« Il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin ». La lettre que le pape François a envoyée à l’ensemble du peuple des baptisés devrait être lue, relue, placardée… et devrait tous nous mettre en action.
Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef adjointe de La Croix s’étonnait hier dans son blog du silence des laïcs, et en particulier des mouvements. « À part la Conférence des baptisés, on attend vainement une prise de parole d’un ou plusieurs mouvements dans l’Église de France » écrit-elle.
C’est vrai, les Scouts et Guides de France, nous n’avions pas encore réagi. Notre longue histoire de mise en responsabilité de laïcs, de formation, nous engage. Est-ce par sidération, par docilité, par une obéissance idiote ? Peut-être un peu tout cela mais sans doute surtout parce que nous n’étions pas prêts, nous n’avions pas veillé, mais aussi parce que le pape nous avait demandé de commencer par jeûner et prier. Peut-être enfin parce que, hélas, nous nous accommodions du cléricalisme, de cette confiscation du pouvoir. Nous acceptions cette Eglise qui avait perdu le sens du service, qui n’était plus là pour les plus faibles.
Il va nous falloir du temps pour rebâtir l’Eglise. Saint François d’Assise a commencé par reconstruire la chapelle de Saint Damien avant de comprendre que c’était l’Eglise dans son ensemble que Dieu lui demandait de rebâtir. Les démissions d’évêques sont des questions qui se posent non pas parce qu’ils auraient commis des délits répréhensibles par la justice des hommes mais parce qu’ils sont, pour beaucoup, malgré toute leur bonne volonté, dépositaires et imprégnés d’une culture du secret et du pouvoir.
L’argument selon lequel l’Eglise s’est toujours sortie des crises, qu’il faut laisser passer l’orage est inaudible, inacceptable. Ce serait se faire complice des inévitables futurs drames que cette culture engendre. Bien sûr qu’il faut faire entrer des jeunes, des femmes, dans la gouvernance, bien sûr qu’il faut repenser la formation des prêtres, mais c’est avant tout la question du rapport au pouvoir qu’il faut interroger, et cela concerne autant les laïcs que les religieux. Notre baptême fait d’ailleurs de nous tous des « prêtres, prophètes et rois » ?
Comment voulez-vous que notre mouvement puisse évangéliser quand on est confronté à des prêtres de paroisse, et parfois aussi à des laïcs, qui voudraient nous empêcher d’ouvrir des groupes parce qu’on ne leur revient pas ? Quand certains prêtres imbus d’eux-mêmes sont persuadés que leur statut leur apporte une supériorité morale ? Comment pouvons-nous être crédibles à proclamer l’Evangile quand des cardinaux se comportent en mafieux ? Comment pouvons-nous, dans ces conditions, témoigner du Christ ? « Sachez que la seule page d'Évangile que beaucoup liront, ce sera le témoignage de votre vie » disait Dom Helder Camara à ses séminaristes.
On ne peut pas dire que le Christ ne nous avait pas prévenu : « Ne donnez à personne le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. »
C’est tout le sens de la prière scoute, magnifique et terriblement exigeante, écrite par Saint Ignace de Loyola : « Seigneur Jésus, apprends-nous […] à travailler sans chercher le repos, à nous dépenser, sans attendre d'autre récompense que celle de savoir que nous faisons Ta Sainte Volonté. »
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