Theresa May ne tient plus qu’à un fil
La Première ministre britannique a conclu un accord de retrait avec les Européens. Mais cet accord de Brexit doit encore être ratifié par les Européens et par le Parlement britannique, ce qui ne va pas sans poser problème.
Sept ministres ont déjà démissionné : des proeuropéens comme des partisans du Brexit, y compris le ministre chargé du Brexit, Dominic Raab qui devait porter le deal devant le parlement britannique. Son départ sonne comme un cri de ralliement, une union des camps opposés.
Certains points de l’accord ne sont pas contestés : il est normal que le Royaume-Uni paye une juste part des engagements financiers passés, légitime aussi que les droits des citoyens soient garantis, et que la relation future une fois sortis de l’UE soit préparée pendant la période de transition. Mais avec cet accord, l’Union européenne a accepté que tout le Royaume-Uni reste dans l’union douanière : c’est le Brexit le plus doux possible, en échange du respect des règles européennes en matière de sécurité sanitaires, fiscalité, environnement, aides d’Etat. Et ce n’est que si Londres et Bruxelles ne parvenaient pas à se mettre d’accord à la fin de la période de transition qui court jusqu’à fin 2020 que l’Irlande du Nord serait « séparée » du reste du Royaume-Uni par un hypothétique « backstop ». Pour le DUP le petit parti nord-irlandais dont Mme May a besoin pour se maintenir au pouvoir, c’est une « trahison » mais ils n’ont pas encore dit qu’ils voteraient contre. Les Britanniques sont, comme les Français, un peuple fier. Comment accepter de participer seulement aux discussions en matière de politique étrangère, défense, antiterrorisme, sans pouvoir de décision ?!
Alors quelles sont les options possibles ?
Cet accord est malgré tout le moins mauvais : il permet au Royaume-Uni de sortir sans s’écraser et de négocier une fois sorti les relations futures avec l’Union européenne. Theresa May a exclu un nouveau referendum ou de nouvelles élections. Une demande de reporter la sortie de l’UE prévue le 29 mars 2019 au soir… ou une renégociation… ne saurait se dérouler après les élections européennes, prévues le 26 mai 2019, parce que ce serait immédiatement analysé comme peu démocratique. Mais cet accord ne satisfait personne et la question est peut-être moins de savoir si le parlement britannique ratifiera l’accord, que si la Première ministre survivra ! En cas de « no deal », ou d’accord non ratifié, ce sera un « Brexit dur » le 29 mars prochain.
Ce qui est certain, c’est que le Royaume-Uni va sortir du marché intérieur l’année prochaine et ne plus être en mesure de prendre sa part dans les décisions. Les partisans du Brexit rêvaient d’un regain de grande puissance, Global Britain. Les Britanniques dans leur ensemble se retrouvent aujourd’hui confrontés à un douloureux examen de conscience.
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