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Réforme des retraites : vers le compromis ?

RCF,  - Modifié le 8 janvier 2020
On assiste depuis quelques jours à une tentative de compromis pour la réforme des retraites : où en est-on ?

L’art de la négociation repose sur une évidence. Quand le rapport de force est équilibré, chaque partie doit accepter une demi-victoire et une demi-défaite. En même temps…

Dans le conflit sur la réforme des retraites, cette vérité première s’impose nettement. Le gouvernement dans la discussion engagée hier par Edouard Philippe avec les partenaires sociaux a dû lâcher du lest.

Il lui était devenu impossible de camper sur les grands principes qui guidaient son projet. Le premier ministre a dû en rabattre sur le principe de l’âge pivot et se montrer très bienveillant pour une proposition de la CFDT, visant à organiser une conférence sur le financement évoquée par Laurent Berger. Edouard Philippe a donné son accord mardi et annoncé que les partenaires sociaux se retrouveraient vendredi à Matignon pour en discuter.

Certes la CFDT, favorable aux autres aspects de la réforme et notamment la retraite par points, a aidé ainsi le gouvernement à tenter de sortir de l’impasse où il s’était engagé en décidant de courir plusieurs lièvres à la fois : celui de l’équité et celui de l’équilibre des comptes, tous dignes d’intérêt. Mais dans un contexte où l’exécutif était fragilisé.

Ces bouleversements annoncés et concomitants ont été reçus sur le terrain des fractures françaises comme une nouvelle agression frontale. 

D’autant que l’artisan principal  de ces changements avaient passé, depuis les « conclusions » du grand débat à gloser sur les « fractures françaises » : fracture territoriale, fractures sociale, fracture identitaire et culturelle. Il avait même, en une sorte d’envoi de ses vœux pour 2020, lancé un vibrant appel à l’unité de la nation.

Donnons acte au président qu’il avait parfaitement compris les enjeux, avant même de lancer la réforme des retraites… Donnons-lui acte aussi que sur le plan de la justice sociale, cette réforme prétendant supprimer tous les régimes d’exception et revalorisant les retraites les plus basses allait dans le bon sens. Mais ces changements pouvaient-ils être accueillis rationnellement dans un pays qui se relevait à peine de la crise des gilets jaunes ?
Tout le monde va devoir mettre de l’eau dans son vin

C’est la raison pour laquelle le compromis est devenu à ce point nécessaire pour éviter l’extension des soubresauts actuels par un blocage des installations pétrolières, par une grève plus dure des avocats. Alors que rien ne se calme vraiment à l’hôpital ou chez les enseignants, les policiers, les danseurs de l'Opéra, les marins, les pilotes ont déjà obtenu des concessions... Même si la grève à la SNCF a connu un affaiblissement, le trafic reste perturbé et à la RATP, le désordre est installé.  

Ce matin sur le front social, rien n’annonce une véritable accalmie.  
 
Les jours à venir vont être marqués par des mobilisations dans de nombreux secteurs et par défilés demain et samedi.

Par ailleurs, ni le gouvernement ni les syndicats n’ont gagné la bataille de l’opinion et les Français restent partagés à part égale : l’hostilité la plus manifeste portant sur l’idée d’un « âge pivot » et bien moins sur la retraite à point. C’est peut-être là - au 35ème jour de grève -  la voie du compromis vers lequel les syndicats réformistes et le gouvernement s’orientent.

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