Qu’on en juge aux proportions des articles qui lui sont consacrés : trois petites lignes en 1680, et presque 500 dans le Trésor de la langue française de 1994. Le mot « résistance » a donc accueilli force sens de siècle en siècle. Ce qui nous pousse à en rappeler l’histoire.
Il faut d’abord le rattacher bien sûr au verbe résister, qui lui est issu du latin statio, le fait d’être dans une position « stable », pour utiliser un mot de la même famille, du verbe stare, se tenir debout. De cette racine est né le verbe sistere, s’arrêter sur lequel est né « re-sistere », le préfixe ayant la valeur ici de renforcement, il s’agit en en somme « tenir bon », de rester stable. Et lorsque le verbe résister entre en langue française, vers 1240, il s’agit bien de ne pas bouger devant l’emploi de la force par une autorité, de s’y opposer et même de faire la guerre. D’où le sens du mot « Résistance » en 1940, lors de l’Appel du Général De Gaulle, le 18 juin.
Ce mot de « résistence », avec un e au Moyen Âge, va aussi avoir un bel avenir dans le fait s’opposer à une force voire de l’annuler, d’où en 1883 la « résistance électrique », et là on ne plaisante plus ! Ainsi en électricité est dit résistance le « quotient R de la tension U aux bornes d’une résistance idéale par U circuit I qui le parcourt, R = UII, ce qui constitue l’expression de la loi d’Ohm ». Bon je n’ai rien compris mais j’ai un gendre savant, il m’expliquera ! C’est évidemment plus facile de prendre conscience de la résistance de l’air, de la résistance mécanique, à la compression, à la torsion, au choc, d’où d’ailleurs une discipline consacrée à la résistance des matériaux. Il reste en biologie ce qui est appelée la résistance vitale, la capacité pour un organisme de se maintenir en vie, par exemple dans mon jardin la résistance des mauvaises herbes. De mon côté, il paraît qu’à force de porter des dictionnaires, j’ai une grande résistance en poids, trente volume sur chaque épaule le tout sur un pied. Et c’est le pied qui casse…
Mais il y a un emploi du mot « résistance » qui me réjouit : depuis la fin du XVIIIe, est né le plat de résistance, le plat principal ainsi appelé parce qu’on n’en vient pas à bout facilement. Mais croyez-moi, ce poulet à la peau dorée ne va pas me résister ! C’est un paradoxe : je n’ai aucune résistance devant les plats de résistance…
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