À propos des élections municipales en cours, il est fréquent d’entendre parler de confusion. Le premier tour, marqué par une forte abstention, s’est tenu en pleine menace sanitaire, à la veille de l’annonce d’un confinement généralisé. Le second tour à venir va se dérouler plus de trois mois après le premier. Bref, une rupture avec la tradition installée d’élections municipales bien ordonnées.
Une clarification s’est produite à l’approche du 28 juin. Malmenée au premier tour, La République en marche aborde ce second tour dans un apparent désordre. Selon des chiffres donnés par LREM elle-même, dans les villes de plus de 9.000 habitants, 76 candidats soutenus ou investis par le parti présidentiel se sont alliés à la droite et 33 à la gauche. Une proportion de deux tiers pour un petit tiers… Mais ce dosage ne dit pas tout. C’est en tenant compte de la taille des villes concernées que cette disproportion éclate. Dans les grandes métropoles, ces alliances à droite dominent comme à Strasbourg, Bordeaux, Metz, Tours… et d’autres encore. Même si dans huit villes, dont Lyon et Clermont-Ferrand, les candidats LREM ont perdu leur investiture en s’engageant dans cette voie.
Ces accords ne sont pas simplement de circonstances mais s’accompagnent dans certains cas d’un véritable partage des pouvoirs en cas de victoire. C’est notamment le cas à Strasbourg. Ce choix ne sera évidemment pas sans effets sur la sortie de crise et sa gestion par l’exécutif dans les mois à venir. À cause de ces accords, il sera beaucoup plus difficile pour le chef de l’État de se "réinventer". En donnant par exemple une orientation moins libérale à la fin de son quinquennat, comme Emmanuel Macron l’avait laissé entendre dans différentes allocutions au cours de la crise sanitaire.
Maintenant que La République en marche a passé des alliances pour barrer la route à la gauche et aux écologistes, c’est la fin de la promesse "ni de droite ni de gauche" faite pendant la campagne présidentielle et un retour évident au clivage ancien droite-gauche à l’occasion de ces municipales. Il sera d’autant plus d’actualité que la gauche commence à redresser la tête. Et que les nouveaux alliés LR de La République en marche ont, eux, présenté un programme musclé pour préparer l’avenir.
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