Dans sa synthèse du grand débat, lundi au Grand Palais à Paris, Edouard Philippe a mis en avant "une immense exaspération fiscale" et a annoncé aussitôt une baisse des impôts, répétant ce qu’avait dit la veille au JDD Gérald Darmanin. Difficile de proposer de mesure plus naturellement populaire.
Mais, au final, elle pose plus de questions qu’elle n’en résout. La sortie de la crise des gilets jaunes impliquera évidemment de nouveaux engagements de l’Etat. 10 milliards d’euros ont déjà été annoncés pour soutenir le pouvoir d’achat. Il en faudra évidemment d’autres pour répondre aux diverses inquiétudes. Dès lors, est-il raisonnable de s’engager aussi résolument dans la voie d’une réduction des recettes au moment où la croissance française s’annonce assez atone ?
C’est un pari partagé avec tous les ministres venus de droite au sein du gouvernement. De Matignon à Bercy, ils semblent faire la pluie et le beau temps. Cette voie revendiquée haut et fort par le premier ministre, est audacieuse. "Toute frilosité serait à mes yeux impardonnable", a affirmé lundi Edouard Philippe.
Ces pistes furent l’essentiel de ce qui a été dit lundi au Grand Palais à Paris. Mis à part la promesse d’une "démocratie plus délibérative", un rejet d’un retour de la taxe carbone et "un rééquilibrage entre métropoles et communes petites ou moyennes". En restant dans ce registre, Edouard Philippe laisse ainsi un bel espace aux annonces du président de la République prévues à la mi-avril. Qui pourrait soutenir que cette baisse des impôts constitue une réponse à hauteur des attentes des Français ? Elle revient certes comme une des principales suggestions du grand débat. Mais, en même temps, s’accompagne du souhait d’une plus grande justice fiscale, à travers le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), du renforcement de la lutte contre la fraude et de l’exigence "que tout le monde paie l’impôt".
L’intervention d’Edouard Philippe fournit donc des indications sérieuses sur la suite. Mais la sortie de crise sera d’abord tributaire de ce que saura dire Emmanuel Macron. L’enjeu n’est évidemment pas d’égrainer une longue liste de mesures ciblées, qui ne peuvent faire que des déçus, en particulier chez ceux qui ne seront pas concernés.
La tâche principale du chef de l’Etat sera d’éclairer l’avenir, d’indiquer quelques axes de réforme pour la fin de son mandat. Il devra être guidé par un souci d’équité qui a plutôt manqué au début de son mandat.
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