débuté avec Vatican 2" explique l'ancien curé de la cathédrale du Mans, avant de rappeler "l'impulsion donnée par Jean-Paul II qui a vécu la Shoah en tant que Polonais, pays le plus touché."
Les membres du SNRJ et de Yad Vashem ont travaillé ensemble pendant plusieurs mois. Pas facile de sélectionner les Justes à mettre en avant. Pour le père Christophe Le Sourt il était important "de veiller à une grande diversité, avec des catholiques, des protestants, mais aussi une diversité de parcours de vie avec des mères de famille, des religieux aussi". En effet, il n'y a pas de profil de Justes. Un des plus connus, de par sa fonction, ses prises de parole publiques et son action, est peut-être monseigneur Jules Saliège, archevêque de Toulouse pendant la Guerre. En 1942, année où est lancée l'extermination des Juifs, il dénonce publiquement les rafles.
L'exposition "Du cri du cœur à la voix des Justes" a débuté en septembre 2022 pour commémorer les 80 ans du processus génocidaire. Il a pour but, toujours selon Christophe Le Sourt de "se rappeler de ceux qui furent une lumière dans la nuit de la Shoah". Le prêtre sarthois cite là Simone Weil. Cette dernière, rescapée du camp d'Auschwitz avait durant les années 1990 réussi à convaincre Joseph Weismann de raconter de son expérience. Celui qui avait 11 ans au moment de la rafle du Vel d'Hiv est aujourd'hui un nonagénaire toujours alerte, qui témoigne régulièrement, notamment dans les écoles. Manceau, il viendra à l'inauguration de l'exposition en voisin. L'occasion de retrouver les noms des 81 Sarthois reconnus Justes.
Le retraité voit son action comme celle "du colibri de Pierre Rhabi" en référence au petit oiseau qui tente d'éteindre un incendie avec le peu d'eau que son bec peut contenir pour "faire sa part." Il est devenu dur de reconnaître des Justes parmi les Nations car il reste de moins en moins de témoins de la Seconde guerre mondiale. Gageons que cette exposition, qui rend hommage aux Français qui se sont comportés avec héroïsme, soit un colibri - voire plus - de ce devoir de transmission.
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