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Sommet

RCF,  -  Modifié le 12 juin 2018
A l'occasion de la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-Un, Jean Pruvost radiographie pour nous le mot "sommet".
Pascal Hausherr Pascal Hausherr

En voilà un mot, sommet, qui si on le regarde est presque paradoxal dans sa formation, parce qu’avec ce diminutif, -et, et ces deux m, un étranger peut croire que ce mot désigne un petit somme ! Mais, pas question de faire un petit somme dans les sommets internationaux. Eh bien sûr ce n’est pas l’origine du mot…

Alors d'où vient le mot "sommet" ? Eh bien on ne se trompe pas en évoquant un diminutif du mot som mais avec un seul m, qui en ancien français a désigné le point le plus élevé, issu du latin classique le summum, un mot qui reste encore utilisé comme un latinisme en français. Mais le mot som, parfois avec un e, notamment en moyen français, est sorti de l’usage, et c’est sommet qui a pris le relais, le diminutif est ainsi devenu paradoxalement synonyme du point le plus haut, le sens qu’avait summum en latin. Il faut dire que le mot somme ayant aussi voulu dire aussi peu profond, en somme le point le plus élevé dans l’eau, en parlant d’une rivière, compliquait l’usage de « somme » en tant que « sommet » hors de la surface.

On retrouvait d’ailleurs ce mot « somme » en tant que lieu élevé dans l’eau avec ce qu’on appelait les « pays somme », où il y avait peu d’eau, sous-entendons peu d’eau profonde. Mais il n’y a aucun rapport avec la région de la Somme, qui elle tient son nom du fleuve au nom gaulois « samo », tranquille, la Somme étant en effet calme. En fait, dès le XVIIe siècle et même bien avant, plus aucun doute sur le mot sommet, c’est bien, dit notre premier dictionnaire monolingue, celui de Richelet, « le haut de quelque montagne  ou de quelque rocher. » Et c’est aussi nous concernant, « le haut de la tête ». L’exemple de Richelet est au reste presque drôle : « Il avait un toupet de cheveux blancs sur le sommet de la tête. » On aurait bien aimé savoir à qui pensait ici Richelet !

Et puis il y a aussi les sommets politiques, avec donc la formule « conférence au sommet », qui représente en fait un emprunt plus que probable à la formule anglaise « summit conference »,  emprunt attesté au début des années 1980. Il y a aussi « les sommets de la francophonie », conférences de chefs d’États et de gouvernements de la francophonie, institués en 1986. Quant aux adjectifs possibles, j’aime bien celui que propose Maurice De La Porte en 1571 : « sommet porte nues ». Oui, avoir la tête dans les nuages, c’est le sommet !

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