Solitude, du lieu à la personne
C’est seulement en effet la deuxième fois qu’une journée de la solitude est instaurée, c’est en effet une situation trop fréquente : il y a par exemple en France près de cinq millions et demi de personnes qui en seraient victimes. Le mot lui-même ne prête en rien à sourire et il mérite donc qu’on le radiographie.
Ce mot vient du latin classique, solitudo, désignant déjà cet état d’abandon, de vie isolée, sans protection, issu de l’adjectif solus, seul. Il est attesté en langue française en 1213, mais avec un sens particulier, la solitude définissant tout d’abord un lieu inhabité, un désert, et voici évoquées par exemple "les grandissimes solitudes et les terres déshabitée". D’où le fait de demeurer en solitude, c’est-à-dire de vivre retiré, à l’écart du monde.
Il faut attendre la fin du XIVe siècle pour que la solitude désigne l’état non plus d’un lieu mais d’une personne, qui se retire volontairement du monde,. Et c’est seulement en 1633 qu’on atteste aussi du sens moderne correspondant au fait douloureux de se sentir seul. Ainsi Furetière, dans son Dictionnaire en 1690 donne-t-il trois définitions. Tout d’abord, le "Lieu désert et inhabité, ou séparé du monde" suivi de deux exemples opposés : "Il s’est bâti un petit ermitage dans une agréable solitude" et "Les déserts de la Thébaïde [en Égypte ancienne] sont d’affreuses solitudes". Ensuite en deuxième définition vient "la séparation du commerce des hommes". Avec cet exemple presque moderne : "On peut vivre au milieu d’une grande ville, & demeurer dans la solitude". Enfin, un sens oublié, la solitude désignant un lieu d’habitude très fréquenté et soudain dépeuplé : "Il y avait aujourd’hui une grande solitude à la cour, peu de monde accompagnoit le Roy". S’y ajoute un exemple qui ne manque pas de piment : "Cette coquette se plaint de la solitude de son alcôve, que les galants désertent". Pas de chance !
Il y sur la solitude quelques citations qui me plaisent, par exemple de Guez de Balzac : "Il n’y a que Dieu qui étant riche de sa propre essence jouisse d’une solitude bienheureuse". Et puis de Madame de Genlis : "À moins d’une extrême piété, l’homme sera toujours malheureux dans une solitude absolue". Et pour finir donnons le dernier mot aux verbicrucistes : "Solitude. État sans connaissances". Avec un s. Eh bien à RCF ne laissons personne sans connaissances.
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !