Surtout que d’une certaine façon, ce sont des mots relativement récents dans notre langue.
En sachant que chaque fois qu’en matière étymologique on avance une date, elle est liée à des documents écrits et que parfois on en retrouve un plus ancien, et puis à ne pas oublier, avant l’écrit, il y a le plus souvent un usage oral du mot, qui lui est impossible à dater dès qu’on se trouve dans des périodes ayant précédé la possibilité d’enregistrer la parole. Alors, pour le mot séparatisme, on l’atteste en 1721 en tant que terme religieux, à propos d’une secte s’élevant contre l’église anglicane et on retrouve le mot « séparatiste » dans le Dictionnaire de Trévoux du début du XVIIIe siècle.
On le retrouve aussi en 1793 dans le Nouveau Dictionnaire de la langue allemande et française qui cite « le schisme des séparatiste ». Donc d’une façon certaine, le mot « séparatiste » a bien été d’abord utilisé dans le domaine religieux. En réalité, en fouillant un peu plus on s’aperçoit que c’est à l’anglais separatism, assimilé au schisme des séparatistes, qu’on doit le mot français, même si bien sûr, il vient du latin.
Le sens politique est venu après le sens religieux, et au reste dans la huitième édition du Dictionnaire de l’Académie française, en 1932, on présente le mot séparatisme comme un terme de sociologie et de politique, avec cette définition : « Tendance d’un peuple, d’un État à la séparation. » Le séparatiste devenant alors « celui, celle qui se sépare, qui cherche à se séparer d’un État et d’une confédération dont il faisait partie ». Revenons au latin : au départ, il y a le verbe parare, préparer, arranger, puis separare, désignant le fait de mettre à part. Et donc on retrouve bien là l’idée d’être mis ou de se mettre à part.
Qui lui n’est attesté qu’en 1951, construit sur le mot communauté, désignant ce qui est commun, l’Académie française évoquant bien la communauté francophone, musulmane, chinoise. Ce mot de communauté vient de l’ancien français communité, du latin communitas, ce qui forme justement une unité. Il n’y a donc en rien dans le mot communauté l’idée d’une scission. Voilà ce qu’on peut mettre étymologiquement au service de celles et ceux qui débattent en termes politiques.
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